Les dialogues “serpent-de-mer” ou le mirage d’une sortie de crise : multidimensionnelle

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Ibrahim Ikassa MAIGA
Ibrahim Ikassa MAIGA

A l’orée de ce nouvel an 2020, notre Chère Patrie, le Mali, est plus que jamais à la croisée des chemins, vivant d’espérances nourries et d’espoirs déçus au gré d’événements prometteurs et de fortunes diverses, et ballotté entre promesses d’autorités nationales impuissantes et d’engagements de groupes armés de tous poils et ceux d’une certaine communauté internationale insaisissable.

La énième bouée de sauvetage lancée en cette fin d’année est celle dénommée « Dialogue national inclusif » en sa phase finale tenue du 14 au 22 décembre 2019, mobilisant force engouement et espérance, sur fond de remise en cause des qualificatifs dont il est affublé : « national » et « inclusif », bien entendu à prendre avec des pincettes et à relativiser de façon raisonnée.

Et pour cause, les raisons et motivations de la non-participation d’une grande frange de la classe politique, de formations syndicales, de forces et d’organisations de la société civile, depuis les phases locale et extérieure jusqu’à la réunion au niveau national, doivent être comprises dans leur contexte, tout en donnant une idée du chemin à faire, en termes de retour de la confiance effilochée et des attentes de gestion sincère, à la charge des tenants du régime en place devant créer les conditions d’une union sacrée, tant demandée depuis belle lurette, autour de la République à eux confiée.

D’ailleurs, ce n’est ni la première ni même la demi-douzaine de fois (excusez du peu !) que le régime Ibrahim Boubacar Keïta (IBK, de son sobriquet mystificateur… d’antan) snobe et envoie balader ceux qui lui propose un débat national, s’accrochant frénétiquement à sa « légitimité » ne tolérant pas que d’autres pensent à sa place, a fortiori de façon « souveraine », en oubliant que sa gouvernance au long court est manifestement des plus chaotiques et caractéristiquement des plus improbables pour sortir le Mali de l’enlisement fatal et de l’immobilisme mortifère.

Flashback de la demande politique et sociale de dialogues réels et sincères :

Première proposition de dialogue, premier rejet !

Au sortir des élections générales de 2013, l’opposition politique conduite par Soumaïla Cissé a proposé au nouveau président élu Ibrahim Boubacar Keïta, la tenue d’assises nationales pour faire l’état de la Nation, en raison de l’instantanéité et de la profondeur de la crise multidimensionnelle que le pays traverse depuis janvier 2012.

Ce serait l’occasion également d’élaborer une vision commune et globale en prélude aux négociations que l’Accord préliminaire de Ouagadougou du 18 juin 2013 engageait le nouveau gouvernement, dans le bimestre subséquent, à ouvrir avec les groupes armés, après avoir permis au régime de transition du Pr Dioncounda Traoré d’obtenir une trêve sécuritaire et d’organiser les scrutins sus-évoqués.

Cependant, l’autisme du nouveau régime a fermé toute possibilité de communion nationale, de mobilisation des intelligences, des ressorts et énergies dont regorge le Pays aux fins d’une résolution concertée de la crise malienne. S’en est suivi une attitude comportementale et discursive suicidaire au plus haut sommet de l’Etat, donnant l’impression aux citoyens crédules que les nouveaux locataires de Koulouba avaient de bonnes raisons de hausser ainsi le ton plutôt que d’une démarché diplomatique prudente, de se payer le luxe d’un Boeing présidentiel plutôt que d’un réarmement moral et matériel de la troupe au front.

Deuxième proposition de dialogue, deuxième rejet !

Il a fallu la débâcle du contingent de l’armée nationale à Kidal en mai 2014, pour que le pouvoir soit obligé de demander un cessez-le-feu (toute honte bue !) et de négocier pour concéder un Accord dit pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Nous tombions des nues, voyions notre peu d’honneur et de dignité – qu’on nous avait pourtant promis d’élever au firmament du concert des Nations – jeter aux orties, et observions l’accélération de notre descente aux « enfers » ! Rien que d’y penser donne encore mal au cœur et au corps !

