La nation dans le jardin du diable : L’imam Dicko est-il donc le sauveur ?

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Mahmoud Dicko
Mahmoud Dicko

N’a-t-on pas l’habitude d’entendre que ce sont les évènements qui font les grands hommes. Si cela est vrai, l’Imam Dicko en est un, depuis l’avènement de la démocratie. Il a été l’un des acteurs du mouvement démocratique, en tant que délégué de l’Association Musulman pour l’Unité et le Progrès de l’Islam (AMUPI). Depuis 1991, l’Imam Dicko s’est engagé en faveur de  la paix au Mali et ailleurs. La venue d’IBK à la tête de l’État malien en 2013 est  une des œuvres de l’Imam. Il a espéré qu’avec cet homme, la crise malienne allait avoir une solution. Mais les débuts de l’exercice du mandat ont été un tâtonnement et une volonté de s’enrichir sur le dos du Malien.

Toutes ces affaires allant de l’achat surfacturé de l’avion présidentiel en passant par la surfacturation des équipements militaires, l’achat surfacturé des hélicoptères en état épave, et enfin celui des blindés en carton tout récemment ont fini de nous faire comprendre que l’ex-champion de l’Imam n’était pas venu pour sauver le Mali et les Maliens, mais il est venu pour enrichir ‘’Ma famille d’abord’’.

La paix précaire retrouvée à travers l’accord de Ouaga de juin 2013, a été rejetée, au motif, qu’il ne peut s’asseoir à la même table de négociation que les rebelles. Et encore aujourd’hui, nous nous demandons, qui a donné l’ordre aux FAMA d’attaquer le 21 mai 2014, la ville de Kidal ?

De 2014 à 2020, il n’y a eu aucun homme politique ou militaire qui ait accepté d’endosser la responsabilité.  Comment cela est-il possible dans une République sérieuse. Ni l’Assemblée Nationale, ni la société civile, ni l’opposition n’ont demandé de compte au premier responsable des armées maliennes.

L’insécurité est allée du nord du Mali, vers le centre et l’ouest du pays, sans qu’il ait eu une solution adéquate pour arrêter cette hémorragie. Il ne peut y avoir de solution, tant que les fonds destinés à l’équipement des FAMA sont orientés vers  des destinations personnelles. Qui a été parmi les premiers à dénoncer  de ces forfaitures ?

C’est bien l’Imam Dicko qui a levé le verrou de l’interdiction des marches sans autorisation. Lui et  le Cherif de Nioro ont été les premiers à rétablir ce critère non moins important de la démocratie. C’est pourquoi il faut leur rendre la gloire qu’ils méritent.

Également lors de la marche du 5 avril 2020, l’Imam a tenu un langage de vérité à la France et aux Nations-Unies par rapport au résultat auquel le peuple s’attendait. Là où les hommes et les partis politiques ont abdiqué, l’Imam a été le seul à critiquer ouvertement la gouvernance d’IBK à travers une forte démonstration de force du peuple malien. Il nous a fait savoir que, quel que soit le dispositif mis en place, il ne peut arrêter un peuple déchainé contre l’injustice, le clientélisme, la corruption, la gabegie. Nous nous sommes posé la question de savoir pourquoi, là où les marcheurs politiques ont échoué, ce sont les marcheurs religieux qui ont triomphé ? Cette question mérite d’être posée, car il faut rendre à César, la gloire qu’il mérite. S’il y avait deux Mahmoud Dicko au Mali, nous n’allions pas connaitre cette mal gouvernance au sommet de l’État. Cela voudrait dire que le prochain président de la République du Mali peut être un religieux, car au moins, ceux-ci ont peur de Dieu, du mensonge et du vol.

L’amitié avec le Président de la République, oui l’Imam Dicko et son ami, mais pas contre le peuple pour ses propres intérêts. Les appels sataniques de l’Imam égaré, oui on peut le traiter ainsi, mais nous le préférons  aux COVID 19 de la  malgouvernance.

Le cas de l’Ayatollah Khomeiny en 1978 est un cas d’école que tous les apprentis gouvernants doivent comprendre  que le peuple, c’est la force tranquille. C’est le vent le plus puissant qui assèche les eaux et fait tomber les immeubles et autres. L’Imam Dicko en est un, et IBK a eu raison d’appeler le roi Mohamed VI en lui demandant d’intercéder auprès du Cherif de Nioro afin que la sortie du vendredi 6 mars 2020 initiée par l’Imam Dicko soit annulée, au risque de faire tomber son régime agonisant.

Nous sommes obligés de constater que le vent rédempteur de l’Imam Dicko balayera bientôt la malgouvernance financière, et sécuritaire. Imaginez-vous une dizaine de villages attaqués plus d’une vingtaine vidés de leurs habitants, des dizaines de morts, de nombreux blessés et des biens emportés ?

Qui l’aurait cru lors de la prestation du Président IBK le 4 septembre 2013 dont voici quelques extraits avaient fait rêver les Maliens à un lendemain meilleur à savoir:

« La construction du Mali nouveau aura besoin de l’expérience fabuleuse acquise dans la douleur, la patience, et un courage certain.

Le résultat, avec l’apothéose qu’a été la visite en ma résidence de mon concurrent de la finale, Monsieur Soumaila Cissé, a fini de convaincre le monde que désormais, il faudra compter avec le Mali. Un Mali sur un socle de légitimité avérée, en acier trempé ». Nous n’avons pas vu cet acier trempé encore.

« Je puis, Monsieur le Président de la Cour, Mesdames et Messieurs, vous dire que le Président de la République que je suis désormais, grâce à cette confiance massive des Maliennes et des Maliens, fera de ce socle, le départ du renouveau de notre pays dans tous les domaines ». Ce renouveau a été le vol organisé !

