Un cycliste qui monte sur une colline est obligé de continuer à pédaler.
L’analyse du contexte socio-politique du Mali, dans le cadre de la mise en œuvre du projet de refondation de la nation, ressemble à un champ couvert de gravier dans lequel nous semons avec un état d’esprit de doute et d’espoir.
Inquiets et préoccupés nous sommes, que l’état du champ ne réduise nos chances de faire de bonnes récoltes au terme de la saison.
Cependant, nous nous interrogeons s’il ne faille pas prendre le temps de séparer le gravier du sol humifère avant de semer pour augmenter nos chances de succès au moment de la récolte. Mais nos avis divergent entre inquiétude de bien faire et précipitation d’avancer parce que les premières pluies tombent déjà.
En clair, cette dichotomie fait ressortir deux groupes d’acteurs majeurs :
- Ceux qui s’inquiètent pour les populations et veulent prendre soin d’elles parce qu’ils ont soit côtoyé les atrocités sur le terrain et connaissent ce que cela implique ou ont un sens élevé de la responsabilité ;
- Et, ceux qui veulent prendre soin des populations, parce que cela leur conférera une crédibilité aux yeux des populations et de l’extérieur ; ces derniers sont minoritaires, mais influents.
Les premiers sont disposés à accepter le prix du sacrifice, mais les seconds auront une explication pourquoi ils n’ont pas pu prendre soin des populations.
Il est plus probable que la démarche qui consiste à refonder la nation en séparant son gravier de son sol humifère apportera plus de résultat (de récolte) que la précipitation dans un compromis de semer sans préparer le champ au motif que les premières pluies sont déjà tombées.
Mais, il faut être conscient que l’hivernage est aussi une question de temps, d’anticipation, de préparation, de discipline et de travail acharné pour espérer un sourire à la place d’une mine renfrognée au moment de la récolte.
Il est possible, dans un esprit de conciliation, de réconciliation, d’unité, que nous fassions bon usage du temps, débarrassions notre champ de gravier, y apportions du fumier organique et s’y tenir prêt pour labourer ensemble notre champ dans un esprit d’harmonie, de progrès, et de promesse sincère de succès.
Cela est à portée de mains, si ceux qui nous dirigent réfléchissent sur ce que dise le peuple, tirent en de ce qu’il contient de meilleur et l’applique.
Aplanissons nos divergences, renforçons notre unité et travaillons ensemble dans un esprit de refondation ; mais renoncer à l’esprit critique dans ce processus serait suicidaire.
Dirigeants du Mali, rappelez-vous que la sagesse du peuple vaut mieux que les désires du prince.
Youssouf Malle
Source : Maliweb.net