L’état pris à la gorge par les syndicats : Les casseroles de l’ère IBK

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L’Etat malien est-il en mesure d’honorer tous les engagements pris à l’égard des différents syndicats par le Régime déchu ? Combien d’Accords ont-ils été signés par ce Régime pour calmer les travailleurs ? Quel est le coût financier de ces multiples engagements et/ou Accords ? Le Gouvernement de la Transition, acculé par les syndicats, pourrait-il gérer ces casseroles laissées par l’ancien Régime ?  Ce sont là autant de questions qui se posent actuellement et au moment où l’Etat a ses caisses vides. Retour sur les engagements pris par l’Etat sous l’ère IBK

En effet, le front social grogne. Après une brève période d’accalmie, les mouvements de protestation sont revenus en force depuis un certain temps, des grèves et des préavis  de grève fleurissent  tous les jours pour réclamer la satisfaction de leurs revendications sociale. Et certains syndicats sont « passés à l’acte » en décrétant des grèves. D’autres prédisent une « explosion sociale » si leurs revendications ne sont pas prises en charge.

Aussi, la transition doit fait   face aux engagements pris par l’ancien Régime le plus souvent en dépit de toutes prévisions budgétaires. Les Autorités auront besoin de beaucoup de tact et d’ingéniosité pour gérer la situation. Le PM Choguel K Maïga, joue au pompier pour tenter d’éteindre les multiples foyers de tension allumés çà et là. Malgré tout, l’on assiste à une forte pression  des syndicats sur le gouvernement qui n’arrive plus à s’occuper d’autres dossiers brûlants du pays.

Le premier syndicat à monter au créneau a été l’UNTM, la principale Centrale syndicale du pays qui, en l’espace de 5 mois, a fait observer deux grèves générales afin de contraindre les Autorités à satisfaire intégralement ses doléances. La Centrale syndicale exigeait, entre autres, l’application immédiate des Accords qui avaient été signés. Ainsi, suite à sa grève du 11 janvier 2019, les Autorités (Régime IBK) avaient accédé à la grande partie des doléances du syndicat.  A savoir, l’augmentation de la grille indiciaire conformément à ce qui suit : 1erjanvier 2019, indice plafond 1100 pour la catégorie A ; 1er janvier 2021, indice plafond 1200 pour la catégorie A puis l’amélioration des grilles salariales appliquées dans le secteur privé conformément aux pourcentages obtenus dans la nouvelle grille des fonctionnaires. I y avait aussi l’harmonisation de l’âge de départ à la retraite (65 ans pour tous les catégories A) ; la maîtrise des coûts de l’électricité, développement des énergies renouvelables ; développer la production et les branchements d’électricité.

Pour redémarrer la production dans la Compagnie malienne des Textiles (Comatext-SA), en arrêt de travail depuis plusieurs mois, l’UNTM exige au Gouvernement de la transition de prendre en mains les salaires des travailleurs de cette usine, en chômage technique depuis longtemps pour cause de non-productivité.

Autres exigences de l’UNTM, il faut citer l’harmonisation du point 11 du Procès-verbal de Conciliation dont l’esprit est d’élargir la prime de judicature aux Greffiers et Secrétaires des Greffes et Parquets également.

 Des engagements irréalisables

Ces engagements qui ont pris sous la gorge l’ancien Régime ont une incidence financière forte sur le Budget national.  Ainsi, des Experts avaient estimé le coût de ses engagements à plus de 60 milliards de FCFA : plus de 9 milliards FCFA pour la prise en charge de l’augmentation de l’âge à la retraite ; plus de 13 milliards pour la grille salariale ; plus de 15 milliards pour le recrutement massif. Il y a aussi l’engagement de l’Etat de plus de 17 milliards de FCFA pour la relance du trafic ferroviaire au plus tard fin août prochain et la prise en charge des arriérés de salaires des cheminots.

Il n’y a pas que ces points ; car, la réduction du prix de certains produits alimentaires comme le riz, la viande va également nécessiter un effort financier de la part de l’Etat. A ce stade, il est difficile d’évaluer ce montant avec exactitude.

Autre épine dans les pieds du Gouvernement : l’adoption lors du dernier Conseil des Ministres du 30 juin dernier d’un projet de loi portant grille indiciaire unifiée des militaires et des personnels relevant des Statuts des fonctionnaires de l’Etat, des Collectivités territoriales et des statuts autonomes

En effet, la Synergie des syndicats de l’Enseignement est debout contre ce projet de loi. Le Syndicat perçoit comme une menace contre l’Article 39.