« Ah, Maliennes et Maliens ! J’ai compris votre message. Il m’est allé jusqu’au fond de l’âme ». Cette âme a été vendue au diable dès l’investiture !

« Je prends l’engagement de le traduire désormais au quotidien, pour l’Honneur du Mali.

Pour le bonheur des Maliens ! Haï, mon œil ce n’est pas le bonheur des maliens

Le Mali d’abord ! » Haï, mon œil c’est ‘’Ma famille d’abord’’. Le Mali n’a plus d’honneur ni de bonheur pour les Maliens, tant que la surfacturation dans l’achat d’armement est devenue la règle d’or. Le Mali dont IBK a parlé lors de son investiture est mort depuis le 4 septembre 2013.

« La confiance, la grande, la très grande confiance placée en moi ne sera jamais galvaudée ». Cette confiance a été assassinée à l’image de Birama Touré en 2016.

« Je veillerai désormais à sauvegarder notre peuple, en ses personnes et ses biens. La vie du Malien vaudra désormais son prix inestimable. Aussi voudrais-je ici, solennellement, engager tous ceux qui ont mission et vocation à protéger et sauvegarder notre peuple, à s’acquitter très consciencieusement de leurs missions ». Le peuple a été abandonné et laissé à lui-même depuis le jour où les avions en épave ont été payés au prix du neuf.

« C’est le lieu, chers compatriotes, de vous dire ma révolte et mon indignation tout en m’inclinant avec la plus grande piété et une compassion réelle sur toutes les victimes récentes de la cupidité de certains et que des eaux maitrisables ont emportées, les arrachant à notre pays et aux leurs.Une enquête  approfondie devra établir sans tarder toutes les responsabilités à l’origine de la tragédie récente ». Ceux qui ont fait cela sont les mêmes qui vont manger à la même table que lui à Koulouba. Que comprendre alors ?

« Il en sera désormais ainsi en République du Mali, inch Allah !

Il en sera de même pour les contrôles routiers et de la circulation routière auxquelles je porterai une attention particulière.Trop de Maliens perdent encore la vie sur nos routes ». Tout cela était du boucan tout simplement !

« Cela pour vous dire que pas un instant, je n’oublierai que vous m’avez hissé là où vous m’avez placé pour prendre soin de tous les aspects de notre vie.

La réconciliation nationale demeure la priorité la plus pressante. Dès demain, nous enclencherons les actions appropriées pour forger des solutions robustes en vue d’une paix durable afin que nous sortions définitivement de la répétition cyclique des crises dans le Nord du pays ». La solution a été finalement de partager le Mali en deux républiques, c’est-à-dire le Mali du Sud et l’Azawad.

« Je veux rassembler toutes les composantes et toutes les générations de la société malienne, mobiliser les talents, et les efforts en vue  de l’avènement d’une société nouvelle basée sur l’Excellence ». Cela a été le contraire malheureusement !

« Je veux rassembler les Maliennes et les Maliens, pour que triomphent la Justice et l’Équité sans lesquelles il n’est pas d’avenir viable pour une Nation.

À cet effet, en tant que Président de la République, je m’attellerai sans relâche à restaurer l’Autorité de l’État.

Nul ne sera au-dessus de la loi. Elle s’appliquera de manière égale à tous. Je mettrai fin à l’impunité, aux passe-droits qui sont à l’origine du dévoiement des institutions judiciaires et étatiques ». L’autorité s’est effritée, parce que le chef voulait être riche en si peu de temps dans ces conditions, l’impunité a été la règle du jeu !

« La restauration de l’autorité de l’État se conjuguera avec une lutte sans répit contre la corruption qui inhibe notre capacité à sortir du sous-développement économique et social ». La corruption est devenue un mode de gestion depuis le 4 septembre 2013.

« En tant que Président de la République, je veillerai à la bonne gestion des deniers publics. Je mettrai en place les mécanismes appropriés pour assurer la transparence et l’efficacité de la dépense publique. Nul ne pourra s’enrichir de manière illicite sur le dos du Peuple malien ». Les Peuls disent « pènèdopène » c’est-à-dire du faux sur du faux. C’est ce que nous avons vu jusque-là.

« Je bâtirai avec le concours de tous, un État fort, impartial, qui sera totalement dédié au service du Bien-Etre moral et matériel de la Nation malienne ». En lieu et place, nous avons bâti la malgouvernance pour détruire le Mali de nos ancêtres.

« J’œuvrerai pour que les Maliens retrouvent foi en l’avenir, qu’ils aient confiance dans leur futur et le futur du Mali et de l’Afrique ». Depuis ton arrivée, le peuple a perdu confiance en lui-même à cause des dégâts de la malgouvernance.

« Le peuple malien est ingénieux, travailleur, il recèle en lui une formidable énergie et d’énormes potentialités. Il est prêt à assumer pleinement son destin. Il veut écrire une nouvelle page de son histoire ». Cette nouvelle page est effectivement venue mais elle est écrite avec du sang humain, des milliers de Maliens et maliennes. Il nous semble que vous avez oublié tout cela !

Donc l’Imam Dicko a raison de se révolter pour sauver le peuple et le Mali. Ce qui trouve cela, comme une trahison, ont leur compte dans la malgouvernance et la trahison du peuple. Ceux qui se battaient hier contre la malgouvernance ont aujourd’hui leur compte dans cela !

Pauvre Mali, tu as été trahi par ceux auxquels, tu as donné le gite, le couvert et le pouvoir. Tu n’as désormais que tes yeux pour pleurer !

Siramakan KEITA

Source : Le Carréfour

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