La classe politique s’oppose à la révision constitutionnelle

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Le régime d’Ibrahim Boubacar Keita avait subi un cuisant échec dans sa tentative de réviser la Constitution de 1992. Sous la pression populaire menée par le mouvement « An Tè, A Bana », IBK avait été contraint d’abandonner son projet de révision constitutionnelle dont l’objectif majeur est de se plier aux exigences de l’accord de paix. Après cet échec, le pouvoir en place revient à la charge avec ce projet de révision qui divise toujours les Maliens. Pour preuve, le regroupement politique, Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) et le parti FARE viennent de réagir après la mise en place d’un comité d’experts chargé de préparer la révision constitutionnelle.

En effet, dans une déclaration le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) indique qu’il découvre avec étonnement la publication de deux décrets du Premier ministre portant respectivement création d’un comité d’expert chargé de réviser la constitution et nomination des experts composant ledit comité.

Le FSD poursuit : « En créant, ce comité et en nommant ses membres sans concertation prenable, le Premier ministre est dans la politique du fait accompli et met la charrue avant les bœufs.

Le FSD condamne cette attitude unilatérale au moment où  le pays tout entier attend l’ouverture d’un dialogue politique pour résoudre les graves crises auxquelles le Mali est confronté.

Au lendemain de l’élection présidentielle frauduleuse de 2018, nul ne ne peut contester la nécessité de réformes politiques et institutionnelles.

Sans  dialogue politique sérieux, il n’y pas de réformes consensuelles On sans réformes audacieuses, la République et la démocratie sont en danger.

Le régime doit cesser la fuite en avant et  agir en fonction des impératifs qu’exige la situation du pays.

Par ailleurs, dans l’esprit et la lettre de la loi fondamentale de 1992.  L’incitative de toute révision constitutionnelle appartient au président de la République et à l’assemblée Nationale. Des  lors, il est inapproprié que le comité chargé de la révision de la constitution soit créé par le Premier ministre et rattaché à ses services.

Pour prétendre  réviser la constitution, il faut commencer par respecter ».

Pour sa part, le parti FARE, dans une déclaration a affiché sa position. Le parti de l’ancien premier ministre Modibo Sidibé déclare : « le 14 janvier 2019 le Premier ministre a pris 2 décrets l’un portant sur la création du Comité d’experts pour la réforme constitutionnelle et le second, portant sur la nomination des membres dudit comité. Une telle démarche qui lui a été déconseillée lors de la visite de travail qu’il a bien voulu nous rendre, appelle de notre part les observations et commentaires ci-après.

Le décret 0015 précise la prise en compte dans le projet de révision de la constitution, les clauses de l’Accord pour la Paix et de la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger qui « …relèvent de la matière constitutionnelle », tout comme le décret de 2016 qui retenait « les dispositions dudit Accord « …ayant valeurs constitutionnelles… ». La question est que nous n’avons jamais entendu aucune autorité gouvernementale expliquer aux maliens, quelles sont les clauses de l’accord qui auraient « valeurs constitutionnelles » ou relèveraient de la” matière constitutionnelle”.

Il est clair que la démarche est fondamentalement politique et que c’est une vision politique qui doit d’abord et avant tout porter cette réforme, nonobstant la grande qualité des experts retenus.

Il n’a échappé à personne que la grave crise que le pays connaît depuis quelques années, exige de grandes réformes politiques, institutionnelles, économiques, culturelles…

C’est pourquoi le parti FARE s’est inscrit dans une logique plus vaste de Refondation institutionnelle par un véritable dialogue national. Ainsi, Il a été souligné récemment par notre parti, dans une Tribune relative à la visite du Premier ministre que ‟Les réformes politiques et institutionnelles envisagées par le gouvernement, le processus électoral et le découpage administratif du pays, tout comme les autres sujets majeurs de la vie de la Nation, doivent faire l’objet d’une large concertation de l’ensemble des citoyens maliens, résidant au pays et de la Diaspora, pour élaborer un processus de sortie de crise crédible et construire une vision consensuelle du Mali de nos espoirs et de nos rêves.”

Ayons la clairvoyante conscience que les replâtrages et les faux-fuyants auront vite atteint leurs limites objectives, sans avoir rien apporté à la résolution du mal. En revanche, le processus qui conduira le Mali à une véritable sortie de crise structurelle, durable et refondatrice ne pourra faire l’économie d’une prise en compte déterminée et d’un traitement de fond de l’ensemble des causalités ayant engendré la crise.

Il est temps maintenant, face aux multiples périls qu’il y a en la demeure malienne, que notre peuple puisse se réunir pour parler, de la base au sommet, afin de revisiter nos institutions et nos pratiques démocratiques et proposer des réponses endogènes aux maux dont souffre le pays.
Il est temps d’envisager ensemble, dans la sérénité et dans le respect des principes républicains, une nouvelle légitimation de l’État qui s’inscrirait dans le cadre d’une vision partagée du Mali de demain.

Osons enfin porter un véritable renouveau démocratique, une véritable refondation que mérite le pays, en trouvant en nous-mêmes l‘imagination et le courage d’apporter aux épreuves et défis nos propres réponses. Osons inventer les pratiques politiques, administratives et démocratiques que nous serons en mesure de reconnaître spontanément comme nôtres ; les institutions sur lesquelles chaque Malien doit pouvoir compter pour défendre ses valeurs, ses droits et faire prendre au pays les bonnes directions. Institutions qui doivent enfin inspirer à chacun l’envie de les servir, de les respecter et de les défendre.

Replaçons donc le Peuple au cœur de ce processus. Revenons aux citoyens du Mali. Redonnons aux maliens et maliennes cette chance historique de se parler, de faire le point et de dire ce qu’ils veulent construire ensemble pour leur pays en tant que Nation ».

Source: L’Aube

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