La vassalisation des institutions constitutionnellement indépendantes et l’institutionnalisation de la médiocrité sur fond de népotisme aliènent le système politique malien. L’attachement démocratique ne cesse de s’affaiblir face au retour fulgurant d’un pouvoir autocratique où la crise d’autoritarisme du Président montre qu’il est en perdition, démocratiquement parlant, après le show de l’élection (nomination) du Président de l’Assemblée nationale.
Prenons le parti d’en sourire même si le sujet ne s’y prête guère, non seulement parce qu’il est question d’impasse économique, politique, et sociale, mais également de la surface politique, peut-être intellectuelle pour diriger une auguste assemblée qui n’est pas au rendez-vous. Qu’il est loin, mais si proche ce jour de juillet 2018, où à l’occasion du lancement de l’opération 13 000 PC-tablettes du projet ‘’DONIYA’’ ou ‘’Un étudiant, Un ordinateur’’ le Président IBK : « nul ne sera invité au banquet de l’universel qu’il n’aura mérité ». Le mérite serait-il à géométrie variable ? Les valeurs démocratiques devraient-elles être liquidées pour la promotion de sicaires et lampistes ?
Pour la réalisation du new deal politique promis un 4 septembre 2018, dans un discours d’investiture, pendant que la rue procédait également à son investiture, le carburant de la confiance est ce qui manque le plus. Or, la confiance, comme chacun le sait, ne se décrète pas, elle se gagne. Et comme chacun le sait, la propagation de la crise de confiance a gagné le pays depuis que l’honneur et le bonheur de la famille ont remplacé l’honneur et le bonheur des Maliens.
Le fait du prince est consacré, depuis ce sinistre 11 MAI 2020 au Centre international de conférence de Bamako (CICB) ; mais pas tant sacré que ça. Quand il porte sur une stratégie rampante de mise sur rampe d’une progéniture (la succession monarchique), il faut se préparer à une vive opposition de la population qui n’est pas à confondre avec certains élus malléables, corvéables, vendables et achetables à souhait et qui sont le modèle plus achevé et le plus achalandé de la vénalité. Quand les députés qui sont censés incarner l’Opposition (indispensable dans toute démocratie sérieuse) s’y refusent ; pis, trempent dans le putsch contre la démocratie, sans être fataliste, on peut faire ses adieux à la démocratie. Une chambre monocolore est la légitimation parfaite de la douce tyrannie démocratique. Pas étonnant qu’ils se retrouvent pour faire sa fête à la démocratie malienne : les oiseaux du même plumage font le même ramage. C’est le peuple le dindon de cette vaste farce démocratique. Ainsi, ce peuple risque de ne jamais voir la terre promise !
PAR BERTIN DAKOUO
Source : Info-Matin