La lutte contre la corruption et la délinquance financière a du plomb dans l’aile au Mali : La justice, l’autre nœud gordien de la démocratie

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Après le coup d’Etat du 18 Août 2020, mené de mains de maitre par le Colonel Assimi Goïta et ses frères d’armes, nombreux étaient les maliens à avoir fondé de l’espoir pour un Mali Koura qui sera en rupture totale avec l’ancien. Pour rappel le Mali d’avant 18 Août 2020 était devenu la risée de ses voisins et du monde et avait comme caractéristiques principales la corruption, la délinquance financière, le népotisme, la gabegie, le clientélisme, la culture de la médiocrité et la promotion de l’impunité sous toutes ses formes. L’une des causes de la propension de ces tares est sans nul doute la corruption de la justice et sa très mauvaise distribution. Le Colonel Assimi Goïta qui a prêté serment de respecter et de faire respecter la Constitution et toutes les lois y afférentes va-t-il s’accommoder de certaines pratiques aux antipodes de l’éthique et de la morale ? Quid de sa promesse de lutte implacable contre la corruption et la délinquance financière ? Pourquoi ce coup d’arrêt dans la poursuite des présumés coupables de détournements de deniers publics ? La justice est-elle un Etat dans un Etat au point de faire ce qu’elle veut ?

S’il est vrai que la justice est rendue au nom du peuple, toutes décisions que les juges prennent doivent non seulement être marquées du sceau de la transparence, mais aussi et surtout   préserver les intérêts matériels et moraux de ce même peuple. Malheureusement le constat est tout autre, au point que l’opinion pense à tort ou à raison que l’injustice, la corruption, la mauvaise gouvernance et la mauvaise distribution de la justice sont à la base de tous les maux qui rongent notre pays. En effet, le non-lieu prononcé comme verdict dans l’affaire dite Bakary Togola et onze autres coaccusés, a fini par donner raison aux plus sceptiques qui ont toujours douté de la fiabilité et de la crédibilité des décisions de notre justice.

Pour rappel il est reproché à l’ancien Président de l’APCAM des faits d’atteinte aux biens publics par détournement et autres malversations financières portant sur une somme totale de 9.462.152.071 F CFA. Comment pour des faits gravissimes d’atteinte aux biens publics de détournement, de faux et usage de faux, la justice ne trouvera rien d’autre à dire que les présumés coupables ne sont responsables de rien et par conséquent ils doivent être acquittés. En d’autres termes c’est un non-lieu qui a été prononcé en faveur de Bakary Togola et ses 11 coaccusés. Ce verdict qui avait fait l’effet d’une bombe au sein de l’opinion, a fini par convaincre plus d’un malien que la justice est véritablement le nœud gordien de la démocratie et de l’Etat de Droit au Mali. Cette décision discrédite non seulement le corps responsable de cette aberration, à savoir la Cour d’Assises spéciale mises en place pour la circonstance, mais aussi et surtout toute l’institution judiciaire, en qui le peuple devrait fonder de l’espoir.

Le Ministre de la justice garde des Sceaux, mesurant les conséquences d’une telle décision sur la crédibilité du gouvernement et de toute la transition, a pris ses responsabilités en demandant au parquet d’introduire un pourvoi en cassation et surtout l’ouverture d’une enquête pour non seulement savoir le pourquoi d’une telle décision, mais aussi pour que le droit, rien que le droit soit dit dans cette affaire.

En Définitive, le Mali Koura tant prôné par les hautes autorités et tant souhaité par le peuple ne se réalisera jamais sans une justice consciente et surtout débarrassée des brebis galeuses qui, non seulement jettent l’anathème sur elle, mais aussi la tirent vers le bas en termes de crédibilité, d’éthique et de confiance. La décision d’acquittement de Bakary Togola, comme tant d’autres, sont la preuve que l’institution judiciaire doit être réformée pour qu’elle soit au service exclusif du peuple.

Youssouf Sissoko

Source : L’ALTERNANCE

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