Pour Iyad Aghaly les armes, les munitions, les combattants regroupés autour de Ahmadou Koufa, la protection, la drogue et l’argent de la drogue. Pour le Mali une mission colonisatrice dénommée MINUSMA, l’extraction frauduleuse de nos ressources minières, la misère et des cadavres. N’est-ce pas cela la logique de la crise sans fin qui secoue le Mali ?
Revoyons le plan machiavélique pour conduire droit le Mali à cette crise. La dette malienne s’élevait à 3,19 milliards de dollars en 2012, ce qui est énorme pour un pays avec un budget de l’Etat de 2,44 milliards de dollars (année 2012). La France détient 25% de cette dette et le Qatar, 4%. Les créanciers refusent de passer l’éponge, ce qui avait obligé le Mali à accepter en 1992 un plan d’ajustement structurel (libéralisation des prix, ouverture du marché, vente des terres agricoles aux Français) qui, au lieu de relancer la croissance, a rendu le pays plus vulnérable et dépendant de l’extérieur, avec un appauvrissaient plus grand. La misère ne fait que grandir mais les créanciers restent de glace.
Pis, le 11 janvier 1994, la France décide de dévaluer le franc CFA de 50% par rapport au franc français, car le Mali fait partie de la zone franc comme quatorze autres Etats africains et des îles du Pacifique. Cette dévaluation met le peuple malien à genoux : la descente aux enfers peut commencer, et le plan se resserrer. Heureusement, Kadhafi offre des milliers d’emplois aux Maliens, y compris au sein de son armée. Mais lorsqu’il propose au Mali et à d’autres pays de sortir de la zone franc pour préparer la création d’une nouvelle monnaie africaine, de gros problèmes commencent pour les Maliens et Libyens.
Les problèmes maliens sont aussi liés au refus du président Amadou Toumani Touré (ATT) d’offrir à la France une base militaire au Mali, base destinée à contrecarrer l’influence libyenne, chinoise, russe et américaine dans sa zone d’influence historique. ATT aurait aussi voulu écarter la France (Total) de l’exploitation des gisements de pétrole qui ont été découverts au Nord du Mali.
En tout cas, dès novembre 2011, des rencontres s’organisent au Nord du Mali pour un appel à la rébellion. Ce rassemblement a regroupé des hommes bien placés dans les hautes sphères de l’Etat malien dont l’Assemblée Nationale, le Haut Conseil des Collectivités Territoriales, le Gouvernement, l’Armée, les gouvernorats ou préfectures, la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali, etc. A l’époque, le Président du PARENA a largement dénoncé ces rencontres de déstabilisation du Mali.
Après avoir été amené donc par le FMI à une crise économique grave qui ne permettait même pas l’achat de munitions, le Mali est livré à une horde de mercenaires qui viendront conquérir le nord du pays et permettre à la France d’y venir jouer au cow-boy en engageant un budget de 630 millions d’euros dans l’opération Serval.
Une cargaison d’armes et de munitions aurait empêché le drame malien. L’effacement de sa dette aurait permis au Mali de recruter des soldats pour régler ses problèmes dans la dignité et surtout sans ces milliers de déplacés, ces centaines de morts et ces bras coupés.
Aucun pays n’a voulu donner de munitions au Mali, ni effacer sa dette pour lui permettre de se prendre en charge militairement. Aucun des pays membres de l’OTAN n’a exigé des «rebelles» libyens la restitution des armes qui leur ont été distribuées pour en découdre avec Kadhafi. Les envahisseurs ont plutôt reçu des armes et des munitions pour venir détruire le Mali et faire de Kidal leur chasse gardée. Avec interdiction à l’armée malienne d’y mettre le pied. Le drapeau malien y est remplacé par celui des assaillants au vu et au su de la France et des Etats-Unis. Iyad Aghaly y est royalement reçu ainsi que tous ceux qui ont pris les armes contre le Mali. Pis, l’armée malienne y a vu sa victoire confisquée par des soldats français au profit des rebelles entre midi et quatorze heures lors de la visite du Premier ministre Moussa Mara.
Ces impérialistes ne cherchent donc apparemment pas à sortir le Mali de la crise dont ils sont les commanditaires. Ils protègeront Iyad jusqu’au bout : la satisfaction de leur rêve de partage du Mali. L’hypothétique disparition de Koufa n’obéissait-il pas d’ailleurs au programme de déstabilisation du centre du Mali ? Faire venir des mercenaires d’une autre horde pour tuer peuls et dogons en vue de créer un conflit intercommunautaire plus dévastateur et plus préoccupant pour maintenir le Mali dans le cercle vicieux de la crise ?
Mamadou DABO
Source: Zénith Balé