Au lendemain de la nomination du Président de la Transition en république du Mali, nous avons nourri l’espoir qu’une équipe restreinte de technocrates indépendants serait mise en place pour combler le vide laissé par l’absence de gouvernement. Et nous savions à quel point la nature a horreur du vide ! Mais cent jours sans ministres et le pays demeure gouverné, les maliens se demandent s’il n’est pas préférable d’entamer cette transition en conservant uniquement les secrétaires généraux dont les prérogatives et responsabilités seraient alourdies. L’objectif demeure les économies d’échelle que le pays pourrait faire en supprimant les privilèges accordés aux ministres.
En effet, si le pays a tenu cent jours pourquoi ne tiendrait-il pas dix-huit mois sans ministres ? Et d’ailleurs, ne serait-ce pas le meilleur moyen de prouver aux maliens et aux partenaires que nous n’avons nullement besoin de ploutocrates déguisés en ministre d’État qui viennent la plupart du temps pour se goinfrer. C’est également l’occasion de faire des économies en épargnant aux contribuables maliens la charge de politiciens sans profession fixe.
Le Président de la transition est face à un dilemme. Le CNSP lui a jeté une « galette chaude ». Il doit composer une équipe en tenant des intérêts de ceux qui l’ont mis en place et des ambitions de ceux qui guettent la moindre occasion pour instiguer un soulèvement populaire. Enfin le peuple malien, affligé et dont les attentes sont multiples, demeure dans l’expectative. Cette attente, qui devient lassant, inspire de la méfiance.
Il est vrai que les consultations sont en cours et que pour l’heure les postes les plus importants ont été confiés aux militaires. Cela rassure une partie du peuple qui déplore l’absence d’ordre et surtout l’impunité généralisée. Mais le rang des mécontents s’allonge en raison de l’exclusion des politiciens qui comptaient sur les menaces de la CEDEAO pour revenir aux affaires. Ils risqueraient de faire tomber la « galette chaude » que le CNSP a jetée à Bah N’Daw si la junte continue à les mépriser. Le risque est d’autant plus grand que les maliens ne supportent plus les sanctions de la CEDEAO. Ces sanctions demeurant en vigueur, en dépit des efforts fournis par la junte, les partis politiciens peuvent toujours compter sur le peuple pour créer des incidents.
Que Dieu nous en préserve !
Dr DOUGOUNE Moussa
Source : Le Pélican