Pour la Synergie des syndicats de l’Enseignement, la volonté de ramener tous les fonctionnaires dans le Statut général sous-entend l’abrogation des autres lois acquises après de longs combats sur le front syndical.  Aussi, les syndicats de l’Education n’entendent point accepter que l’Article 39, une disposition de la Loi N° 2018-007 du 16 janvier 2018, portant Statut du personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Education préscolaire et spéciale, soit « violé ». Ledit Article stipule que : « toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du Statut général s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignant fondamental et de l’Éducation préscolaire et spéciale ». D’ores et déjà, la synergie syndicale a décidé de la rétention des notes. En sommes, les syndicats des enseignants entendent poursuivre un combat entamé sous IBK. Or de l’avis des observateurs, les engagements pris à l’époque par le gouvernement sont irréalistes voire irréalisables.

Donc, c’est après plusieurs atermoiements que l’ancien Président Ibrahim Boubacar Kéïta avait annoncé le mardi 7 juin 2020 l’application de l’Article 39 portant Statuts spéciaux du personnel de l’Enseignement primaire, secondaire et de l’Education préscolaire. Cet Article était à l’origine du bras de fer entre les syndicats d’enseignant en grève depuis plusieurs mois et le Gouvernement d’IBK qui s’est engagé à élever la grille indiciaire du Statut du personnel enseignant des Enseignements secondaire, fondamental et de l’Education préscolaire et spéciale. L’indice plafond de la catégorie A est allé à 1267 à compter du 1er janvier 2019. Le même indice plafond de la catégorie A sera élevé à 1382 à partir du 1er janvier 2021. Les parties avaient aussi convenu de fixer la date d’application de leur Accord sur le salaire du mois d’août 2020 avec le rappel des arriérés de 2020. Toutefois, en cas de difficultés majeures, le paiement interviendra sur le salaire du mois de septembre 2020. Le paiement des arriérés de 2019 interviendra un mois après l’alignement.

Selon certaines sources, l’application de l’Article 39 coûterait à l’Etat 58 milliards de FCFA par an.

Autre front pour le Gouvernement, la Synergie des Sections Syndicales des Surveillants de prisons qui menace d’aller en grève. Elle revendique l’alignement des Surveillants de prisons aux avantages accordés aux Forces de Défense et de Sécurité depuis 2017, l’accélération de la mise en œuvre des Articles 145, 148, 149 de la Loi n°2016-031 du 7 juillet 2016 relative entre autres à leurs Statuts de Fonctionnaires et aux allocations et indemnités et logement aux fonctionnaires du cadre de la surveillance des services pénitentiaires et de l’éducation surveillée. Cela, malgré leur caractère explicite. A cela, s’ajoute la mise en œuvre du protocole d’Accord du 11 décembre 2020, signé entre le Gouvernement et la Synergie des Sections Syndicales des Surveillants de Prison. La mise en œuvre de ces engagements pris par le Régime défunt aura une très forte incidence financière sur le Budget national.  Pour ce faire, l’application des mesures se chiffrerait à plusieurs centaines de milliards de FCFA, selon une source. Et sous la pression le régime défunt n’a pas hésité à offrir ce seul syndicat des avantages dont le coût financier dépasserait plus de la moitié du budget national.

Outre les revendications de la Synergie des Sections Syndicales des Surveillants de prisons, le Gouvernement doit aussi faire face à la   grogne de la Synergie des Syndicats de la Police nationale.  A son tour, le syndicat de la police réclame, entre autres, l’exécution sans délai de l’arrêt de la Cour Suprême instruisant le rappel des Fonctionnaires de la police « abusivement » mis à la retraite et conformément à l’Accord signé le 29 janvier 2019 entre l’UNTM et le Gouvernement d’IBK. Ce groupement de Syndicats demande également la réhabilitation et la construction des Groupements mobiles de Sécurité.

S’agissant des Fonctionnaires de Police nommés Inspecteurs Généraux par le Décret n° 2019-1009/P-RM du 31 décembre 2019, la Synergie exige à ce qu’on les rétablisse dans leurs Droits. Quant aux Régisseurs de la Police nationale, la Synergie réclame la régularisation de leur situation administrative. Cela, en les nommant par un Arrêté interministériel.

Ainsi, le Gouvernement de la transition paye aujourd’hui le non-respect des engagements pris par le Régime défunt, des engagements qui coutent des milliards. Le Régime d’alors s’est lancé dans une impasse alors qu’il aurait dû expliquer aux différents grévistes qu’il y a une tension de trésorerie et que le Budget national ne pourrait pas supporter les avantages revendiqués. Cela aurait eu le mérite de clarifier les choses pour tout le monde au lieu de compromettre l’avenir de toute la Nation.

Face aux pressions des syndicats, le Gouvernement dont la marge de manœuvre est pourtant réduite au regard de la conjoncture, doit, dorénavant, analyser les tenants et les aboutissants de tout Accord. Au-delà, une vaste campagne d’explication des nouvelles autorités s’impose. En effet, les Maliens doivent être informés sur les différents engagements laissés par les 7 années de gestion calamiteuse et dont les conséquences sont là aujourd’hui. Et certains responsables de cette situation doivent s’expliquer.

Mémé Sanogo

Source : L’Aube

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