Si porter une grossesse peut être une heureuse nouvelle pour le couple, celle-ci peut devenir aussi source de tristesse ou d’angoisse lorsqu’on informe la femme que sa grossesse n’est pas au bon endroit et par conséquent ne pourra pas évoluer jusqu’à terme.
C’est encore plus difficile lorsque la femme arrive dans un tableau de choc hémorragique au CHU et qu’il faut impérativement aller au bloc opératoire pour sauver la vie de la mère.
Une grossesse extra-utérine est une épreuve difficile à vivre et les conséquences qui l’accompagnent peuvent être graves pour la suite de la maternité.
La grossesse extra-utérine ou grossesse ectopique, ça vaut la peine qu’on en parle car de plus en plus nous rencontrons des cas dans nos formations sanitaires. Vivre une grossesse en bonne santé et prendre son bébé dans ses bras 9 mois après est le souhait de chaque femme. Si les choses ne se passent pas comme prévu, c’est difficile pour le couple et sa peine se comprend.
En principe, un ovule est fécondé dans la trompe et va s’implanter ensuite dans l’utérus, mais il peut y arriver qu’il y ait un problème au niveau de la trompe, qui peut être rétrécie ou endommagée. En ce moment, l’ovule fécondé ne peut pas atteindre l’utérus. Problème ! Il s’implante alors dans les tissus à l’extérieur de l’utérus, d’où l’appellation grossesse extra-utérine.
Après la fécondation dans la trompe au niveau de l’ampoule tubaire, l’embryon formé a un délai de 6 jours pour parvenir dans la cavité utérine et s’y implante au 7ème jour. Passé ce délai, l’embryon reste en cours de chemin et c’est ainsi que la grossesse extra-utérine se forme.
La grossesse peut se fixer sur l’une des trompes, on parle de grossesse tubaire, tout comme elle peut se fixer à d’autres endroits comme dans l’ovaire, dans l’abdomen, sur le col de l’utérus etc.
Une grossesse dans laquelle l’ovule fécondé s’implante en dehors de l’utérus, ne peut qu’être problématique, parce que l’ovule fécondé survit difficilement en dehors de l’utérus. En se développant, il peut endommager les organes de proximité et entraîner une hémorragie potentiellement mortelle.
De mon expérience professionnelle de 27 ans, j’ai rencontré un seul cas de grossesse extra-utérine en position abdominale qui a évolué contre toute attente jusqu’à terme et l’intervention chirurgicale a ramené un fœtus vivant de 3 kilos.
Les causes de la grossesse extra-utérine sont nombreuses avec beaucoup de facteurs de risque : le tabac, que la femme soit fumeuse active ou passive, une affection des trompes, des antécédents de maladie pelvienne, antécédents de procédure chirurgicale, IST, avortement provoqué clandestin, une ligature des trompes, un âge plus avancé de la future mère, l’endométriose.
Parmi les grossesses qui surviennent, environ 5% sont extra-utérines. Les manifestations spécifiques d’une grossesse extra-utérine non rompue sont entre autres : aménorrhée c’est-à-dire un retard de règles -seins douloureux- douleurs au bas ventre – saignements vaginaux anormaux noirâtres comme du marc de café – douleurs au bas du dos – douleurs ou crampes légères dans l’abdomen -des vertiges- nausées.
Le constat d’une grossesse extra-utérine se fait toujours au premier trimestre en général, dans les premières semaines de la grossesse. Le diagnostic d’une grossesse extra-utérine se confirme par l’échographie pelvienne ou par cœlioscopie.
L’évolution de la grossesse extra-utérine représente un risque majeur pour les deux vies, la mère et le fœtus. Lorsque ce type de grossesse est détecté plus tôt, l’intervention chirurgicale peut être évitée et un traitement médical instauré. En cas de rupture cataclysmique de la grossesse extra-utérine, la femme a des douleurs abdominales aiguës et des saignements.
Une grossesse extra-utérine doit être arrêtée le plus vite possible pour éviter des ”dégâts”. Le traitement peut être médicamenteux ou par voie chirurgicale.
Conseils
Après une grossesse extra-utérine, la femme peut retomber enceinte, mais avant, elle doit connaître les causes de sa survenue pour traiter. Certains facteurs de risques peuvent être évités, surtout pour les jeunes filles en se protégeant lors des rapports sexuels pour éviter les IST afin de diminuer le risque de grossesse extra-utérine ou ectopique.
Pr. Charlemagne Ouédraogo
Gynécologue-Obstétricien
Source: Le Wagadu