La Chronique politique de Monoko : Mali : le Col Assimi Goita, face au difficile choix. Doit-il dissoudre son gouvernement ou le CNT ?

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Monoko Toaly
Monoko Toaly

LA CRISE EST CRÉÉE ! LE CNT DÉSAVOUE ET VOTE LA LOI SANS LA VISION DU GOUVERNEMENT.

La Transition malienne ouvre un nouveau chantier de conflit interne qui oppose le Gouvernement du Premier Ministre Choguel Kokalla MAIGA et le Conseil National de Transition (CNT). Tout est parti du projet de loi que le Gouvernement avait soumis  au CNT, dans l’espoir que sa vision aurait l’adhésion des membres de l’organe qui joue actuellement le rôle de l’Assemblée nationale du Mali.

Dans le fond, le Gouvernement misait fortement sur l’Organe unique des élections. Pour le Gouvernement, cet organe devrait avoir un caractère unique et surtout indépendant. Et que l’Administration ne pouvait être qu’un superviseur  et non l’acteur principal. Toute chose qui aiderait, selon le gouvernement, à éviter les anciennes pratiques liées aux fraudes des élections. Des fraudes et contestations ont régulièrement émaillé  les élections en République du Mali.

D’ailleurs, les élections présidentielles de 2018 et les législatives de 2019, avaient été totalement  catastrophiques, entraînant  des conséquences fâcheuses, dont les mouvements de contestations ayant abouti à la chute du régime de Feu Ibrahim Boubacar KEITA et à la dissolution de l’Assemblée Nationale. L’on note également que les régimes successifs qui ont géré le Mali, sont tous passés par la voie des fraudes et de la manipulation. Etait-ce peut-être, ce que voudrait bien corriger le Gouvernement du Premier Ministre Choguel Kokalla MAIGA ?

DEBUT DE LA DIVISION.

Le Jeudi 21 Avril 2022, le Premier Ministre Choguel Kokalla MAIGA répondait à la convocation du Président du CNT, le Colonel Malick DIAW, aux fins de l’exposition de son bilan. Le Président  du CNT avait clairement précisé que les crises et l’embargo ne pouvaient pas empêcher l’exercice de la mission gouvernementale. Le ton avait été ferme, dans un langage militaire utilisé, en s’adressant  au Premier Ministre civil. Les observateurs avertis, y avaient détecté les signes d’un désaccord masqué.

Evidemment, au cours de l’exposé du bilan du Premier Ministre, certains membres du CNT, n’avaient pas hésité de lui donner la note négative d’un travail estimé médiocre. Ils lui avaient donné la maudite moyenne de  3/10. Un orateur avait même parlé d’une moyenne du renvoi d’un élève. Toute chose qui signifie que le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, devrait démissionner logiquement  ou être purement et simplement remplacé, par un autre qui ferait mieux.

Les réactions et opinions diverses avaient nettement clarifié les tendances. A cet effet, la population de Ségou de façon générale, et les prêcheurs et détenteurs des pouvoirs occultes en particulier, s’étaient violemment pris aux membres du CNT qui n’avaient pas apprécié le bilan du Premier Ministre. L’exemple du Conseiller NOUHOUM SARR, qui avait subi le courroux  de ces derniers, par toutes les formes de malédictions.  Sur les réseaux sociaux et dans les médias classiques, journaux, radios et télévisions, la fissure avait été bien  creusée. Dans un tel climat, à quoi devrait-on s’attendre ?

Entre temps, la classe politique avait pris ses distances vis-à- vis du Gouvernement du Premier ministre Choguel MAIGA. Oui, le constat est là ! Tout le monde sait, sans hypocrisie aucune, que la classe politique a été accusée de tous les maux, dont souffre aujourd’hui le Mali. A plusieurs occasions, les Partis et mouvements politiques issus du 26 Mars 1992, ont été indexés, au point qu’ils n’auraient même plus leur place dans le « Mali KURA ». De nombreux partis politiques ont été stigmatisés et qualifiés de relais de la France.

