Quelques poils au menton, des traits tirés, des pommettes pas assez fines et plus de muscles dans les bras que la moyenne font-ils d’une femme… une non femme? Évidemment, dans ce monde de la bien pensance et de la récupération idéologique rapide, on se garde bien d’employer un tel vocable. Hyperandrogénie, préfère-t-on dire. Le sujet agite l’IAAF, l’instance dirigeante de l’athlétisme, depuis l’émergence de Caster Semenya, athlète intersexe, et ses premiers exploits aux Mondiaux 2009.
La Sud-Africaine, championne du monde du 800 mètres cette année-là à Berlin, avait alors été soumise à des tests de féminité. Elle avait été interdite de compétition durant onze mois, avant d’être réintégrée. En vertu d’un texte adopté par l’IAAF en 2011, les athlètes qualifiées d’hyperandrogènes comme Semenya devaient abaisser chimiquement leur niveau de testostérone pour pouvoir concourir, ce qui, selon la Sud-Africaine et sa fédération, est en violation des dispositions de la Constitution de l’IAAF et de la Charte olympique. Le TAS (Tribunal arbitral du sport) décidera cette semaine de la légalité ou non de cette nouvelle mesure. Loin de permettre de s’indigner pour s’indigner, le cas Semenya pose un certain nombre de problèmes.
D’équité notamment. Comme soulevé assez judicieusement par l’une des athlètes, il lui sera, à elle, impossible de gagner une médaille d’or tant que la Sud-Africaine sera encore en compétition. Intéressant. Dans la même veine, avancer que les jambes de Bolt l’avantageaient ne serait pas si saugrenu. Ou encore arguer que Shaquille O’Neil était bien trop imposant pour le basket ou les Kényans géographiquement trop bien placés pour les courses de fond. De la différence doit se nourrir ce monde. C’est d’ailleurs ce qui fait sa diversité! Autrement, il ne serait que morose.
Boubacar Sidiki Haidara