Cher grand-père
J’espère que la fête de Tabaski s’est bien passée. Tu as bien mangé. QuAllah exauce nos vœux. Amine ! Que le sang qui doit couler sur le sol malien se limite au sang de nos moutons égorgés pendant cette fête. Que le seigneur accepte nos sacrifices. Et surtout qu’il nous protège. Qu’il protège tous les Maliens et Maliennes. Car maintenant au lieu de mouton ce sont les hommes qu’on veut égorger au Mali. Oui grand-père, le Mali allait passer le plus triste jour de Tabaski de son existence. Je n’ose pas imaginer ce qui allait se passer. Je n’ose pas. C’est atroce et inhumain !
Oui grand-père ! Au moment où on attendait que l’imam de la grande mosquée égorge son mouton pour le quitus national, c’est le premier fils de la nation que l’ignobilité et l’ignorance allaient égorger. Qu’Allah nous en préserve ! Que le Dieu qui a sauvé le Mali du plus inoubliable drame ce jour, sauve le reste du pays. Amine ! Fermons cette page ici et maintenant ! Dieu seul sait ce qu’il y a derrière. Dieu seul. Quand même qu’Allah sauve ce pays, moult fois éprouvé. Depuis à genoux jusqu’à son ventre et maintenant, on veut l’égorger. Qu’Allah sauve cette nation !
Oui grand-père ! Qu’Allah sauve cette nation en nous unissant par le sang coulé. Que le drame vécu nous soit force et repère. Qu’il nous permette de décider enfin et de comprendre pour toujours, que ce pays est une nation. Qu’aucun groupe seul, aucun clan seul, aucune contrée seule, aucune personne seule et qu’aucune corporation seule n’aura la paix et la sécurité sans que nous l’ayons tous en une nation. Une seule. Qu’ensemble, main dans la main, tous unis, sans ennemi ni rival, nous partons vers la stabilité, la paix et le développement. C’est cela le salut.
Cher grand-père, aujourd’hui, c’est le petit-fils qui va rencontrer une petite anecdote à son grand-père. Ha oui ! Grand-père, c’est le monde d’aujourd’hui. Le Ntic. On na plus besoin de train ou d’avion pour voyager. Un petit Smartphone nous mène partout dans le monde et surtout, très loin dans le temps. L’espace et le temps ne sont plus des lois limitées au vécu. Le Smartphone a bouleversé cette loi, cet ordre aussi. Et donc, le petit-fils peut aussi raconter une histoire à son grand-père.
Grand-père, j’ai lu un jour une petite histoire. Un jour, un humaniste se promenait dans les brousses et arriva dans un petit village. Il réunît tous les enfants du village et leur proposa un jeu de compétions. En guise de trophée, les trois premiers allaient gagner des bonbons, des biscuits et des chocolats. Le but était de courir pour toucher le premier l’arbre se trouvant à l’entrée du village. Quand il siffla le départ, à sa grande surprise, tous les enfants du village se prirent la main les uns et les autres et se dirigèrent vers l’arbre à l’entrée du village. A leur retour, ils dirent à l’humaniste : « Nous avons touché l’arbre ensemble. Il n’eût ni premier ni dernier. Nous sommes le même ». Les enfants prirent leur cadeau et se le partagèrent. C’est ainsi que vivait le petit village paisible. Le vivre ensemble dans un bonheur ensemble et le malheur ensemble.
Cher grand-père, le jour où tous les fils et toutes les filles du Mali, comprendront aucun syndicat pardon qu’aucun clan n’ira au bonheur sans l’autre et qu’il faut se prendre les mains ensemble pour aller vers cet arbre de bonheur, nous aurons la paix, la stabilité et la Sécurité. Et sur ce, je te souhaite très bonne fête et à mardi prochain pour ma 108ème lettre. InchAllah !
Lettre de Koureichy
Source : Mali Tribune