Le coup de grâce asséné au régime d’IBK serait-il aussi l’estocade à l’indivisibilité du Mali ? Tout indique, en tout cas, que la reconquête du territoire et de l’unité nationale ne passeront pas par les nouveaux maîtres de la République.
Avec les signaux lancés par les premières prises de contact entre le CNSP et les mouvements armés de l’Azawad, tout laissait présager une dynamique nouvelle voire un tournant décisif dans le retour de la confiance si indispensable entre parties prenantes de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale. Au lieu de miroiter un retour triomphal illusoire de l’armée et de l’administration dans le septentrion, par la fermeté et le ton martial traditionnellement caractéristiques des pouvoirs militaires, la junte des colonels a visiblement préféré la carte plus réaliste du pacifisme dans son approche de l’épineuse question du Nord-Mali. C’est dans la droite ligne de cette option diplomatique qu’une visite des tombeurs de l’ancien régime avait été annoncée à Kidal, avant d’avorter finalement pour des contraintes météorologiques, selon les explications fournies par le CNSP. Mais, le processus d’organisation des concertations nationales a manifestement révélé une dimension plus complexe de l’équation septentrionale.
Associée comme toutes les composantes de la nation aux rencontres de validation des termes de référence de la transition, la Coordination des Mouvements de l’Azawad s’est illustrée par les mêmes velléités ayant souvent caractérisé ses rapports avec le régime déchu d’IBK. La CMA ne peut cautionner ni accompagner un processus non-participatif et non-consensuel, a laissé entendre le Mouvement séparatiste dans un communiqué rendu public à la veille desdites rencontres, en reprochant au CNSP d’être très peu disposé à restaurer la confiance ayant fait défaut dans la collaboration avec l’ancien régime. Le principal protagoniste de l’Accord fait constater, en clair, que les mêmes démarches unilatérales continuent d’affecter la cadence de l’Accord issu du processus d’Alger et considère comme un simple faux-fuyant l’ajournement de la visite de ses nouveaux interlocuteurs à Kidal.
La 8 ème région fait ainsi exception à la ruée massive des Maliens vers les concertations régionales et pourrait se singulariser par une posture similaire à l’étape suivante, à savoir le refus de prendre part à la grande messe nationale annoncée cette semaine pour tracer les sillons de la transition. Or une absence de la CMA dans le dispositif des préparatifs de la transition annonce de grandes incertitudes quant à la participation de Kidal au processus électoral qui en est l’aboutissement. Et, à défaut de consacrer la scission définitive du pays, il est évident qu’elle est la confirmation que la junte au pouvoir n’offre aucun gage d’indivisibilité du territoire plus rassurant que l’inertie et l’indifférence qui règne sur la question depuis 2013.
A KEÏTA
Source : Le Témoin