International Crisis Group affirme dans un rapport que les groupes armés islamistes ont trouvé dans les mines artisanales du Mali, du Burkina Faso ou du Niger une nouvelle source de financement et de recrutement.
Ces trois pays sont directement frappés par la propagation des activités djihadistes à partir du nord du Mali depuis 2012. Ces agissements se doublent de conflits intercommunautaires. Les violences ont fait des milliers de morts, combattants et civils. Ces Etats pauvres peinent à faire face, malgré la présence de forces étrangères et de l’ONU, et à contrôler de vastes étendues de territoire également livrées au brigandage. Les djihadistes se financent eux-mêmes grâce à de multiples trafics. Les «groupes armés, y compris djihadistes, trouvent dans les mines d’or une nouvelle source de financement, voire un terrain de recrutement», dit l’ICG. Les sites aurifères peuvent même servir de lieu de formation, par exemple au maniement des explosifs, dit-il.
Jusqu’à 4,5 milliards de dollars par an
L’ICG souligne l’importance des enjeux non seulement sécuritaires mais financiers. «La production artisanale (d’or) représenterait désormais près de 50% des volumes produits industriellement. Elle atteindrait chaque année 20 à 50 tonnes au Mali, 10 à 30 tonnes au Burkina Faso et 10 à 15 tonnes au Niger, soit une valeur monétaire globale située entre 1,9 et 4,5 milliards de dollars par an», dit-il. «Plus de deux millions d’acteurs seraient directement impliqués dans l’orpaillage artisanal: un million au Burkina Faso, 700.000 au Mali, et 300.000 au Niger», estime l’ONG, selon laquelle le nombre d’emplois indirects pourrait être trois fois plus élevé.
L’ICG préconise que les Etats «réinvestissent» les zones aurifères, soit directement, soit par l’entremise d’intervenants privés, et réglementent davantage l’exploitation artisanale. Il appelle les Emirats arabes unis (Dubaï spécifiquement), la Suisse et la Chine, «principaux importateurs» de l’or sahélien, «à renforcer le cadre légal de leurs importations d’or» pour réduire le risque de blanchiment d’argent et de financement des groupes armés.
Par Le Figaro avec AFP
Source : lefigaro