Le Mali est dans un cul de sac. Ou peu s’en faut. Dans 35 jours à compter de ce lundi, le 30 juin précisément, le mandat prorogé de six mois de l’Assemblée nationale, mise en place en 2013, s’achève. Cette prorogation avait été concoctée par un gouvernement Soumeylou Boubèye Maïga et les élus nationaux (de la majorité et de l’opposition) soudés par une forte complicité d’intérêt, avec l’appui bienveillant de la Cour constitutionnelle. Officiellement, en partie pour permettre le renouvellement de la Chambre dans des conditions moins contestables que la présidentielle tumultueuse de juillet août 2018. .
Il est très improbable que le défi puisse être relevé. L’heure est plutôt à un pessimisme teinté d’inquiétude au sein de la classe politique, chez nos concitoyens avertis et les amis de notre pays de par le monde qui s’interrogent sur ce qu’il pourrait advenir de lui s’il n’était pas doté d’une représentation nationale à l’échéance attendue.
Une deuxième prorogation n’est pas, en effet, à l’ordre du jour y compris dans les cercles du pouvoir. Comme la première, elle ne serait pas défendable juridiquement. En plus, elle pourrait rencontrer une vive résistance plan politique.
L’aile de la Coalition des forces patriotiques (CO FOP-Opposition) animée par le duo Dr Oumar Mariko et Gal Moussa Sinko Coulibaly , qui la rejette fermement, préconise l’instauration d’une Assemblée constituante composée des représentants de tous les segments du peuple malien. Elle aura pour rôle d’accompagner le président de la République et son gouvernement dans la gestion harmonieuse et consensuelle de la chose publique aux fins de remettre sur les rails le train Mali ».
Elle rejoint ainsi Dr Cheick Modibo Diarra, le président du RPDM arrivé troisième lors de la présidentielle qui, pour circonscrire la crise politique qui en a résulté avait été le premier à proposer « une Constituante ».
Le hic, c’est qu’une assemblée constituante suppose et implique l’élection de ses membres. Si le gouvernement disposait des ressources financières pour organiser à bref délai une élection, le problème de la mise en place d’une nouvelle législature avant le 30 juin prochain ne se serait pas posé.
En prenant l’initiative d’une dissolution de l’Assemblée par le recours à l’article 42 de la Constitution, IBK peut se donner un temps supplémentaire de 40 jours, à partir du 30 juin, pour collecter les fonds indispensables à la tenue du scrutin législatif. Ce qui renverrait cette échéance à la première décade d’Aout prochain.
Si ce délai lui parait trop court, l’unique voie de sortie consisterait alors à trouver un arrangement avec les acteurs politiques. Il consisterait en la reconduction de l’Assemblée actuelle pour une nouvelle période de six mois, qui offrirait plus de latitude au gouvernement pour travailler dans la sérénité à l’exécution de son programme, tout en aménageant les conditions pour un scrutin le moins contesté possible. En décembre 2018, les députés, toutes obédiences confondues, ne s’étaient pas fait prier longtemps pour adopter le projet de loi gouvernemental portant prorogation de leur mandat. Sur 137 élus qui ont participé vote sur les 147 qui siègent à l’hémicycle, aucun n’a voté contre et seuls cinq se sont abstenus dont Soumaïla Cissé et le défunt Mody N’diaye alors président du groupe VRD (qu’il repose en paix)
Ce scénario pourrait bien se produire même s’il devrait être suivi par un échauffement de la température politique.
Par Saouti Haidara.