Dans le désordre de l’étourdissement, les négociations de l’Accord issu du processus d’Alger par le régime IBK n’ont voulu et pu associer les forces vives de la Nation malgré l’insistance de l’opposition républicaine et d’autres forces vives d’organiser des ateliers nationaux pour dégager des stratégies d’approche, des arguments et des éléments de langage à l’usage des représentants de la partie gouvernementale, supposée portée les visions et desiderata du reste du peuple face des groupes rebelles désormais bien adossés sur des soutiens insoupçonnés jusque-là, sur les plans intellectuel, diplomatique et géopolitique. Rien n’y fit !

Troisième proposition de dialogue, troisième rejet !

Et même la Conférence d’entente nationale (CEN) a été escamotée et travestie en avril 2017, alors qu’elle était censée permettre à la population malienne de s’approprier le contenu du désormais « Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger signé à Bamako les 15 mai et 20 juin 2015 », en avoir une compréhension commune des dispositions et dégager un chronogramme convenu de sa mise en œuvre. Non seulement la CEN n’a pas débattu de tous les contours de la crise malienne, mais ses conclusions ont été purement et simplement remises en cause par le Président IBK himself.

Dans la foulée, le pouvoir, à la surprise générale et dans une démarche solitaire, opère une tentative de révision constitutionnelle au forceps, envisagé plus en application de l’Accord issu du processus d’Alger, d’ailleurs toujours méconnu de la grande frange de la Nation, que pour la volonté supposée de réadaptation et de modernisation de la vie institutionnelle du pays… par temps de guerre. Bravo !

Quatrième proposition de dialogue, quatrième rejet !

La demande de la classe politique et des forces sociales d’organiser de larges concertations sur l’opportunité même d’une révision de notre Constitution consensuelle issue de la Conférence nationale de 1991, et le cas échéant l’appréciation commune et consensuelle des aspects conceptuels, formels et matériels d’une telle initiative référendaire, s’est butée à une innommable intransigeance des pouvoirs publics… Cet état de fait était de nature à donner raison aux citoyens soupçonnant que l’intérêt de la révision projetée était autre que national, le tout couronné par le pot-aux-roses d’une rédaction du projet de texte constitutionnel dans des officines d’outre-mer… payées rubis sur ongle.

Il n’en fallait pas plus pour que les Citoyens, mobilisés comme un seul homme au sein de la « Plateforme Antè Abana », se braquent contre cette tentative de révision constitutionnelle à la hussarde, envisagée en application de l’Accord issu du processus d’Alger au titre des engagements du gouvernement, ainsi fouetté par les groupes rebelles et la communauté internationale.

Cinquième proposition de dialogue, cinquième rejet !

Et, c’est dans une insécurité toujours grandissante, qui s’épand des régions du nord vers celles du centre du Pays et qui fait de plus en plus de victimes, que l’élection présidentielle est organisée dans des conditions scabreuses. S’en suit une crise postélectorale qui se rajoute à un malaise social ponctué de grèves interminables de magistrats, d’enseignants, de médecins et infirmiers, de chargeurs et camionneurs, de commerçants et petits vendeurs, voire de confédérations syndicales entières, etc.

Des marches et meetings géants de l’opposition républicaine ont provoqué les erreurs et errements politiques du régime illégitime d’IBK, le poussant à une répression sauvage desdites manifestations. Pire, une tentative subreptice de découpage territorial a été désapprouvée avec véhémence, ainsi qu’une nouvelle tentation de révision de la Constitution de 1992, à travers la mise en place solitaire d’un comité d’experts ad hoc.

Autant le projet de découpage et de saucissonnage territorial fut rejeté avec ardeur, autant le énième dessein de révision subreptice de la constitution de la Révolution de mars 1991 furent combattus, parce que n’associant point la volonté populaire nationale, et parce que refusant d’ouvrir un débat large, inclusif et largement entendu de tous.

