Certainement, les membres du M5 RFP justifieront la présence de la personnalité la plus en vue de leur mouvement par une volonté de leur part d’apaisement et de stabilité, gages d’un bon climat de travail avec en ligne de mire l’organisation des présidentielles et législatives dans un plus bref délai. Cependant, qu’on le veuille ou pas, le choix de Choguel Kokalla Maiga pour être Premier ministre fait tâche. Et l’acceptation de ce poste par ce dernier n’honore point l’élite politique qui aura fortement contribuer au désordre ambiant.
Jusqu’où ira Choguel Maiga ? Telle était la question que tout le monde se posait tant le numéro 10 des mouvements de contestation n’aura pas lâché la pression, aussi bien avant la chute d’IBK mais surtout après l’avènement de la junte militaire. Aujourd’hui, la réponse semble toute trouvée. Choguel ira à la Primature. Un chemin qui n’est pas sans rappeler celui d’un autre numéro 10, celui de l’Opposition lors du premier mandat d’IBK à la tête du pays. Tiébilé Dramé était alors l’un des pires cauchemars politiques du président Keita au point que ce dernier, pour avoir un peu de répit, pensa idoine de lui offrir un portefeuille ministériel. Et quel portefeuille ?! Celui des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale. Aussitôt, Dramé devint méconnaissable. D’opposant inspiré et impitoyable, il était devenu un collaborateur fidèle et docile d’IBK.
Fort malheureusement, de tels exemples sont foisons dans la classe politique malienne. Des actes qui pourraient être qualifiés comme des mini coups d’Etat à la démocratie. Aujourd’hui, Choguel Kokalla Maiga semble marcher sur les pas de Tiébilé Dramé. Et ses convictions d’hier s’évaporeront sous le prétexte des heures difficiles que vit la Nation.
Une fois encore l’on se rend compte que l’élite politique est bien bourrée de contradictions pour espérer convaincre la masse populaire de sa bonne foi et même du bienfondé de son combat. Loin de vouloir faire un procès d’intention, nombres de poids lourds de la classe politique malienne sont dociles à l’ombre du pouvoir et bruyants sous le soleil généreux de l’inactivité. Simple coïncidence ?
Pour la suite de la Transition, souhaitons juste que cette fois, tous les acteurs soient sur la même longueur d’ondes et que le M5 RFP et autres groupements contestataires fassent profil bas le temps que le Mali revienne sur le bon chemin de la démocratie. Qu’à Dieu ne plaise, il est à espérer que l’arrivée de Choguel à la Primature ne fasse pas des mécontents au point de mettre des bâtons dans les roues de la mécanique de la Transition fortement enrayée.
Ahmed M. Thiam
Source : Inf@sept