Le « bizi » du trottoir à la toile : une nouvelle forme d’exploitation du sexe

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La prostitution est la plus vielle profession du monde. Et comme les autres activités, elle a subi des transformations à travers les époques. Révolus les temps où les faisaient le trottoir pour attirer les «clients». Aujourd’hui, avec l’avènement de l’internet elles sont beaucoup plus discrètes en surfant sur les réseaux sociaux et les maquis. La mode de nos jours est passée au «BIZI», un concept initié à la base par les Ivoiriennes. Mais de plus en plus des jeunes filles maliennes s’adonnent également à cette pratique.

Le mot « bizi » dérive de business et les «géreuse de bizi » sont celles dont l’affaire consiste à se faire de l’argent par le sexe. À la différence de la prostitution traditionnelle, le bizi n’est pas une activité permanente au quotidienne. Elle est souvent passagère. Ainsi, beaucoup de filles qui le pratiquent disent vouloir se faire de l’argent pour régler les difficultés de l’instant. C’est le cas des serveuses, des hôtesses qui veulent arrondir leurs fin de mois afin de mieux tenir le train de vie de Bamako. Les étudiantes disent vouloir par exemple subvenir à leurs frais d’études pour certaines ou avoir les moyens de mener une vie luxueuse pour d’autres. Chaque « géreuse de bizi » aurait donc une raison personnelle de livrer son corps à ses «clients».

Les « géreuse de bizi » n’admettent surtout pas être des prostituées d’autant qu’elles ne font pas le trottoir.  Il ne s’agirait que d’une activité parallèle. Le drame est pourtant que beaucoup d’entre elles ne se contentent pas de quelques escapades occasionnelles, mais finissent par tomber dans la grande prostitution.

Selon le témoignage d’une « géreuse de bizi », une serveuse d’un maquis de la Rue Princesse ayant requis l’anonymat, toutes les filles de sa catégorie gèrent du bizi en mettant en jeu leur joliesse et leur accoutrement en minijupes ou robes moulantes. «C’est le patron qui veut ça. Il nous est demandé de séduire les hommes qui viennent boire un verre comme si de rien n’était. En fin de soirée, on rentre avec eux ou on va à l’hôtel. Juste avant de passer à l’acte, on demande de l’argent», a-t-elle confié. À la demande de savoir les tarifs, elle répondit qu’ils peuvent varier de 30.000 à 60.000 FCFA sur lesquels le patron prélève une commission. Et d’ajouter que ses comptes Facebook et Instagram lui permettent d’attirer plus de «clients».

Nous avons posé une série de question à « Bizi Mamichou », une étudiante de 21 ans et «géreuse de bizi » en commune I de Bamako.

Le Témoin : Pouvez-vous nous dire qui sont ces filles ?

Bizi Mamichou : Elles sont des jeunes gens comme moi. Elles ont des petits boulots ou sont étudiantes. Parfois elles ne trouvent pas de vrai travail alors qu’elles ont fait des études ! Et puis la vie est trop chère à Bamako. Alors, gérer un bizi permet de joindre les deux bouts.

Le Témoin : Le phénomène est-il nouveau ?

Bizi Mamichou : Des filles qui couchent avec des hommes pour de l’argent sans être des prostituées, ça ne date sûrement pas d’hier. Mais il y en a tellement maintenant à Bamako qu’on leur a donné un nom dans le milieu.

 Le Témoin : Vous ne vous considérez donc pas comme une prostituée ?

Bizi Mamichou : Non, je ne suis pas une de ces filles qui font le trottoir.

Le Témoin : Et qui sont vos clients ?

Bizi Mamichou : Il y a du tout. Tous ceux qui sont prêts à dépenser de l’argent pour un bon moment de sexe et qu’on appelle dans notre jargon «Gaoua kai». Les meilleurs, ce sont les expatriés ou les hommes d’affaires. Ils payent bien.

Le Témoin : Votre famille est-elle au courant ?

Bizi Mamichou : Bien sûr que non ! Je suis très discrète. Si quelqu’un de ma famille ou de mon quartier l’apprend, ils me renieront. Cette discrétion vaut aussi pour les clients, qui ne veulent pas risquer d’être découverts. C’est en outre un métier qui fait le bonheur de ses acteurs dans la discrétion. Les parents des «géreuse de bizi» ignoreraient la vie que mènent leurs proches. Le phénomène du bizi est bien présent dans la société Bamakoise. On le retrouve dans les lieux de détente, les sites de rencontre en ligne, les réseaux sociaux, les universités et collèges. Bref, le bizi est partout.

 Réalisé par Aly Poudiougo

 Source : Le Témoin

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