Critiqué récemment pour avoir rendu visite au Conseil National de Transition qu’il avait, en tant que président du comité stratégique du M5-RFP, qualifié d’ « illégal » et d’ « illégitime », le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga s’est prononcé sur le sujet lors de sa rencontre avec l’AEEM. Le dossier CNT étant devant la justice, le M5-RFP a accepté, selon lui, de faire un compromis avec les militaires pour « la stabilité de la transition ».
Après sa visite au Conseil National de la Transition, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a été victime des critiques sur les réseaux sociaux. Pour certains, c’est une incohérence de sa part d’aller devant cet organe législatif que son mouvement a toujours qualifié d’« illégal » et d’ « illégitime ».
Ce n’est, pourtant, pas une incohérence. Bien au contraire, c’est la situation du pays qui oblige le Premier ministre à faire des compromis pour l’intérêt du Mali. C’est en tout cas ce qui est ressorti de son discours lors de sa rencontre avec les membres de l’AEEM. « Lorsque les représentants des forces armées et de sécurité ont contacté le M5-RFP après les événements du 24 mai pour réorienter la transition, nous avons eu une analyse partagée que la transition n’a pas pris une bonne trajectoire et qu’il faut la rectifier », a rappelé Dr Choguel Kokalla Maïga avant d’ajouter que c’est cette rectification qui est en cours actuellement.
Se prononçant sur le dossier CNT, le Premier ministre a expliqué les raisons pour lesquelles son mouvement, le M5, a accepté de faire un compromis avec les militaires. « Dans la vie, il faut savoir faire des compromis politiques dynamiques pour avancer vers l’essentiel », a-t-il laissé entendre.
A l’en croire, c’est à la Justice, déjà saisie, de trancher la question du CNT. « Nous avons dit que le dossier du CNT est pendant devant la justice. Le temps de la justice est différent de celui de la politique. Nous nous sommes entendus de réorienter la transition, lui donner un nouveau visage en attendant que la justice tranche. Si demain, la justice dit qu’il faut dissoudre le CNT, il sera dissout. Mais si elle dit que le M5 est débouté, le CNT continue. Il y a aucune honte dans ça », a déclaré Dr Choguel Kokalla Maïga aux responsables de l’Association des Élèves et Étudiants du Mali avant d’ajouter : « Avec les militaires, on a dit que le dossier du CNT est devant la justice. En attendant qu’elle tranche, trouvons un compromis politique. Ce compromis est que la direction du gouvernement revienne au M5 et on réoriente la trajectoire. C’est aussi cela la démocratie ».
Pour Dr Choguel Kokalla Maïga, si le M5-RFP refusait de faire de compromis avec les militaires sans que la justice ne tranche sur le dossier du CNT, il aura oublié ce qui est ce qui est nécessaire pour le Mali. « La politique, c’est l’art de réaliser ce qui est possible et rendre possible ce qui est nécessaire. Ce qui est nécessaire aujourd’hui, c’est la stabilité politique de la transition. Que les Maliens aient confiance au gouvernement de la transition pour qu’il puisse amener le processus à terme. Il faut le rendre possible et au nom de cela, il fait faire des concessions. Et la concession que le M5 a fait, c’est de dire qu’il laisse la question du CNT à la justice », s’est justifié le Premier ministre.
Boureima Guindo
Source : Le Pays