Au lieu de perspectives d’un débat national en profondeur sur les tenants et aboutissants de la lancinante et éprouvante crise nationale, le pouvoir en place a cru bon d’installer un semblant de dialogue à travers l’élargissement du traditionnel cadre de concertation Gouvernement et Partis politiques ; toute chose rejetée par l’opposition politique qui continue d’exiger un dialogue sincère et inclusif, avec en coin la nécessaire refonte du système électoral qui a fini de montrer ses limites.

Dans la foulée de ces atermoiements du gouvernement, des leaders religieux, des partis politiques de l’opposition et des organisations de la société civile se sont dressés contre une tentative d’introduction de “l’éducation sexuelle complète”, ainsi que contre la gestion hasardeuse de la crise sécuritaire qui s’est résolument installée dans les régions de Mopti et de Ségou, avec une cruauté inégalée. Finalement, les meetings et marches, notamment des 10 février et 5 avril 2019 ont eu raison du gouvernement de l’époque, sur fond de motion de censure « conjointe » de l’opposition et de la majorité parlementaires. Du jamais vu dans la vie institutionnelle malienne !

Enième recours…. au Dialogue dit national et inclusif (DNI) finalement dénaturé et banalisé :

Sixième proposition de dialogue, sixième rejet !

Acculé dans ses derniers retranchements, le pouvoir a dû solliciter la proposition d’un accord-cadre politique, dans le sillage de quelques rencontres en tête-à-tête tenues entre IBK et le Chef de file de l’opposition républicaine, Soumaïla Cissé. Mais, le réflexe d’esquive du régime a pris le dessus sur la raison d’instaurer un véritable cadre de décrispation politique et d’adopter une feuille de route des priorités identifiées, dans un cadre entendu de « partage de responsabilités » tant matériel que temporel. Et c’est encore non pour non !

Les contre-propositions de l’opposition ont été royalement méconnues pour instaurer une nouvelle gouvernance des affaires publiques et la promesse de tenue d’un dialogue véritablement intégral et inclusif, qui a été l’élément motivant des plus prudents, n’a pas été tenue, tant dans le processus de choix des personnes chargées de sa conduite que dans la définition des termes de référence devant conduire la phase opérationnelle dudit Dialogue.

D’ailleurs, à côté de l’URD du Chef de file de l’opposition républicaine Soumaïla Cissé, et Président du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), constitué notamment de Choguel K. Maïga du MPR, de Me Mountaga Tall du CNID, de Koniba Sidibé du MODEC, du MSR de Aboubacar Touré, du FAD de Nouhoum Sarr, de l’Association Nieta, …, d’autres partis et groupements de partis politiques et associations de la société civile n’ont pas pris part au DNI tel organisé. Il s’agit notamment de la Plateforme Anko Mali Dron avec FARE An Ka Wili, l’A.De.Ma-Association de Mme Sy Kadiatou Sow non moins Présidente de l’emblématique Antè Abana, la Centrale CSTM de Hamadoun Amion Guindo, la Coalition contre la partition du Mali de Abdel Kader Maïga, etc., ainsi que de CNAS-Faso Hère de Soumana Sacko, le Sadi de Dr Oumar Mariko, la Ligue démocratique pour le changement de Gén. Moussa Sinko Coulibaly, l’ADEPM de Dr Aboubacar S. Fomba, …

Et c’est peu le dire, le caractère inclusif tant vanté est loin d’être effectif pour des raisons liées essentiellement, à mon sens, à l’autisme stérile du pouvoir en place, à un ego surdimensionné de donner cours à la pertinence et à l’objectivité des propositions des esprits avertis et des gardiens de la République pour l’instauration de conditions et de garantie d’un véritable dialogue, tant les uns et les autres en ont assez eu d’être floués et de voir jouer, au poker-menteur, avec l’avenir et le devenir de la Nation.

