Les récents propos du Premier ministre de la transition Choguel Kokalla Maïga sur le mouvement démocratique ont irrité les acteurs de la démocratie malienne. Après le Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA), l’Association « Alliance pour la démocratie au Mali »-ADEMA, c’est au tour de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adéma-PASJ) d’accuser le Premier ministre de profiter « des leviers du pouvoir de transition » pour « dévoiler jour après jour, sa vraie nature revancharde contre le mouvement démocratique ».
La récente sortie du Premier ministre de la transition Choguel Kokalla Maïga sur le mouvement démocratique n’en finit pas de faire polémique. Hier, mercredi 24 novembre 2021, dans un communiqué, l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adéma-PASJ) dit avoir constaté « depuis un certain temps, que le premier Ministre actuel de la Transition, Dr. Choguel Kokalla MAIGA et d’autres nostalgiques de la période révolue de la dictature et du parti unique ne cessent de pourfendre les acquis démocratiques arrachés de haute lutte dans le sang par le peuple du Mali. » Selon le parti qui est aujourd’hui présidé par Marimatia Diarra, profitant des leviers du pouvoir de transition, le Premier Ministre actuel est en train de dévoiler, jour après jour, sa vraie nature revancharde contre le Mouvement démocratique.
« Les récents propos lors de sa rencontre avec les notabilités traditionnelles et coutumières du pays en sont une parfaite révélation. Il martelait lors de ladite cérémonie que : « le seul et unique bilan que la démocratie nous a légué est la floraison des associations et des partis politiques », poursuit le communiqué de l’ Adéma-PASJ. Pour le parti de l’abeille, ces propos du Premier ministre sont repris par des pseudo-démocrates qui profitent des libertés individuelles et collectives chèrement acquises par le peuple malien pour jeter l’anathème sur les acquis démocratiques. « L’Adema-PASJ, parti historique, héritier de la révolution de mars 1991, dénonce avec véhémence ces propos du Premier Ministre de la Transition et de certains nostalgiques de la dictature militaire incarnée par le Général Moussa Traoré et son parti unique, l’UDPM : propos que nous qualifions de malencontreux, d’inacceptables et d’insultes à la mémoire des martyrs de mars 1991 », détaille, dans son communiqué, l’Adéma-PASJ.
Selon le parti, au moment où le pays a le plus besoin de rassemblement de tous ses fils et filles à un tournant historique marqué par de multiples défis, de tels discours haineux et vindicatifs sont à bannir et à combattre sans concession aucune. L’Adema PASJ précise que « face à la falsification et à la réécriture délibérées de l’histoire démocratique de notre pays, il devient impérieux pour les démocrates de s’unir face à l’apologie de la pensée unique du premier ministre de la Transition qui menace la démocratie chèrement acquise par le peuple malien. » Pour l’Adéma PASJ, le parti ne tolérera aucune attaque injustifiée contre les acquis démocratiques, la révolution populaire du 26 mars 1991. Le parti de l’abeille a lancé un appel au Président de la transition, le colonel Assimi Goïta « à jouer pleinement son rôle de garant de l’unité nationale et de la cohésion sociale dans un pays en proie à de multiples défis, gage de réussite de la transition. »
Vague d’indignation
Un jour avant cette sortie au vitriol de l’Adema PASJ contre le Premier ministre, le lundi 22 novembre 2021, le Président du Parti pour la renaissance nationale (PARENA), Tiébilé Dramé, ancien ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, a aussi réagi aux propos tenus, le 11 novembre 2021, par le Premier ministre de la transition, Dr. Choguel Kokalla Maïga, lors de sa rencontre avec les chefs de villages et de quartiers. « Faisant fi de la situation générale du pays qui se détériore jour après jour, le Premier ministre apparaît pour ce qu’il est: le plus grand diviseur commun du pays (PGDCP) au moment où le Mali a besoin de rassemblement en ces circonstances historiques graves », a souligné Tiébilé Dramé. Ainsi, le PARENA a invité la présidence de la transition et le CNT (Conseil national de transition) à clarifier leurs positions sur le multipartisme et la préservation du cadre démocratique.
Le parti du bélier blanc a aussi invité les démocrates épris de liberté et de justice dans la diaspora, à Bamako et dans les régions à faire front contre « les velléités dictatoriales et liberticides du régime du M5 ». En outre, le PARENA a exhorté les sensibilités marginalisées du M5 à se démarquer clairement et nettement de l’aventurisme politique qui menace les fondations du régime démocratique et républicain. « Le Parti pour la renaissance nationale invite les Maliennes et les Maliens, les démocrates de tous horizons, tous ceux qui sont épris de liberté et de justice, tous les acteurs et héritiers de mars 1991 à se rassembler pour mettre en échec: les projets de restauration, en cours, de l’ordre ancien ; la falsification et la réécriture de l’histoire du Mali, notamment la résistance à l’autocratie, la lutte pour l’avènement de la démocratie ainsi que pour les progrès enregistrés dans la satisfaction des droits économiques et sociaux. Tous debout et unis pour relever le Mali et le sauver! », a expliqué, dans sa déclaration, le PARENA.
Le 20 novembre 2021, Mme SY Kadiatou SOW, la présidente de l’Association « Alliance pour la démocratie au Mali »-ADEMA a aussi , dans une déclaration, condamné « fortement ces propos de Choguel k. Maïga qui s’inscrivent dans sa logique de défense du régime qui a prématurément freiné l’élan patriotique de construction nationale de Modibo Kéita. » Selon elle, de toute évidence, la réussite de la transition ne se fera pas par la stigmatisation d’une partie des acteurs politiques, notamment ceux du mouvement démocratique de mars 1991. Mme SY Kadiatou SOW a invité le Premier ministre à faire preuve de grande retenue, d’esprit d’ouverture et de tolérance.
Madiassa Kaba Diakité
Source : Le Républicain