Lettre à grand-père

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Lettre

Cher grand-père…

Ma 92ème lettre d’information, d’explication et d’alerte. Même si je n’ai jamais été entendu et même jamais été reconnu, j’ai fait de mieux. Prévenir, alerter et surtout expliquer. Pessimiste, je suis, pour certains mais en réalité grand-père, c’est le Mali qui ne cesse de s’enfoncer de plus en plus chaque jour. Et si je dois dire, je le dis tel qu’il est, sans passion ni émotion. Un dessin vaut mieux que mille mots. Il faut dessiner souvent. Cher grand-père, les Maliens sont nombreux à dire qu’ils ne comprennent rien en la crise malienne. Pour ne pas être dérangés dans leur sommeil, certains font recours à la théorie du complot. D’autres déplacent le problème et se créent un bourreau fictif.

Cher grand-père, dans cette lettre je vais expliquer la crise malienne pour tous. Chacun pourra comprendre ce qui se passe et peut-être nous accepterons d’aller une fois pour tous vers des solutions pérennes. Comme tu le sais, un adage dit, « un problème bien posé est résolu à moitié ». Dans cette lettre, je vais poser la crise malienne. Pourquoi des petites querelles et des petites attaques, nous nous retrouvons à une crise inédite. Cher grand-père, laisse tes loupes et tiens les miennes. Sois tolérant et essaie d’être flexible. Je te demanderais d’être l’autre pour le comprendre afin que le jugement soit impartial.

Cher grand-père ! Imagine qu’un autre Mali était née. Un Mali où la capitale était Kidal. Les institutions, le Palais et le pouvoir étaient à Kidal. Les responsables de l’Etat, militaires, politiques, administratifs étaient à 80 % des Touaregs ou Arabes. Des Ag Mahamoud, Attaher, Ag Intala, Ould Médou etc. Ils étaient tous enturbannés, teint clair. Les ministres étaient Touaregs ou Arabes à 80 %. Pour être président, même si tu avais fait toutes tes preuves à l’Uémoa mais que si tu n’étais pas Touareg même contre le dernier des Arabes, tu allais perdre car tu viens de Ségou, Bamako, Sikasso ou Kayes. Et que jamais, un Mandinga ne pouvait y rêver d’être président. Comme le Touareg aujourd’hui. Même en rêve.

En plus de cela, cher grand-père, que si tu avais le bac à Kayes, il fallait aller à Kidal. Car c’est la seule ville qui abrite les universités. Un Markalais, un Niorois, un Koutialais, après le bac, c’est Kidal. Ensuite, un Etat centré et concentré envoyait ses émissaires, juges, administrateurs, gouverneurs, médecins tous Touaregs partout au Mali. Et qu’un cher grand-père, des habitants de Ségou commencent à se rebeller. Prennent des armes et demandent à séparer du Mali des Touaregs. De mêmes, des Djihadistes font des attaques dans le Sikasso, Ségou et Bamako. Des Djihadistes la plupart des Bambaras. Pour aller lutter contre cela, encore, une armée à 90 % Touarègue doit quitter Kidal pour aller restaurer l’Etat dans le Sikasso, le Ségou et Kayes. Pire, Touaregs et Arabes militaires s’attaquent à tous Bambaras parce que, la rébellion et les Djihadistes ce sont les Bambaras. Que l’Etat aille jusqu’à armer d’autres ethnies contre ces Bambaras.

Cher grand-père, dans cet amalgame, une Armée seulement Touarègue à 80 % pourra-t-elle restaurer l’Etat à Kayes en période de conflit ? Même si elle agit au nom d’un pays qu’elle ne représente que sur un côté, jamais elle ne pourra restaurer l’Etat dans ce grand refus identitaire.

On peut se leurrer et continuer à s’hasarder mais tant qu’on n’acceptera pas, que la très longue concentration de l’Etat à Bamako, nous a fait hériter un Etat sudiste qui aujourd’hui est vu au Nord comme un colon. Aucune différence entre les forces étrangère et les forces maliennes dans ces contrées du pays. Nationalisons notre armée et dés-ethnicisons nos politiques, le long salut s’y trouve. A mardi prochain. Inch’Allah !

Lettre de Koureichy

Source : Mali Tribune

 

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