Face à l’hostilité désormais affichée de la France et de ses alliés occidentaux vis-à-vis de la Transition malienne, les plus hautes autorités sont désormais dos au mur au plan diplomatique. Peuvent-elles encore faire l’économie d’une forme d’amende honorable à l’égard des dirigeants de la CEDEAO ?
Même si les observateurs considèrent souvent que la CEDEAO agit trop à la semelle de la France dominatrice et néo-colonisatrice, il faut reconnaître que les dirigeants ouest-africains n’ont aucune raison d’hégémonie à l’égard du Mali. Mais, certaines prises de positions comme celles du président ivoirien, Alassane Ouattara, de son homologue nigérien, Mohamed Bazoum et du désormais président en exercice de l’Union Africaine, le Sénégalais Macky Sall suscitent des appréhensions au Mali.
Or, la France et ses alliés européens étant poussés à quitter le territoire malien, Paris en ressentira une forme d’humiliation, dont elle ne se privera pas de rendre le coup. Comment s’y prendra-t-elle ? Comme Emmanuel Macron voudra-t-il laver l’affront que lui a si magistralement administré à Bamako, qui vient d’exiger, « le retrait sans délai » de ses forces de son territoire ? Cette tension militaire et diplomatique ne va-t-elle pas polluer l’atmosphère des relations de coopération entre la France et les pays voisins du Mali ? L’on peut espérer que Paris n’appliquera pas le principe selon lequel « l’ami de mon ennemi est mon ennemi » pour compliquer les bons rapports de voisinage entre le Mali et ses voisins nigériens, ivoiriens, sénégalais et mauritaniens.
En effet, les présidents nigérien, ivoirien apparaissent comme des « inconditionnels » de la politique française dans la sous-région ouest-africaine, au point qu’ils semblent catalyser la tension entre Paris et Bamako. Mais, il urge que le pouvoir de transition parvienne à capitaliser une sorte de « bonne volonté » à conduire le pays vers le retour à l’ordre constitutionnel, dans un délai raisonnable.
Cette exigence est aujourd’hui vitale dans la mesure où les autorités de la transition malienne semblent avoir provoqué la colère des dirigeants français, dans leur volonté de lutter contre le terrorisme. Ceux-ci jettent désormais leur dévolu sur de nouveaux partenaires de lutte contre le terrorisme dans l’espace CEDEAO, comme le Niger, la Côte d’Ivoire, le Bénin… Cette situation peut permettre à la France de décourager les dynamiques conjointes autour du Mali, devenu le « mauvais élève » de la France, dans la lutte contre le terrorisme.
Mais, c’est aux plus hautes autorités de la Transition de manœuvrer et faire en sorte que les relations séculaires de voisinage priment sur la diplomatie avec l’Européen en général et la France en particulier. C’est ainsi que le duo Assimi-Choguel est obligé de revoir la communication de sa communication et de sa diplomatie en direction des dirigeants de la CEDEAO.
Le pouvoir de transition doit donc mettre en branle tous ses canaux de dialogue avec Abuja et Addis-Abeba, la capitale de l’Union Africaine pour proposer rapidement un chronogramme réaliste devant conduire le pays vers des élections crédibles et transparentes. C’est cette option qui lui évitera un isolement dans le concert des nations.
En clair, le chef de l’Etat et son Premier ministre doivent sortir de l’offensive de réaffirmation de la souveraineté du Mali contre vents et marées pour plaider en faveur d’un accompagnement des pays africains, en général et ceux de la CEDEAO en particulier, pour parachever cette période transitoire, dans un consensus politique et de concertations. Car, le Colonel Assimi Goïta et ses amis n’ont aucun intérêt à élargir le cercle d’adversités et d’incompréhensions contre le pays.
Boubou SIDIBE
Source : Maliweb.net