La démocratie malienne se porte mal, 31 ans après son avènement : La transition d’Assimi peut-elle la remettre sur ses bons pieds ?

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Le Premier ministre malien, Malian Prime Minister Choguel Kokalla Maïga (G), en compagnie du président de transition, Assimi Goita (D), à Kati au Mali, le 20 janvier 2022
Le Premier ministre malien, Malian Prime Minister Choguel Kokalla Maïga (G), en compagnie du président de transition, Assimi Goita (D), à Kati au Mali, le 20 janvier 2022

Acquise de hautes luttes et au prix d’énormes sacrifices, la démocratie malienne, 31 ans après son avènement, n’a toujours pas produit les résultats auxquels s’attendaient le peuple malien. Trois fois mise entre parenthèses à cause des coups d’Etat, la démocratie malienne a donné naissance à une élite très embourgeoisée nageant dans l’opulence et une écrasante majorité en dessous du seuil de pauvreté. Les élections qui sont l’un des baromètres de la démocratie n’ont jamais permis au peuple d’élire les dirigeants honnêtes et travailleurs. Elles ont surtout été caractérisées par la fraude, l’achat de conscience et la falsification des résultats. Le dernier coup d’Etat, celui du Colonel Assimi Goïta est d’ailleurs la conséquence des élections mal faites combinées à une crise multidimensionnelle et une corruption à ciel ouvert. Les autorités actuelles ont-elles pris bonnes notes des tares de notre démocratie ? Que faut-il réellement faire pour la mettre sur ses bons pieds ?

IL ne serait objectivement pas correct de ne pas reconnaitre que la démocratie en tant que mode de gestion n’est pas à remettre à cause. Il serait tout à fait malhonnête intellectuellement de ne pas admettre qu’il y a eu beaucoup d’actes positifs à mettre au compte de la gestion des gouvernants sous l’ère démocratique. En dépit de ces quelques prouesses, le tableau est noir à plus de ¾. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons assisté à trois coups d’Etat, celui du capitaine Amadou Haya Sanogo et le double coup d’Etat du colonel Assimi Goïta. Ces coups d’Etat s’ils sont les conséquences de la mauvaise gouvernance n’ont pas pour le moment permis de sortir, comme au Ghana, de ce cercle vicieux. Pour que ce troisième coup d’Etat soit le dernier il revient au Président de la transition de prendre le leadership et de rassembler les maliens autour des réformes idoines afin de remettre la démocratie malienne sur ses bons pieds. Pour ce faire trois propositions sied bien. La première et surtout la plus importante est sans nul doute le rassemblement de toutes les forces vives de la nation afin de dégager un large consensus autour des réformes. Qu’il soit persuadé que sans consensus aucune réforme, nécessaire soit elle, ne pourrait aboutir car l’on trouvera toujours une petite virgule qui manque au rapport pour le combattre.

La deuxième proposition serait l’assainissement de l’administration par une lutte implacable contre la corruption et la délinquance financière. Le combat contre ce fléau qu’est la corruption ne saurait être gagné sans un large soutien du peuple d’où le rassemblement de tous les maliens. Assimi Goïta, comme John Jerry Rawlings, l’ancien président ghanéen ? l’une des clés de la réussite de la transition passe nécessairement par la lutte contre la corruption. Le Colonel Assimi Goïta doit s’inspirer de l’exemple ghanéen tant en matière des réformes constitutionnelles et institutionnelles qu’en matière de bonne gouvernance. Ensuite travailler à mettre en place les outils et mécanismes indispensables pour l’atteinte des objectifs, qui sont ceux des réformes pour un Mali Kura véritable. Le Mali regorge d’éminentes personnalités à la fois compétentes et intègres. Donc il revient au Colonel de pouvoir dénicher toutes les ressources humaines de qualité pour les mettre au travail pour le Mali. Pour atteindre les objectifs il faut nécessairement un changement de paradigme et un renouvellement de la classe politique, ce qui nécessitera la mise à la retraite de la vielle garde, car on ne peut pas faire du nouveau avec du vieux

La troisième proposition consisterait à réunir toutes les conditions pour la tenue d’élections transparentes, inclusives dont la proclamation des résultats donnera lieu à des congratulations, des félicitations et d’encouragement entre vainqueurs et vaincus. Pour ce faire la lutte contre l’insécurité doit être l’une des priorités avant la tenue des scrutins. Après la sécurité il faudrait s’atteler à réunir tous les cadres juridiques et règlementaires pour que les élections puissent se tenir dans des bonnes conditions. Cela passe par des réformes institutionnelles et constitutionnelles, qui demeurent aujourd’hui indispensables pour mettre sur les rails la démocratie chancelante du Mali.

En somme, le peuple attend du Colonel Assimi Goïta ce que le Ghana a hérité de John Jerry Rawlings, à savoir un pays clean du point de vue institutionnel et débout sur le plan démocratique et enfin un pays mis au travail pour être compté parmi les nations africaines les plus en vue aujourd’hui. Donc vivement la levée des sanctions de la CEDEAO pour que commence véritablement le travail pour mettre la démocratie et le développement dans le même panier au grand bonheur du peuple malien

Youssouf Sissoko

Source : L’Alternance

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