La Démocratie post-Transition : À mort les partis politiques, vive la démocratie !

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Assimi Goita, le président de la transition
Assimi Goita, le président de la transition

La Transition a mis la barre haute et les maliens en ont pris la mesure.  Désormais, on ne veut plus de fossoyeurs ou de politiciens  véreux.  Nos fonctions électives seront désormais confiées à des patriotes à la moralité  exemplaire. Désormais, le maître mot est la redevabilité. On en voit une illustration à travers la nouvelle obligation faite aux ministres de venir défendre leur bilan à la télévision. C’est paradoxal mais heureux que ce soit un régime militaire qui donne l’exemple d’une gestion transparente et démocratique ! Nous en prenons bonne note et saluons, au passage, l’initiative.

Nous voulons démocratiser le pays en renouvelant et en rehaussant la qualité des femmes et des hommes qui auront la charge d’assurer le bonheur d’une nation meurtrie jusque dans sa chair. Une élite capable de bonne gouvernance et de redonner à ce pays sa grandeur. La lutte contre la décrépitude de la morale républicaine a donc déjà commencé. Elle sera poursuivie, on l’espère, au moyen d’un lessivage complet de la scène politique.

Le multipartisme ou le pluralisme est, sans doute, un gage de bonne démocratie. Mais nous sommes conscients que désormais les partis politiques ne peuvent plus subsister dans  leurs configurations actuelles. Ces sociétés commerciales, fondées, le plus souvent, par les fossoyeurs de la démocratie et de l’État de droit, doivent disparaître pour faire place à des structures politiques dignes de représenter le peuple malien.

Ceux qui se sont indûment gavés avec les biens publics, déjà en cavale ou cherchant à se soustraire à la justice, pourront prendre la mesure du changement annoncé. Le pôle économique est à pieds d’œuvres et les  18 ou 20 prochains mois, négociés avec la CEDEAO, serviront à  renforcer, espérons-le, ce mouvement de libération et d’épuration lancé depuis peu.

Le malien soutien ces initiatives,  pourvu que le droit et le cheminement vers la régularité constitutionnelle demeure des priorités absolues. Il est en effet possible et souhaitable de nettoyer au karsher  les détritus d’un mouvement « soi-disant  démocratique », une mafia qui ne dit pas son nom. Les traquer jusque dans leurs retranchements, c’est désormais l’ambition affichée par les nouvelles autorités. Les procès en révision, l’instruction d’autres dossiers de malversations, sous réserve du respect scrupuleux des droits de la défense, sont des perspectives qui nous enchantent.

Mais il faudra, en outre, que la jeunesse prenne le soin : -d’écarter  de l’espace démocratique tous ces anciens, qui ont été artisans de la mauvaise gouvernance ou qui, de par  leur silence, se sont rendus coupables de l’ébranlement du pays. Ils sont tapis dans l’ombre et ne manquent pas de saisir les occasions pour affirmer publiquement leur soutien à la Transition, espérant ainsi faire oublier leurs parcours ; -d’écarter de la tête de nos plus Hautes Institutions cette aristocratie de voyous coupables du dépeçage du patrimoine commun. Nous savons bien que les fortunes illégalement et honteusement amassées serviront à financer la relève qui voudrait se distinguer par son discours mais dont on n’ignore guère la source des moyens employés pour duper le peuple ; -de promouvoir le mérite et la transparence dans les procédures de prise de décision  afin d’éviter des scandales honteux (scandales logements sociaux et CANAM).

La jeunesse  malienne, majoritairement embourbée dans des querelles de personnes, devra faire preuve de plus de maturité.  Elle devra désormais se positionner en tant qu’acteur incontournable de la démocratie et non comme des Videomen à la solde de telle ou telle célébrité. Son projet de société ne doit plus être influencé par des considérations d’ordre ethnique ou partisan. Les partis politiques, tombés en disgrâce depuis peu, ne devraient plus avoir de l’écho au sein de cette nouvelle jeunesse,  en partie, consciente des enjeux.

Cette jeunesse, majoritairement en proie à la divagation et plus soucieuse d’un semblant de confort et de notoriété illusoire, devra s’illustrer comme une force de réflexion et de construction citoyenne. Son attitude, face à l’adversité dans un monde de plus en plus globalisant et agressif, déterminera son avenir. Elle devra sortir de ses fausses illusions,  car les États sont liés par les intérêts. Il lui faut apprendre que le Mali n’a ni ami ni ennemi. Le Mali n’a que des intérêts à sauvegarder.

De même le malien lambda devra tirer des leçons  de l’histoire, et assumer le choix de gouvernance fait ainsi que le sacrifice que cela exige. Il n’aura guère d’autre choix que d’accepter le principe du déterminisme, donc le respect des lois et l’engagement patriotique sont les seules causes qui produiront des effets positifs sur ce pays. Et parce que le Mali n’est donc victime que du complot fomenté par ses propres fils, c’est aux autres maliens de colmater les menées  subversives. Les discours, populistes et accusateurs ne font que desservir le pays. On en oublie les vraies causes de nos malheurs : l’incivisme à outrance, la banalisation du vol, l’institution des pratiques de corruption à ciel ouvert, le détournement de nos recettes douanières, fiscales et des ressources naturelles…..

Dr DOUGOUNÉ Moussa

Source : Le Pélican

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