Finalement les promesses mirifiques de dialogues du régime IBK sont d’interminables “serpents-de-mer” faisant espérer et désespérer, à l’envie, le peuple malien buté, à son corps défendant, au mirage de sorties de crise multidimensionnelle toujours repoussées à plus tard.

Les garanties d’un dialogue national et inclusif sérieux et efficient :

Au reste, le regroupement du FSD ne demande rien d’extraordinaire en soumettant, en termes de contribution à l’atelier de validation des TDR du Dialogue tenu en mi-septembre 2019, une conditionnalité de son éventuelle participation en sept points comme suit :

  • que le Dialogue ne soit pas que politique mais national, étant entendu que la proposition d’accord politique du FSD suggérait en deux séquences un dialogue politique dit « de haut niveau » devant servir à élaguer les aspérités entre acteurs politiques pour ensuite aller à un dialogue national entre tous les forces socio-politiques ; la proposition a été dévoyée et mal intégrée dans l’accord politique de gouvernance (APG) sous forme de dialogue « politique » inclusif, oubliant que cela était désormais désuet après signature de l’APG ;
  • que soit évalué l’utilité de tous les participants et allier l’inclusivité à la représentativité paritaire, tant de la majorité, de l’opposition que de la société civile, en évitant la surreprésentation de l’Etat qui devrait se limiter strictement à la facilitation logistique, sécuritaire et budgétaire. Nous savons que l’Administration étatique est aux ordres du pouvoir gouvernemental et politique, et nous voyons mal un gouverneur ou un préfet faire autrement qu’en application des instructions du Ministre de tutelle. A propos de société civile, il y a une forte dénaturation du concept, tant il a été le plus souvent utilisé à des fins politiciennes à outrance ; et je rappelle, à ma lecture des choses, que c’est la « société civile » qui avait porté la candidature du Président Amadou Toumani Touré en 2002, sous la férule du « Mouvement citoyen » et qui se trouvait du coup comptable de la gestion du pouvoir politique au Mali ;
  • qu’il soit précisé à l’avance que le processus décisionnel qui devrait être sanctionné par une majorité qualifiée des trois-quarts (3/4), à défaut de consensus sur un point donné. Cette demande est intimément liée au point précédent et ne peut être efficiente que lorsque le choix des participants au Dialogue a été tamisé et convenu, à tous les niveaux ;
  • que soient débattues les raisons des retards et blocages de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger et, le cas échéant, envisager sa relecture ;
  • que soient appréciées l’opportunité et la pertinence de la révision constitutionnelle en ce moment en raison, entre autres, de l’absence de l’Etat à Kidal et dans bien des localités du centre et du nord, de la persistance voire l’aggravation de l’insécurité ; et de la nécessaire mise en place des règles et mécanismes permettant la transparence des consultations électorales ou référendaires ;
  • qu’il soit affirmé clairement le caractère exécutoire et contraignant des résolutions adoptées, pour dorénavant couper court à la sempiternelle manœuvre de parlementer sans engagement, de produire des recommandations pour ensuite les reléguer aux oubliettes sans aucune conséquence ;
  • et enfin qu’il soit mis en place le mécanisme d’un Comité de suivi indépendant et participatif, dans la logique des points 2 et 3 ci-dessus.

Pour revenir à l’exigence de conférer un caractère exécutoire et contraignant aux résolutions attendues, d’aucuns vont jusqu’à estimer que c’est trop demander à un pouvoir « légitime », alors que le contexte de crise de confiance et de méfiance fondée sur du vécu milite à se prémunir de précautions pour ne pas continuer à servir de faire-valoir à un pouvoir abonné à l’esbrouffe et à au jeu politicien, au détriment d’une action résolue de recherche des moyens et solutions de sortie de crise.

D’ailleurs, un pouvoir qui a concédé et signé un Accord comme celui issu du processus d’Alger avec son contenu et ses accessoires occultes convenus en faveur de groupes irrédentistes et anti-républicains (quand le pouvoir était encore plus légitime), a connu pire et ne doit rien craindre des citoyens républicains et patriotes réclamant le cadre d’un dialogue national, ouvert, inclusif, démocratique…, même si on y ajoutait le qualificatif “souverain”.

