Le sulfureux prêcheur Bandiougou Doumbia a encore fait parler de lui mais n’a pu échapper comme jadis aux mailles de la justice. En état d’arrestation depuis plus d’une semaine, il médite sur son sort à la Maison centrale d’arrêt en espérant un plus grand retentissement du cri d’alerte lancé par des coreligionnaires en sa faveur.
La guigne lui est venu de la même liberté de ton et de la véhémence l’ayant longtemps caractérisé. Sauf que cette fois l’ancien adversaire juré de Ras Bath – qui avait tenté sans coup férir d’attenter à la vie du chroniqueur – semble avoir poussé le bouchon très loin, même trop loin et à peine moins qu’il s’était déjà illustré par le passé. En cause, une sortie alambiquée de Bandjougou Doumbia en réaction au démolissage des constructions entravant les équipements publics des tous nouveaux logements sociaux. Profitant de la grogne populaire suscitée par la mesure des autorités, le prêcheur s’en donne à cœur-joie et ne se contente pas de descendre à bras raccourci sur la plus haute autorité de la République ainsi que sur les membres de sa famille. Le locataire de Koulouba et la Première Dame en eurent donc pour leur dose avec des propos tout aussi désobligeants et aussi injurieux que ceux que lui ont inspiré en son temps le vote du Code des Personnes et de la Famille par l’Assemblée nationale. Et ce n’est pas tout.
Le membre influent du Haut Conseil Islamique a par ailleurs déversé sa bile sur les forces armées aux dépens desquelles il ne lui a guère suffi d’afficher son penchant pour leur principal bourreau au Centre-Mali, en l’occurrence Amadou Koufffa. Il a ainsi poussé l’apologie du terrorisme au point de faire étalage, devant ses ouailles et l’opinion en général, de son empathie pour les deux terroristes nationaux ainsi que pour les prouesses qu’ils réalisent aux dépens des forces nationales. Mais au lieu de le blâmer pour ces déboires d’apatrides, le Haut Conseil Islamique du Mali, qui était récemment en conclave à Mopti pour la stabilisation d’un pays perturbé au nom de l’extrémisme religieux, n’a rien trouvé d’autre que de plaider sa cause dans le sens d’un pardon du président de la République comme si un pardon d’IBK pouvait absoudre le tort qu’un adepte du terrorisme peut causer à la patrie ou qu’il est susceptible de lui infliger.
Quoi qu’il en soit, l’épisode aura eu le mérite pour le moins d’avoir mis à nu le degré de patriotisme de leaders musulmans qui ne se sont du reste jamais ouvertement opposés aux djihadistes. Il est tout aussi révélateur de la perte de notoriété de grandes figures jadis vénérées – et dont la démystification commence à trop déteindre sur la respectabilité du repère que représentent les notables religieux au Mali. Il était peu imaginable qu’un plaidoyer du Haut conseil islamique reste lettre morte auprès de hautes autorités qui, naguère encore, frémissaient comme des poules mouillées devant chacune de leurs suppliques. Au demeurant, les tout-puissants milieux associatifs musulmans, en son temps, n’avaient éprouvé nul besoin d’excuses auprès des hautes autorités après que le même Bandjougou Doumbia s’est illustré par des injures tout aussi graves a l’endroit de hautes personnalités de la République dont le président de la République, le président de l’Assemblée nationale, le Premier ministre et leurs familles respectifs. Il avait même usé et abusé de ses libertés au point d’en faire un élément audio largement ventilés sur le marché sans que la moindre voix s’élève pour protester de peur d’être aussitôt étouffée.
A KEÏTA
Source : Le Témoin