L’Adema et la présidentielle 2022 : Yaya Sangaré écarte-t-il l’option d’une candidature interne ?

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Yaya Sangare ADEMA
Yaya Sangare ADEMA

Face à la percée des hommes d’affaires et l’ascension de nouvelles figures politiques, certaines grandes formations politiques, ou du moins leurs des barons,    sont dans la rétractation. C’est le cas à l’Adema, où Yaya Sangaré, l’un cadres du Pasj, non moins ancien député élu à Yanfolila, étale sa position sur les réseaux sociaux.

Après près de 30 ans de gestion des affaires publiques, l’Adema et ses « filiales», en l’occurrence le RPM et l’URD, sont en difficulté sur le terrain.  Car leur bilan semble jouer en leur défaveur. Ce, à  telle enseigne qu’à moins d’une année de la présidentielle annoncée pour février et mars 2022 pour les 1er et second tours, ces traditionnelles formations politiques sont dans l’expectative. Après le décès du Président de l’URD, Soumaïla Cissé,qui était pour être le super-favori de ce scrutin, les partis politiques susmentionnés semblent épuiser toutes leurs cartes et attendent le plus offrant.C’est  du moins la conclusion à laquelle sont arrivés des observateurs politiques.

A l’Adema, même si certains cadres se montrent évasifs dans leur publication, on est à même de comprendre qu’ils se laissent découvrir progressivement. Des langues commencent à se délier. Les récentes publications de l’ancien député Yaya Sangaré n’affirment pas le contraire. « L’Adema-Pasj doit se positionner dans une alliance forte de partis politiques et de forces sociales. Réputé pour être une véritable machine électorale, l’Adema-Pasj reste un enjeu majeur pour l’élection présidentielle de 2022. Comme en 2018, quand son choix a fait basculer tous les pronostics.Le réalisme politique exige des responsables du parti de l’abeille de privilégier l’intérêt supérieur général en optant pour un vaste rassemblement au-delà d’une seule formation politique.Un rassemblement politique et électoral qui garantirait un avenir radieux pour les abeilles et qui aura pour effet de ressouder ses rangs, partagées entre doute et certitude quant à un choix définitif de candidat, et de projeter notre Maliba dans un avenir meilleur», a-t-il publié sur sa page Facebook.

Comme si cela ne suffisait pas,  quelques heures plus tard, Yaya Sangaré se montre offensif dans ses tentatives  d’influencer la position du parti. Ainsi, ajoutera-t-il : «L’Adema-Pasj : s’unir et s’engager !L’Adema-Pasj ne saurait se contenter de participer à l’élection présidentielle pour le plaisir de participer comme d’autres partis politiques. Par contre, il se doit de se positionner pour peser sérieusement sur les événements, en négociant âprement ses conditions dans une alliance politique forte après une analyse objective de la situation interne. Cela, en s’inscrivant avec de solides arguments, dans une vaste coalition de partis politiques et d’organisations de la société civile partageant les mêmes valeurs et la même vision d’une gouvernance vertueuse. Il est évident qu’aucune formation politique ne saurait gagner à elle seule, l’élection présidentielle annoncée, surtout si celle-ci est couplée aux législatives. A cet effet, que devons-nous faire pour rassembler autour du parti le maximum d’acteurs engagés dans la vie socio-politique du pays ? Depuis son dernier congrès en 2015, à part quelques actions timides sur la scène politique pour convenir sur un paquet minimum autour du Mali, le parti n’est parvenu à convaincre aucune formation politique à s’associer à ses démarches politiques. Qui blâmer ? ».

