Les fragilités qui ont marqué l’année dernière vont-elles prendre fin assez rapidement en 2021 ? Comme Dieu est omnipotent, on peut espérer sans enfouir sa tête dans le sable et souhaiter une année 2021 avec la fin des incertitudes, la fin de l’insécurité et de la frayeur terroriste, la fin de la terreur de la pandémie de covid-19 et de toutes les maladies, la fin de la pauvreté…
Au même titre, souhaitons une année 2021 marquant l’effacement des déchirures et des tiraillements politiques au sommet de l’Etat et au sein de la classe politique. Car sait-on, les contingences politiques ont inévitablement des effets immédiats, à moyen ou long terme, sur la société civile, l’armée et toutes les entités nationales. C’est-à-dire que de l’attitude, du comportement et du caractère de la classe politique, pour ainsi dire de ses acteurs, découle l’état du pays ou encore la santé de l’Etat. L’on préfère entretenir comme un bétail électoral, le manque de formation citoyenne de masse des Maliennes et des Maliens. Nous avons tout à reprocher à la classe politique, à laquelle l’Etat malien consent une perfusion annuelle de quelques milliards de FCFA. Du fait des conséquences de la mauvaise gestion, la corruption et l’enrichissement illicite érigés en règle à tous les niveaux, l’électorat malien, les populations restent manipulables à souhait. L’électeur éduqué, pour être un militant et non un citoyen, ne sait pas trop de son bulletin de vote et ne l’utilise pas pour apporter le changement qualitatif. On est dans ce pays, on ne s’en sortira pas ! « Il faut que ça change, ça doit changer !»
La stabilité de l’Etat malien et la quiétude des populations dépendent des rapports entre les acteurs politiques d’une part et des rapports entre ceux-là et les autorités au pouvoir, représentant l’Etat d’autre part. Autant ces deux niveaux resteront tumultueux, haineux ou rancuniers, marqués par des tiraillements sans lendemain et qui n’ont d’essence qu’égocentrisme, nous ne serons pas surpris d’une année 2021 pire que 2020 ! Qu’à Dieu ne plaise ! Sans être devin, nous aurions averti, espérant que ces mots ne tomberont pas dans des oreilles de sourds.
Avec le nord et le centre où règnent en maîtres, les extrémistes violents, le sud qui connaît des incertitudes liées à une campagne agricole ou cotonnière périlleuse et une région de Ségou, grenier du Mali où la récolte du riz est également en péril à Niono, à cause du terrorisme qui étend davantage ses tentacules, le pire est à craindre. A cela s’ajoute une pandémie de Covid-19 à contenir. Avec tous ces défis, la transition que nous traversons ne représente-t-elle pas assez d’incertitudes pour que les Maliens se retrouvent et unissent leurs mains autour de la jarre trouée, comme l’avait suggéré un roi africain, il y a plus d’un siècle ? « La jarre trouée contient l’eau qui donnera au pays le bonheur. Si tous les enfants venaient, par leurs doigts assemblés à en boucher les trous, le liquide ne coulerait pas et le pays serait sauvé ». Cela n’est point une affaire Bah N’Daou ou Assimi Goïta. Avant eux, il y a eu ATT et IBK, tous élus et même infortunes. Alors ne va-t- on jamais tirer leçon ? C’est sûr que d’autres ont où aller. Quant à nous, nous n’échangerons le Mali pour rien au monde.
B. Daou
Source : Le Républicain