Et qui plus est, comment comprendre qu’on veuille :

  • mobiliser les populations, par temps de travaux ruraux intenses, pour tenir des concertations locales dans les quartiers, villages et communes, …
  • drainer des délégations de forces vives de la base vers les cercles, des cercles vers les régions, …
  • demander aux Maliens établis à l’extérieur d’abandonner leurs occupations pour se retrouver à échanger en un lieu, situé souvent à dizaines voire des centaines de kilomètres de leur résidence respective, …
  • convier les représentants de la société civile, des forces socioprofessionnelles et politiques de l’intérieur comme de l’extérieur à “dialoguer” entre elles et “diagnostiquer” les écheveaux de la crise multiforme malienne, durant des jours et des jours, pour en proposer des solutions concertées et convenues, …

… Et refuser de donner la garantie d’une application fidèle et intègre de ces solutions, … Cela est singulièrement une perte de temps, d’efforts et de moyens, mais aussi un manque de compassion et de considération pour le Peuple malien meurtri, déjà déçu par l’exemple du sort funeste réservé aux conclusions de la Conférence dite d’entente nationale de 2017. Et c’est bien dommage pour notre Peuple d’en être là, dans son profond désarroi et face à son destin !

Tenue de la phase nationale du Dialogue et confirmation des craintes de l’opposition :

Enfin, le Dialogue dit national inclusif s’est tenu mais à la clé aucune surprise : les problèmes étaient connus depuis fort longtemps et les solutions proposées aujourd’hui ne sont point nouvelles. Et finalement, le plus important demeure les centres d’intérêt et les conditionnalités de l’oppositions : la question essentielle demeure l’ordre de priorité et de traitement des problèmes et surtout la garantie d’application des résolutions convenues !

D’ailleurs, j’ai relevé le constat final du Journal “Le Soir de Bamako” n°5248 du lundi 23 décembre 2019, page 5, concluant à propos du Dialogue que « les classes politiques présentes aux travaux ont un sentiment satisfaisant, mais restent sceptiques quant à l’application des résolutions et recommandations ». En un mot, cela confirme simplement les inquiétudes et appréhensions du FSD dont la prise en compte des conditions et propositions de balisage aurait permis de lever les doutes et équivoques qui fusent aujourd’hui.

Et c’est dommage pour le Mali, avec tant de mobilisation d’énergies humaines, d’espérances légitimes et de moyens matériels, pour ne laisser que cet arrière-goût d’inachevé !

Le plus inquiétant est que parmi la foultitude de questions et de solutions d’approche identifiées l’on soit parvenu, comme par miracle, aux « résolutions » suivantes :

  • Résolution n°1 portant sur l’organisation des élections législatives ;
  • Résolution n ° 2 portant organisation du référendum constitutionnel ;
  • Résolution n° 3 portant sécurité et retour de l’administration ;
  • Résolution n°4 portant sur l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.

Présentées dans un certain ordre (fortuit ?), ces quatre « résolutions » sont la priorité des priorités à exécuter immédiatement en 2020, et la litanie des autres « recommandations » de vœux pieux peuvent attendre… 2023, que dis-je 2030.

Et, veuillez apprécier « le pouvoir de prestidigitation » du FSD qui, dans un communiqué avait prévenu que “tel qu’il se déroule, le dialogue national inclusif à des finalités connues et une mise en scène ficelée qui sont absolument contraires aux intérêts du Mali” ; il s’agit en l’occurrence de l’application de l’Accord issu du processus d’Alger et de la révision constitutionnelle.

Toutefois, il faut dire qu’il ne fallait pas nécessairement une grande capacité de divination pour se rendre à cette évidence, puisque le fameux Accord politique de gouvernance n’avait comme objectifs principaux que l’application de l’Accord issu du processus d’Alger et la tenue d’un dialogue devant aboutir à un projet de loi de révision constitutionnelle.