L’Adema, le RPM et l’URD : des proies faciles

A l’instar des déclarations de l’ancien député Adema élu à Yanfolila, toutes les éventualités sont à prévoir. Car, face à cette fragilisation de la crème politique au Mali, des nouvelles têtes sortent de l’eau, dont celles de l’ancien Premier ministre Dr Boubou Cissé, Seydou Mamadou Coulibaly et Aliou Boubacar Diallo. Ces trois potentiels candidats qui ont déjà affiché leur intention de briguer la magistrature suprême ne comptent pas que sur l’argent qu’ils ont amassé ces derniers temps. Ils comptent aussi sur les barons  de l’Adema, du RPM et de l’URD, qui constituent pour eux des grands électeurs.

L’Adema, habitué à des copinages politiques, semble être le parti le plus exposé quand on se réfère aux dernières élections présidentielles (2013 et2018), oùon a assisté à des activités de fraction où une bonne partie a soutenu le candidat IBK contre celui du parti au 1er  tour. En 2018 également, le Comité exécutif a officialisé son soutien à Ibrahim Boubacar Keïta pour un second mandat.

Pour celle de 2022, le  scénario de dislocation se dessine. Les cadres tentent désespérément d’accorder le violon sur le choix de candidatures déclarées, où la conduite à tenir pour une coalition politique. A l’Adema, apprend-on, les « vendeurs » du parti sont à l’œuvre. Ils sont en train de remuer ciel et terre pour aligner le parti derrière une candidature externe. A défaut, ligueront des bastions électoraux pour le mieux offrant. Au même moment, certains conservateurs cherchent un candidat à l’interne, fut-il un figurant au scrutin présidentiel.

S’agissant du RPM, cet ancien parti présidentiel n’a pratiquement rien profité de la gestion du pouvoir de son candidat, IBK. Au contraire, il est sorti très fragilisé du règne de son président fondateur qui a visiblement travaillé à cela. Aujourd’hui, le RPM regorge des cadres valables, mais la guerre intestine de la gestion du pouvoir qui n’ont pas réussi à le détenir a laissé des traces. Personne, y compris son actuel président, Dr Bocary Tréta, ne parvient à créer un consensus autour de lui, à fortiori l’unanimité. C’est un parti très exposé qui doit travailler à créer une coalition politique dans laquelle il figurera pour présenter un candidat. A défaut,  chacune des candidatures sérieuses peut «piocher» au détriment de l’unité du parti. Ce qui présage le déclin d’un parti qui n’a pas connu d’apogée. Car, le RPM est différent de l’Adema qui, à chaque fois, arrive à recoller les morceaux après ce genre de dislocation qui se dessine.

Quant à l’URD, elle se trouve dans une situation pathétique. La mort de son Président, Soumaïla Cissé,qui était donné pour être le grand favori de la prochaine présidentielle, a faussé les calculs. Le timing ne lui permettant pas de se réorganiser convenablement, l’URD est devenue une proie aussi facile que les autres. Au sein de cette formation politique où certaines sections sont financées par les proches de certains potentiels candidats, il sera difficile de maintenir le cap. Au sein même du Bureau exécutif national (BEN-URD), la crise de leadership est en passe d’anéantir le peu d’espoir qui animait les militants. Il se raconte que Me Demba Traoré, qui se croit l’héritier légitime de Soumaïla Cissé, est près de la famille Cissé, mais distant du parti. Mamadou Igor Diarra qui a une carrière et une carrure d’envergure internationale est traité d’arriviste par certains. Leur tiraillement par médias interposés complique davantage les choses.  Au même moment, précise-t-on, les prédateurs rôdent autour du parti.

Dans les coulisses, ils sont nombreux, les cadres de l’URD, qui affichent leur intention de soutenir l’éventuelle candidature du Dr Boubou Cissé. Pendant que le reste du parti est divisé entre Mamadou Igor Diarra et Me Demba Traoré.

Au state actuel des choses, l’Adema, le RPM et l’URD sont des ‘’butins’’   que Boubou Cissé, Seydou Mamadou Coulibaly et éventuellement Aliou Boubacar Diallo vont se partager pour la présidentielle de 2022.

Oumar KONATE

Source: LA PREUVE

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