La croissance de l’Afrique subsaharienne sera plus lente que prévu : D’où le besoin de diversifier les investissements pour créer des emplois et améliorer le rendement des entreprises et des travailleurs

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Selon Africa’s Pulse, un rapport semestriel de la Banque mondiale qui analyse la conjoncture économique africaine, les économies d’Afrique subsaharienne continuent de se redresser. Mais à un rythme plus lent que prévu. Cela après avoir marqué le pas en 2015-2016. La dernière a été lancé ce mercredi 3 octobre 2018. En 2018, la région devrait afficher un taux de croissance moyen de l’ordre 2,7 %, soit une légère augmentation par rapport aux 2,3 % enregistrés en 2017.

«Pour accélérer et soutenir une dynamique de croissance inclusive, les responsables politiques doivent continuer de donner la priorité aux investissements. Qui privilégient le capital humain, limitent les risques de mauvaise allocation des ressources de l’État et stimulent la productivité ». Explique Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique. « Ils doivent par ailleurs se donner les moyens de gérer les nouveaux risques. Découlant de la modification de la composition des flux de capitaux et de la dette. »

Ce ralentissement tient en partie à une conjoncture internationale moins favorable pour la région. Les échanges mondiaux et l’activité industrielle s’essoufflent. Ils sont marqués par la chute des cours des métaux et des produits agricoles. Cela en raison des inquiétudes liées aux tarifs douaniers et à une demande plus incertaine. Certes les prix du pétrole devraient augmenter en 2019. Mais ceux des métaux pourraient rester modérés. Cela du fait de la baisse de la demande, notamment en Chine.

Inquiétudes sur les dettes

Les pressions exercées sur les marchés des capitaux se sont accentuées dans les économies émergentes. Et, les inquiétudes concernant les dettes libellées en dollars se multiplient. Marquées avec la hausse de la valeur de la devise américaine.

Le ralentissement de la reprise en Afrique subsaharienne s’explique par la modeste performance des trois plus grandes économies de la région. En effet, la baisse de la production pétrolière en Angola et au Nigéria a neutralisé la hausse des prix du pétrole en Afrique du Sud. La faible croissance de la consommation des ménages a été exacerbée par la contraction de l’activité agricole. La croissance dans le reste de la région a été stable.

Plusieurs pays d’Afrique centrale, exportateurs de pétrole, ont bénéficié de la hausse des prix du pétrole et de l’augmentation de la production pétrolière. L’activité économique est restée solide dans les pays à forte croissance. Et peu dotés en ressources naturelles, tels que la Côte d’Ivoire, le Kenya et le Rwanda. Cette croissance est soutenue par la production agricole et les services, du côté de la production, et par la consommation des ménages et l’investissement public, du côté de la demande.

La dette publique est restée à un niveau élevé et continue d’augmenter dans certains pays

La viabilité de cette dette publique risque d’être compromise par l’affaiblissement des monnaies. Et la hausse des taux d’intérêt associée à la modification de la composition de la dette. Le rapport met également en garde contre les risques de dérapages budgétaires, de conflits et de chocs climatiques. Il y a donc tout lieu de mettre en œuvre des politiques et des réformes susceptibles de renforcer la résilience des pays et de doper la croissance potentielle à moyen terme.

Enfin, ce numéro d’Africa’s Pulse consacre un dossier spécial sur la baisse de la productivité du travail en Afrique subsaharienne.  Et les moyens d’y remédier. « Les réformes devraient notamment englober des politiques qui encouragent les investissements dans des secteurs autres que celui des ressources, créent des emplois et améliorent le rendement des entreprises et des travailleurs », explique Cesar Calderon, économiste principal et auteur principal du rapport.

Dieudonné Tembely

Source : Banque mondiale

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