Le décompte des voix est toujours en cours, mais déjà l’opposition pose en effet un ultimatum : le processus électoral doit être stoppé dès aujourd’hui. En cause, la très forte abstention lors de ces législatives, du certainement au boycott de l’opposition. Toujours pas de chiffre officiel mais elle pourrait atteindre des records à en croire les observateurs dans les bureaux de vote dimanche. La présidence n’a pas tardé à rejeter d’un revers de la main cet ultimatum, affirmant dans un communiqué que « le processus électoral s’est déroulé conformément aux lois de la république ». Pas de quoi calmer la colère de l’opposition, reprise ce matin dans de nombreux titres de la presse béninoise.
« Le peuple a refusé la dictature. Le peuple exige le retour à notre démocratie » voilà ce qu’en dit notamment Boni Yayi, l’ancien président béninois, dans les colonnes du journal La Tribune. Il participait hier à une réunion de l’opposition. Une opposition privée de scrutin, on le rappelle, c’est une première depuis la transition démocratique en 1990.
L’opposition a donc présenté un visage uni hier
Autour de la table, aucun ne manque à l’appel. Boni Yayi donc, mais aussi un autre ancien chef d’Etat béninois Nicéphore Soglo, son épouse Rosine Soglo ou encore l’ancien ministre Candide Azannai.
Pour l’occasion, le siège de la Renaissance du Benin à Kouhounou a été rebaptisé « siège de la résistance » raconte le site Beninwebtv qui reprend lui aussi les mots de l’ancien président béninois Boni Yayi. Ce dernier qualifie le scrutin d’« Illégitime et illégal (…) sans opposition et sans consensus ». Dans sa déclaration sur le déroulement des élections législatives dimanche soir, le ministre de l’Intérieur béninois Saca Lafia avait bien « condamné les violences » mais il estimait aussi que le processus démocratique suivait son cours au Benin, rappelle La Nation. Boni Yayi, lui, conteste. Pour l’ancien président: « Il n’y a pas eu d’élection démocratique,il y a eu beaucoup de morts, des blessés et des dégâts non moins négligeables »,peut-on lire sur le site du média en ligne.
La presse béninoise revient aussi ce matin sur la coupure d’internet dimanche pendant le scrutin
Après le temps de l’indignation, celui des questions. « Que craint-on ? Était-on obligé d’en arriver-là ? qu’est-ce qui fait si peur ? » se demande aujourd’hui Le Matin libre. Le journal rappelle que « de tout temps, les élections au Bénin, n’ont pas été sans les médias modernes. Du moins, depuis qu’ils y ont pris corps. Mêmes, les élections présidentielles dernières, qui ont consacré l’élection de [Patrice Talon] ont été vécues par les internautes. Les tendances, les points de vue, chacun y allait rondement » se remémore le journal. Mais dimanche dernier « la toile n’a pas jasé (…), faut-il le rappeler, sans communiqué d’avertissement, sans aucune alerte ». L’opérateur MTN a décliné toute responsabilité, et a d’ores et déjà promis de rembourser les forfaits internets perdus par les abonnés.
A la Une également, cette nouvelle attaque dans la province de Soum au Burkina Faso
Elle a visé dimanche une église protestante de Silgadji, à 60 km de Djibo. « Il est 13h, les fidèles quittent l’église à la fin de l’office religieux quand les assaillants sont arrivés à moto » raconte un témoin interrogé par l’AFP et cité notamment par Jeune Afrique. « Ils ont tiré des coups de feu en l’air avant de viser les fidèles » Bilan : 6 morts. Le pasteur, et 5 fidèles.
« Le Burkina Faso est confronté depuis quatre ans à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières, attribuées à des groupes jihadistes » explique le site Africa news. « Si des prélats chrétiens et musulmans ont déjà été visés, il s’agit de la première attaque d’une église depuis 2015, date des premières attaques jihadistes » poursuit le journal.
« A quel saint se vouer désormais ? » interroge donc le Wakat Serat dans son éditorial. « L’horreur des attaques terroristes continue de prendre des proportions inquiétantes », nous dit le journal burkinabè. « Elle ne se fixe plus de limite, s’attaquant pour la première fois à un lieu de culte chrétien. Jusque-là épargnée dans un Burkina Faso où la tolérance est une valeur très partagée par les différentes obédiences religieuses, la religion est désormais prise pour cible ».
Source: Rfi