Lettre à Grand-père

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Cher grand-père…

Il parait que les dates des échéances électorales sont fixées. La Constitution va être révisée. Le Mali passerait au Référendum en octobre prochain. Décembre les communales et février-mars pour les législatifs et le présidentiel. Qu’Allah nous assiste.

Cher grand-père, tout se passe comme si tout était normal. Le coup d’Etat de 2012 est normal. C’est juste IBK qui a échoué. Donc le 18 août, chose normale aussi. On change juste l’équipe même pas toute et on continue. On rassemble, les mêmes personnes qui ont maltraité le pays depuis 30 ans et repart de nouveau pour un nouveau Mali avec les mêmes anciens par le même chemin. Népotisme, favoritisme, clientélisme, clanisme, tribalisme, racisme, ethnisme, égocentrisme…

La Refondation est devenue un vain mot sans sens ni objet. Les dirigeants se plaisent. Qu’il ait guerre ou paix, sécurité ou insécurité, eux ils s’y plaisent. Les V8, les villas et le vin ! Quoi d’autres ? Que les autres périssent. A chaque désir de changement, on change quelques membres de l’équipe et on passe. Triste !

Cher grand-père. Tu sais ce qui manque aux Maliens ? La maitrise des contrats sociaux qui lient les dirigeants aux citoyens, les acteurs aux mandants et aussi les individus entre eux dans les différentes étapes de la vie. Cette ignorance fit de nous des véritables chauves-souris. Ni oiseau ni animal. Nous avons signé des contrats en confiant notre destin à certains d’entre nous sans pourtant connaitre le fond  du contrat et les voies et moyens de résolutions en cas de conflits.

Oui cher grand-père. Nous avons opté pour quelques choses et nous ne sommes jamais allés vers elles. La Démocratie, la Justice et la République. Pour la Démocratie, nous avons échangé nos voies contre des billets de banque. Qui achète, vend. Une loi plus ancienne que le monde. Pour la Justice, elle n’a jamais su remplacer la loi du talion. Elle l’a juste modernisée et elle a su rester, une vengeance. Raison, les très nobles n’y partent guerre. Les pauvres n’y gagnent jamais. La République, elle, n’est jamais venue. L’éternelle absente face aux faucons, hiboux et vautours. Des hommes d’instinct et de nombril. «Comprendra qui pourra».

Pis grand-père, les citoyens ignorent leur part du contrat. Rares sont ceux qui ont lu la Constitution et les lois. Rares sont ceux qui savent qui doit faire quoi ? Qui se limite où ? Que doivent-ils faire et quels sont leurs droits. Chacun vit en ignorant leur part du contrat. Or grand-père ! Tout est contrat ou le citoyen est le principal contractant.

Oui grand-père ! Quand on emprunte un taxi, une Sotrama ou une moto. Nous sommes parties au contrat et notre volonté compte. Au bout, il faut un  résultat ou une réparation. Mais RAS, rien ne se passe. Nous sommes allés à l’autre monde dans les pratiques et sommes restés dans les pratiques de valeur de pardon, fraternité solidarité. Pères-mères de l’impunité et l’injustice.

De même cher grand-père, un contrat écrit par nos lois et textes nous lie avec nos dirigeants. Chacun doit honorer sa partition. C’est en cette culture que devrait s’atteler la Transition. Elaborer des textes et vulgariser les contenus. Que chacun sache les limites et les pouvoirs de l’autre. Faire mourir le mystère de l’Etat pour que vienne la lumière sur la gestion de la chose publique. Il fallait transiter le Mali vers cet état de développement. C’était cela les attentes et non des simples élections sinon pourquoi attendre 18 mois pour réviser une constitution et organiser des élections. Pourquoi ?

Cher grand-père, tout au fond de moi je ne crois pas à ce chronogramme électoral. Et d’ailleurs je ne crois pas à la tenue d’une quelconque élection paisible au Mali sans réels pardon et réconciliation entre les Maliens. Je te laisse ici avec ma 94ème lettre et à mardi prochain Inch’Allah !

 Lettre de Koureichy

Source : Mali Tribune

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