Cher grand-père…
Aujourd’hui nous sommes à ma 88e lettre. Le chiffre 8 de la plénitude et de la constance. Le 8 de la stabilité. Nous sommes à deux 8 et le moment de méditer à pourquoi ce pays tombe de plus en plus bas ? Pourquoi ne nous rendons nous pas compte ? Pourquoi, nous continuons à avancer avec ce superflu irrationnel dans une aventure aussi inconnue ? Où tout est mystère ! Aucun texte n’a écrit où nous sommes en train d’aller. Souvent je me dis que nos dirigeants ont tous perdu la notion d’Etat, ses institutions et leurs missions. Souvent je me pose la question, quel opium faut-il pour être au sommet de l’Etat et pouvoir dormir tranquille.
Cher grand-père, est-ce possible de deviner la destinée d’un pays où la plupart des cas, c’est le recalé de l’après-DEF qui enseigne le primaire. Celui de l’après-bac va former le fondamental. Et celui qui a échoué devant toutes les portes après sa maitrise finit par déposer sa valise dans un lycée ? Un pays où, il faut juste être muni de millions pour avoir un master 2 ou doctorat pour dispenser dans les universités. Sans aucune conviction réelle ou l’amour de faire la chose. ‘’Enseigner, instruire, éduquer et former’’. Le tout dans un hasard de ‘’Je n’ai pas mieux à faire’’, chapeauté par un salaire de mendiant. Où va ce peuple ?
Pire grand-père ! Un pays où l’on devient des attardés mentaux à cause des infections maltraitées et des blessures émotionnelles qu’aucun psychologue n’a su panser. Ou des séquelles d’un palu de 15 ans subsistent en nous. Un pays où le sol est la meilleure poubelle, les caniveaux sont les seuls égouts de déchets. Où personne n’est fautif ou responsable. Où les rues sont les seules dépotoirs d’ordures en attendant un sauveur. Où l’éducation des enfants est laissée entre les mains du hasard et de la vie. Personne ne s’en soucie !
Un pays où quand on est fort, on peut tout et quand on est faible, on subit tout. Où la balance de la justice pèse plus sous l’influence de l’argent que le Droit. Une justice qui ne reconnait aucune dignité au pauvre. Où le journaliste prend avec fierté un trophée de meilleur communicant. Les pieds sont bien pris pour la tête. La valeur reconnue en le prix. La vertu au parfum et le tout à ce que l’on voit. Seulement ce que l’on voit.
Où irons-nous ? Cher grand-père. Si aucun texte n’a tracé de chemin. Si aucun jalon n’est posé. Si l’on ne fait recours à aucun fondement. Quand les hommes remplacent les institutions. Quand l’opportunité de bâtir la nation devient celle de construire sa famille. Où les hommes cupides concourent à arracher le plus gros morceau. Le pays étant devenu un gâteau à se partager. Aucun regard sur l’avenir. Aucune perspective ! Aucune alternative ! Juste un destin cyclique qui ne cesse de changer de conducteur mais jamais de direction.
Cher grand-père ! Dans le tourbillon des évènements, quand tout devient sombre et qu’il n’y a plus d’espoir, il est du devoir intelligent d’aller au fond de soi. Au plus profond de soi. D’y mener un dialogue franc et constructif. Un grand dialogue fraternel, de paix et de tolérance. Un dialogue inter-malien pour faire jaillir la lumière afin de repartir pour un autre départ. Un autre Mali, le Mali Koura ! Notre autre République ! Il le faut, cher grand-père ! Ce grand dialogue ! Nulle autre issue ! Je te laisse ici. A mardi prochain ! Inch’Allah !
Lettre de Koureichy
Source : Mali Tribune