Donc, tout ça pour ça ! Au finish, toute cette débauche d’énergies et de coups fourrés autour du Dialogue n’est que subterfuges pour parvenir à ces fins connues d’avance, et dont l’atteinte ne pouvait tolérer les « conditions » de participation posées par l’opposition, dont finalement on déplore faussement l’absence aux assises du Dialogue.

Au surplus, l’URD était préparée et prête à toute éventualité de dialogue sur toutes questions nationales ou les préoccupations sociopolitiques de tous ordres, tant à travers la profondeur de son projet de société et de son programme politique que par la pertinence de ses propositions de réformes affinées au fil d’ateliers et séances d’échanges avec des partenaires politiques et sociaux.

C’est cela qui inquiétait plus d’un, et la crainte de ne pouvoir canaliser les positivités débordantes qui couvaient, poussait à nous sortir du jeu par le rejet péremptoire des conditions de participation du FSD au DNI, alors même que leur acceptation ne coûterait rien, et bien au contraire, leur prise en donnerait plus de crédit et de confiance autour du Dialogue envisagé. Mais hélas !

Du reste, ce sont des réserves similaires que la Plateforme Anko Mali Dron, la CNAS-Faso Hèrè, l’ADEPM ou même le parti SADI ont exposé pour justifier leur non-participation. Et le temps et les faits nous donnent simplement raison !

La lutte continue pour un Mali pour debout et digne !

De pressants appels à « rejoindre » le processus de mise en œuvre des « résolutions et recommandations » du Dialogue fusent de toutes parts à l’adresse des non-participants aux assises susdites. J’en suis éberlué, au regard du zèle et du ton de ceux qui, aujourd’hui dans le giron du pouvoir en place, nous écorchent ; alors qu’il y a juste quelques temps, étant dans nos rangs à l’opposition, poussaient les lignes plus vers un jusqu’au-boutisme de mauvais aloi, n’eut été la lucidité des leaders de l’opposition qui ne voyaient et ne voient, eux, que l’intérêt supérieur du Pays.

A mon entendement, ceux qui ont convenu des modalités de tenue du Dialogue peuvent bien en assurer et assumer les mécanismes de mise en œuvre, puisqu’aucune oreille attentive n’a été prêtée aux demandes raisonnées des non-participants, qui ne pouvaient plus se contenter des « promesses » d’application des résolutions venant d’un pouvoir qui en a fait avaler des couleuvres.

D’ailleurs, rien de nouveau en termes de problèmes nationaux et de solutions, qui d’ailleurs relèvent tout simplement du rôle régalien et de la gestion quotidienne d’un gouvernement, défaillant devant l’éternel, et tout aussi gros jean comme devant, aujourd’hui comme à l’entame du premier quinquennat.

Les gardiens de la République veillent, et le Peuple ne sera pas trahi. L’opposition patriotique qu’on a voulu dépeindre en diable, sous des présupposés de mains tendues et d’appels à l’union sacrée ponctués de fausses notes et d’invectives, puis jeter en pâture, jouera pleinement son rôle légal et son devoir républicain de « suivre et de critiquer l’action gouvernementale », et ce, aux côtés des autres forces vives sociales. En tous les cas, l’application aveugle de l’Accord issu du processus d’Alger ne passera pas, pas plus qu’une révision scélérate de la Constitution de 1992.

La solution est qu’une fois il est établi que les problèmes et leurs solutions sont connus et même allègrement listés par des participants de bonne foi au Dialogue mais peu avertis au jeu politicien qu’on leur a servi, il faille traiter ces « problèmes et solutions » par ordre de priorité des intérêts de la Nation, suivant l’agenda du Mali, et pas autre. Nous y veillerons pour sûr !

Bonne et heureuse Année 2020 à toutes et à tous, et la lutte continue pour un Mali pour debout et digne. Vive la République, vive le Mali !

Ibrahim Ikassa Maïga

Source : L’Aube

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