La mécanique de la transition toujours enraillée : A quand le réel décollage ?

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CNSP
Le colonel Assimi Goïta (au centre), le 22 août 2020 lors d’une réunion avec les officiers militaires maliens et une représentation de la Cedeao, peu après le coup d’Etat du 18 août à Bamako. ANNIE RISEMBERG / AFP

Le retour à la normale pour les institutions de la République n’est pas pour demain, à en constater l’incompréhension générale née à la suite de la chute d’IBK. Objet de la guéguerre en cours, le pouvoir semble-t-il. Car la junte militaire regroupée au sein du CNSP entend bien garder les rênes du pouvoir alors qu’une frange importante de la classe politique, surtout le M5 RFP, s’attendait à ce qu’elle joue un plus grand rôle dans la gestion de la transition qui s’annonce. Mais au-delà, c’est la paternité même du départ d’IBK qui est en jeu avec en ligne de mire la légitimité pour chaque partie d’organiser la transition comme elle l’entend.

Guerre de tranchée ou réelle volonté de bien faire la chose politique, il n’est pas aisé de qualifier la démarche des militaires putschistes toujours présents dans le jeu malgré l’investiture d’un président de Transition, et celle des politiques du M5 RFP, mobilisés durant de longues semaines pour le départ du chef d’Etat jadis en place. Ces derniers crient fort deux choses : d’abord, du fait de leur vocation politique, ils ne peuvent rester en marge de l’exercice politique en cours notamment dans la mise en place prochaine du Conseil National de Transition, et surtout que c’est grâce à leur brave mobilisation que les militaires putschistes auraient pu parachever le travail. Le tollé semble donc énorme au sein de la classe politique, majorité et opposition confondue, car la peau de la junte semble plus dure que prévue ; et qu’elle n’entend pas céder si vite le pouvoir pour lequel elle aura pris tant de risques.

Il semblerait que la junte a son propre agenda. Donc, pour le réaliser, elle ne peut justement remettre le pouvoir aux politiques aussi tôt. Elle entendrait bien être présente dans le jeu au cours des dix-huit mois à venir n’en déplaise aux membres du M5 RFP, auprès desquels elle s’est affichée au boulevard de l’indépendance dans un passé récent. En ce moment, nombre de Maliens crurent que CNSP et M5 RFP marcheront main dans la main. La suite sera toute autre. Au sein du CNT, la junte se taille la part du lion. C’est le cas aussi dans le gouvernement de transition puisqu’elle aurait elle seule procéder au casting.

Pourquoi donc une telle défiance de la bande à Assimi Goita envers la classe politique ? Une certaine lecture argue que la junte comme beaucoup de Maliens n’ont plus confiance en la classe politique. Les têtes de proue des différents regroupements politiques ont quasi toutes, de près ou de loin, participer aux gouvernements successifs des dernières années, que ce soit sous les présidents IBK, ATT ou même AOK. Donc, elles ne seraient plus dignes de confiance, et tout le bruit qu’elle émet est dans un seul but inavoué : celui de se repositionner en vue des prochaines échéances électorales.

Dans tous les cas, tous les Maliens font un vœu pieux, celui que le plus tôt possible, la Transition commence effectivement afin de mettre fin à l’incertitude institutionnelle en cours, et surtout à la conjoncture économique qui s’abat sur le pays comme une géante Chappe de plomb.

Ahmed M. Thiam

Source : Inf@sept

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