Le Conseil national de transition est désormais installé depuis ce samedi 05 décembre 2020. Le dernier organe de la transition, non des moindres, qui devait être mis en place, après le coup d’État militaire du 18 août est donc fonctionnel. Mais sa composition nominale est très favorable aux militaires du CNSP, alors même que de nombreuses voix s’étaient élevées pour protester contre la composition de ce Conseil, imposée par les autorités de transition, suscite de nombreux questionnements. Les membres du CNT seront-ils capables de s’affranchir de leurs mentors afin que le CNT ne soit pas une autre caisse de résonnance politique dans notre pays ?
Leur affranchissement s’avère extrêmement difficile à partir du moment où l’ensemble des membres de cet organe législatif de transition sont nommés grâce au bon vouloir du vice-président de la Transition, colonel Goïta et sa junte. Le plébiscite du colonel Malick Diaw pour prendre la présidence du CNT suffit comme preuve pour étayer ce doute. Le nombre total des représentants au CNT est de 121. Dans un vote à bulletin secret, le numéro deux de la junte a obtenu 111 voix sur 118 votants. N’est-ce pas suffisant comme prémisse que les débats dans cette assemblée législative transitoire seront médiocres ?
De nombreux hommes politiques maliens et membres de la Société dite civile malienne ont généralement soif d’obtenir vaille que vaille un poste politique ou administratif à cause des avantages pécuniaires. Ces hommes et femmes sans vergogne, qui se foutent de l’intérêt général, font tout pour sauvegarder leurs sordides privilèges. Ils sont prêts même à vendre leur âme au diable pour y parvenir.
Le CNT doit statuer sur des enjeux aussi essentiels que la réforme du système électoral et de la Constitution malienne, ou encore l’organisation des prochains scrutins législatif et présidentiel, censés acter le retour du pouvoir à des civils élus. Il est beaucoup à craindre que les travaux en son sein soient au mieux carrément bâclés. Sinon que le CNT serve tout court de caisse de résonnance politique pour faire passer l’agenda politique des militaires du CNSP.
Déjà des bruits courent que les colonels prépareraient le terrain afin que leur candidat puisse remporter la future présidentielle. Il serait heureux que les militaires du CNSP, pour l’intérêt de la démocratie malienne, fassent un démenti sur ces soupçons !
Falaye Keïta
Source : Le Pélican