A la faveur de ce qui précède, tout bon observateur avait sans nul doute compris que le contexte était pourri. Et pourtant, le Président de la Transition, au lendemain de la prestation de son Serment, avait mis l’accent sur l’impérieuse nécessité de réaliser l’inclusivité, avec  tous maliens, selon leurs tendances, appartenances et colorations. Et à juste titre, le Président de la Transition ASSIMI GOITA avait reçu les Partis et Mouvements Politiques. Mais sa volonté n’a été que nettement mise en œuvre au niveau du Gouvernement. La classe politique ne participe donc pas activement à la Transition. Elle n’a donc pas pris part aux Assises Nationales pour la Refondation (ANR). Certains Partis et Mouvements politiques et même au sein de la Société civile, qualifient le premier ministre de « CLIVANT. »

LA DIVISION POUR UNE RUPTURE TOTALE ?

La divergence de fond sur les visions totalement différentes, ont donné lieu à une rupture. Le CNT a carrément et totalement vidé le projet de loi électorale de tout son contenu. Surtout au niveau de l’Organe unique de gestion des élections.

Le choix des membres est désormais confié aux institutions, aux Partis Politiques et à la Société Civile. Le CNT a placé les Partis politiques au cœur de l’Organe unique.  Il est donc clair que c’est l’administration qui aura en main, dans les faits, l’organisation des élections présidentielles, législatives et autres locales.

Le Gouvernement qui avait même souhaité le report des débats, n’a pas eu de suite favorable, de la part du CNT. Et pire, il est refusé aux ministres  de prendre la parole. L’image du retrait de la parole, au ministre de la refondation, Son Excellence Ibrahim Ikassa MAIGA, a marqué tout le monde. La rupture est consommée. Les membres du CNT, à l’image de Nouhoum SARR et de Souleymane DE, n’ont pas fait de mystère sur cette rupture qui naît, de la différence des visions. Depuis le vote de cette loi électorale, chaque camp s’est lancé dans la campagne pour mieux faire entendre sa position. Les deux Conseillers du CNT cités, sont actuellement sollicités par les médias et animateurs des réseaux sociaux. Le langage et le discours sont carrément de la rupture.

Le Premier Ministre est clairement visé. D’ailleurs il lui est reproché de vouloir décider seul, de l’organisation des prochaines élections. Les Partis Politiques soutiennent  également la position du CNT. Alors que le Gouvernement avoue avoir appliqué les recommandations des Assises pour la Refondation.

QUE FAIRE FACE À L’EFFONDREMENT DU MUR DE CONFIANCE ?

Pourrait-on encore parler de la confiance entre ces deux institutions ? Le Gouvernement et le CNT peuvent-ils encore souffler dans la même trompette ? La crise est là ! Il va falloir la résoudre le plus urgemment possible. La loi est déjà votée. Le vin est tiré, il faut le boire ! La Transition est confrontée à  plusieurs chantiers de conflits. En interne, l’un des conflits, le Premier ministre et les Partis Politiques sont en désaccord. Le M5-RFP est divisé. La population est bien partagée. A l’international, la Transition s’oppose à la CEDEAO, l’Union Africaine, la France, l’Union Européenne et l’Onu.  L’embargo de la CEDEAO n’est pas encore levé. Les banques et établissements financiers ont bloqué toutes les opérations du Mali.

Dans les deux cas, la situation n’est pas favorable au Mali, même si la population et le peuple résistent  pour l’Amour de la Patrie. A cela, s’ajoutent les crimes et massacres perpétrés par les Djihadistes et terroristes. L’on dénombre  tristement plus de 132 personnes tuées le dimanche 19 Juin 2020 dans la région de Mopti.

Le président de la Transition vit  tous ces problèmes et difficultés au quotidien. La crise qui oppose les deux institutions, vient encore aggraver la situation du pays. Alors, à quelle réponse doit-on s’attendre ? Dissoudre le Gouvernement pour donner raison au CNT de l’avoir carrément désavoué ? Ou doit-il dissoudre le CNT pour prouver que l’exécutif avait raison sur sa vision ? Le choix est bien difficile. Mais il faut espérer que le Président de la Transition, Chef de l’Etat, saura convaincre toutes les parties pour travailler ensemble et réussir la Transition, dont le délai de 24 mois, est acté par les plus hautes autorités.

Monoko  Toaly,

Expert en Communication et Marketing Politique

Source : Le Pélican

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