Les militaires du Sahel ont besoin d’une meilleure gouvernance pour faire face à la menace terroriste

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Les famas
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La fraude et le favoritisme ont laissé les forces de défense et de sécurité de la région mal équipées pour faire face au terrorisme.

Les attaques terroristes contre les forces de défense et de sécurité d’État sahéliens soulèvent des questions quant à la capacité de ces armées à résister aux menaces extrémistes et à protéger les populations. Au total, 271 soldats ont été tués lors des récentes attaques contre les camps militaires de Chinagodar et Inatès au Niger, Indélimane et Boulkessi au Mali, et Koutougou au Burkina – dans la région du Liptako-Gourma (voir carte ci-dessous).

Beaucoup d’autres ont été blessés et du matériel essentiel a été volé. Selon les Nations unies, plus de 4 000 décès dus à l’extrémisme violent ont été signalés au Niger, au Mali et au Burkina en 2019, contre 770 en 2016.

Comment les extrémistes violents parviennent-ils à poursuivre ces attaques ? Pourquoi ces armées sont-elles sous-équipées et mal préparées face à cette menace asymétrique ? Les pays consacrent une part massive de leur budget aux secteurs de la défense et de la sécurité – qu’est-ce qui ne va pas ?

Les réponses sont pluridimensionnelles. La gouvernance militaire, et pas seulement le manque de ressources, est un problème majeur qui affecte les corps en uniforme dans la plupart des pays du G5 Sahel. Chaque année, les parlements approuvent d’importants budgets de sécurité et de défense pour le fonctionnement des forces et l’achat d’équipements militaires.

Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, en 2018, les dépenses militaires du Mali s’élevaient à 495 millions de dollars, celles du Burkina à 312 millions, celles du Tchad à 232 millions, celles du Niger à 229 millions et celles de la Mauritanie à 159 millions. Dans le cas du Mali en 2015 et du Burkina en 2017, des lois de programmation militaire – établissant une planification pluriannuelle des dépenses de l’État pour les forces armées – ont été adoptées pour combler les lacunes et régénérer leurs forces affaiblies.

Cependant, sous prétexte d’impératifs de sécurité, la gestion de ces fonds n’est pas transparente. Les opérations financières suivent généralement des procédures qui permettent de contourner les normes en matière de marchés publics. Des détournements de fonds dans l’acquisition d’équipements militaires au Mali sont souvent signalés. De même, l’administration des ressources humaines dans les armées sahéliennes (recrutement, affectation et promotion) ne répond pas toujours aux critères de transparence et de compétence.

Ces pratiques exemptent implicitement les institutions de défense et de sécurité des pratiques de contrôle et d’audit. La gestion des ressources qui leur sont allouées ne relève pas du champ d’action des organismes publics d’intervention et de contrôle. Ces organismes n’ont souvent pas la latitude de vérifier si ces institutions (armée, gendarmerie et police) respectent les règles de gestion.

Dans chaque pays, une inspection générale des forces armées est mise en place pour contrôler les capacités opérationnelles des forces, leur niveau de préparation et la gestion administrative et financière de leurs ressources. Mais cette structure n’a pas toujours l’indépendance nécessaire pour exécuter les missions qui lui sont confiées.

Ainsi, les inspections générales des armées dans les cinq pays du G5 Sahel ne sont que symboliques. Elles n’exercent leurs prérogatives que de manière ponctuelle et sur instruction de leurs tutelles. Cependant, elles pourraient jouer un rôle essentiel aux côtés des autres acteurs du contrôle démocratique des forces de défense et de sécurité (parlements, cours des comptes, tribunaux militaires, codes d’éthique et de conduite professionnelle, société civile et médias).

Source : issafrica

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