Le Premier ministre, Dr Boubou CISSE, a présidé une rencontre de haut niveau sur la gestion de la crise scolaire. C’était le samedi 25 janvier, à la Primature, en présence des partenaires de l’école malienne sans les enseignants.
À travers cette rencontre, le chef du Gouvernement voulait donner sa part de vérité, restituer les faits dans leur contexte, informer l’opinion des possibilités du Gouvernement, obtenir un sursaut national autour de l’école malienne qui traverse une zone de turbulence. Opération déminage ou vérité et intransigeance d’un Chef du gouvernement qui tend la main sans rien lâcher au final.
Dans son allocution, Dr Boubou CISSE a rappelé la trêve demandée par le Président de la République, Ibrahim Boubacar KEITA, pour que les Maliens soient à ses côtés en vue de relever les énormes défis. Il a noté que l’ambition du chef de l’État est de cheminer avec tous les Maliens afin qu’ils puissent l’aider à gagner le pari de la stabilité. Le chef du gouvernement a insisté sur la nécessité de cette trêve.
C’est pourquoi il a invité l’ensemble des partenaires de l’école pour faire le diagnostic du mal, afin de trouver le remède nécessaire. Il a profité de l’occasion pour faire un panorama de la discorde entre l’État et les Syndicats d’enseignants relative à l’application de l’article 39 de la loi N°2018-007 du 16 janvier 2018, portant statut du personnel de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spécialisée.
Le Dr Boubou CISSE a expliqué que les enseignants veulent que l’augmentation dont l’UNTM a bénéficié leur soit donnée en sa totalité et tout de suite. Aussi, dit-il, les enseignants souhaitent une rétroactivité sur 2019. «C’est là qu’il y a un contentieux entre nous », a-t-il précisé.
« J’ai dit, vous demandez un avantage qui est lié à l’avantage que l’UNTM a eu, mais vous ne souhaitez pas que les conditions qui sont appliquées à l’UNTM s’appliquent aussi à vous. Là, ce n’est pas possible. Pour l’UNTM l’avantage a été accordé. L’augmentation qui a été calculée est à peu près de 20%. Mais c’est un accord qu’on a eu sur une durée de trois ans. Parce qu’on a dit que compte tenu du contexte actuel, il va être difficile pour l’Etat, ce n’est pas soutenable pour l’Etat d’assurer une augmentation de la masse salariale comme ça d’un coup. Beaucoup de négociations ont eu lieu avec l’UNTM. Finalement, l’UNTM a accepté que ce soit décliné sur trois ans. Et pendant ces trois ans, l’UNTM a accepté d’observer une année de pause. L’augmentation a commencé à être appliquée en 2019. Pour un premier pourcentage, l’UNTM a accepté qu’on fasse une pause en 2020 et que le radical arrive en 2021 en trois années budgétaires », a expliqué le chef du Gouvernement.
Il a affirmé avoir fait comprendre aux syndicats de la Synergie que c’est exactement les mêmes conditions qui seront appliquées à eux. Une proposition que les enseignants ont rejetée.
« Ils veulent tout maintenant, plus une rétroactivité en 2019. Je leur ai dit que pour le Gouvernement ça va être difficile. Avec le calcul que le budget m’a fait, si l’on doit tout faire d’un coup plus la rétroactivité, c’est 52 milliards de francs CFA. On ne peut pas », s’est montré catégorique le chef du gouvernement tout en rassurant que la porte du dialogue reste ouverte.
Il a demandé l’accompagnement de ses interlocuteurs pour que chacun (Gouvernement et enseignants) puisse savoir raison garder. Le Dr Boubou CISSE a exprimé son souhait que chacun puisse revenir à la raison pour que l’école redémarre le plus rapidement possible pour assurer la formation des enfants.
Le Chef du Gouvernement est revenu sur certains de ses propos mal interprétés lors de l’atelier de haut niveau sur la mise en œuvre des recommandations du Dialogue national avec des partis politiques. De quoi s’agit-il, concrètement ?
Selon Mme TRAORE Oumou BOCOUM, le Premier ministre dans son intervention avait vigoureusement condamné la violence dans l’espace scolaire et universitaire. Aussi, dit-elle, il a également abordé le spectre de l’année blanche qui guette nos enfants. A cet effet, il a émis le souhait de voir aboutir les négociations entre le Gouvernement et les syndicats des enseignants. Faute de quoi, le Gouvernement pourrait signer des contrats provisoires avec les enseignants sortis des IFM pour faire le relais, en attendant de trouver un accord avec les syndicats des enseignants.
« Malheureusement, les propos du Premier ministre ont été sortis de leur contexte, car il n’a point été question de radier quiconque lors de la tenue de l’atelier », a précisé Mme TRAORE Oumou BOUCOUM.
De son côté, El Hadj Seydou Patrice DEMBELE de l’AMS-UNEM a ajouté : «le recrutement des quinze mille volontaires, c’est une loi qui le prévoit. Il y a la direction nationale du volontariat. Mais nous avons demandé au Premier ministre, s’il peut avoir une solution alternative pour éviter ce recrutement. Il n’est pas aussi en contradiction avec les réalités de l’éducation qui a vraiment besoin aujourd’hui d’un recrutement massif d’enseignants».
PAR MODIBO KONE
Source : Info Matin