Les nouveaux gynécologues

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La recherche de l’emploi est souvent le chemin trouvé par certains Directeurs pour faire du chantage sexuel aux candidates qui viennent vers eux. Le phénomène existe, et il n’est point besoin de faire l’autruche. L’impétrante qui consent à jouer le jeu en livrant son corps, est assurée de bénéficier du travail ou du stage souhaité. A contrario, c’est le chemin de croix assuré. Elles sont nombreuses pourtant à franchir le pas. La “promotion canapé” tend ainsi à devenir la norme dans certains services.

Dans le secteur de l’enseignement par exemple, les notes sexuellement transmissibles ont été tout simplement banalisées. Les témoignages existent. Même si les concernées insistent toujours pour que l’honneur de leurs prédateurs soit préservé. Comme si eux en avaient eu pour elles. Mais n’est-ce pas aussi cela l’exception malienne ! Combien sont-elles à être passées sur le canapé ?

Combien sont-elles à souffrir intérieurement le poids d’un corps à corps immoral au nom du boulot, du stage ? Dieu seul sait. Ces nouveaux gynécologues se délectent du corps de leurs cobayes, introduisant en profondeur, leurs doigts souillés de microbes dans les moindres recoins des parties intimes de leurs victimes. Celles qui auront moins de chance seront droguées, saoulées, à leur insu et violées, de la plus ignoble des manières qui soit. Le procès d’Harvey Weinstein, producteur accusé d’agressions sexuelles aux États-Unis a révélé des pratiques peu catholiques en cours dans le cas d’agressions sexuelles. Nous espérons que sa condamnation aura un effet dissuasif sur tous les prédateurs sexuels tapis dans l’ombre de nos ministères.

Il ne faut pas croire que la promotion canapé est le lot quotidien de toute l’administration malienne. Il y a des Directeurs qui se comportent décemment envers leurs subordonnées. Ceux-là sont à féliciter et à encourager. Pour l’espoir et la lumière qu’ils font rayonner dans leurs services, ils donnent l’assurance que tout n’est pas perdu. Ils n’ont pas besoin d’être président d’une assemblée nationale pour donner l’exemple. Eux, ce sont les gardiens de nos valeurs traditionnelles et ancestrales.

D’autre part, il serait difficile de ne voir dans cette affaire que la seule responsabilité des patrons comme on les appelle. Les candidates à l’emploi ou aux stages comptant toujours sur leurs charmes pour se faire cueillir. Le jockey sexuel, on le garde toujours en réserve. Dans ces conditions, l’appétit des employeurs ne peut qu’être décuplé. La corruption, on s’en doute bien, n’est pas que financière ou matérielle. Et il serait dommage que le débat ne progresse pas à ce niveau. En l’absence de structure de moralisation de la vie publique, chacun offre ce qu’il peut offrir. À ceux et à celles qui n’ont “rien” à donner, un seul message : Circulez ! Y a rien à voir.

Il existe, dans nos administrations et bureaux, des responsables qui se sont vite découvert une vocation de “gynéco” avec leurs étudiantes. Dans leurs bureaux servant de laboratoire d’essai, ils appâtent leurs victimes. Après les consultations gynécologiques à caractère érotique, ces directeurs véreux actionnent la pompe à notes. Un “1” peut ainsi se transformer rapidement en “11”, et faire éviter l’échec à l’étudiante.

Disons-le clairement, ces comportements auront de beaux jours tant la métamorphose de notre société compromet nos valeurs sociétales d’antan. La culture du corps, le sexisme des jeunes filles, l’appétit sexuel grandissant des ‘’koro’’ du fait de la consommation croissante d’aphrodisiaques de tout genre et de toute provenance, vont stimuler le phénomène de la promotion canapé. Les autorités doivent réagir vigoureusement contre cette nouvelle forme de corruption.

La corruption par le sexe est plus néfaste que la corruption financière. Les victimes, des femmes généralement, porteront les stigmates d’une relation forcée, toute leur vie. Le cœur d’une femme est un profond océan de secrets. Des secrets, qu’elles emporteront dans leurs nouveaux foyers et se garderont bien de révéler. Certaines ministres ont bien un passé peu glorieux. Devant leur beauté angélique maquillée par les parures et leur statut social confortable, que beaucoup de Maliens envient, se cache la laideur d’une âme souillée à vie. Elles ont acheté leur succès en souillant pour toujours leur corps. Malheureusement, il n’y aura pas de session de rattrapage pour qu’elles se refassent une virginité morale.

Henri Levent

Source : Le Pays

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