La France a suspendu à titre conservatoire les opérations militaires conjointes avec les forces maliennes, a-t-on appris jeudi auprès du ministèrefrançais des Armées, précisant que cette décision était liée à la transition politique en cours au Mali et qu’elle serait réévaluée dans les prochains jours.
Les militaires doivent « retourner dans leurs casernes . » L’expression avait déjà été utilisée après le premier coup d’État de la junte conduite par le colonel Assimi Goïta, en août dernier. Elle tranche avec le ton employé au Tchad où ce sont 15 généraux qui ont pris les commandes de l’État après la mort d’Idriss Déby, sans que le pays soit suspendu par l’Union africaine.
Au Mali, l’organisation continentale exige un retour à une transition démocratique « sans entrave, transparente et rapide » et menace d’ imposer des sanctions ciblées et d’autres mesures punitives . » Le ton est fermé, mais cette suspension automatique en cas de coup d’État ne pénalise pas vraiment les nouveaux dirigeants du Mali. Tout comme la Cédéao deux jours avant elle , l’Union africaine affiche son mécontentement, mais repousse l’option de sanctions plus concrètes. Surtout, elle accepte que le colonel Assimi Goïta conserve son nouveau fauteuil de président et qu’il remette lui-même le pays sur les rails de la transition.
Dans l’attente du nouveau Premier ministre
Dans la foulée de cette annonce, la Mission des Nations unies au Mali a rappelé son engagement à travailler avec la Cédéao et l’Union africaine « en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel », mais aussi l’importance de respecter « le délai de 18 mois convenu avec la Cédéao » avant l’organisation des élections législatives et présidentielles. La Minusma a également exigé que les personnes toujours assignées à résidence, l’ancien président et l’ancien Premier ministre, ou retenues dans le camp militaire de Kati, soient libérées.
En attendant, le Mali est toujours sans Premier ministre, une semaine après que Moctar Ouane et l’ancien président Bah N’Daw ont été déposés par la junte militaire conduite par le colonel Assimi Goïta, qui s’est, depuis, auto-proclamé président de la transition malienne. Il a promis le poste de nouveau Premier ministre au mouvement M5, qui a désigné son poulain, Choguel Maïga. L’officialisation de cette nomination se fait toujours attendre.
« Des exigences et des lignes rouges ont été posées » par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et l’Union africaine pour « clarifier le cadre de la transition politique au Mali », a dit le ministère. « Il revient aux autorités maliennes d’y répondre rapidement ».
« Dans l’attente de ces garanties, la France (…) a décidé de suspendre, à titre conservatoire et temporaire, les opérations militaires conjointes avec les forces maliennes ainsi que les missions nationales de conseil à leur profit » », a-t-il ajouté. « Ces décisions seront réévaluées dans les jours à venir au regard des réponses qui seront fournies par les autorités maliennes ».
Cette annonce intervient après qu’Emmanuel Macron a déclaré dans un entretien au Journal du Dimanche que la question d’un retrait de l’armée française au Mali se posait après le nouveau putsch militaire survenu à Bamako en mai.
Le chef de l’Etat a souligné par ailleurs en début de semaine que l’armée française ne pouvait combattre à elle seule le terrorisme au Sahel et que sa présence sur le terrain nécessitait le renforcement d’institutions stables et légitimes.
Le président et le Premier ministre intérimaires du Mali ont démissionné la semaine dernière, deux jours après leur arrestation par l’armée malienne successive à un remaniement ministériel, amplifiant la crise politique dans le pays.
(avec dépêche)
Source : RFI