Lettre à grand-père

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Lettre

Cher grand-père

Je voudrais tenir mon discours comme prévu mais je ne sais pas si c’est à l’auguste Boulevard de l’Indépendance ou si c’est devant l’Assemblée générale de l’Onu. Je ne sais pas non plus quoi dire. Je ne sais pas si je suis une mariée en procès devant une Haute Cour de Justice, qui doit plaider, d’être victime d’abus de confiance, de manque d’entretien, d’insatisfaction … et d’abandon de domicile par  la France pardon par le mari pour demander le divorce et épouser Wagner. Je ne sais pas !

Oui cher grand-père ! Je ne sais pas si c’est à mon peuple à qui nous avons jadis refusé la santé et les universités ou si c’est à des Diplomates que je dois m’adresser. Je ne sais pas, si c’est un bilan mondial et des propositions de solutions dans les limites de compétence de l’Onu que je dois poser. Si je dois  donner un bilan chiffré, daté et des perspectives soutenues pour le Mali et conformes aux attributs de l’Onu. Ou si je dois aller parler de l’épopée manding et du complot international contre ma marmite à Kati.

Oui cher grand-père ! Je suis un habitué du Boulevard de l’Indépendance. Un chevronné de la politique de la rue et un grand bâtisseur de la « Rue-cratie » où, il suffit d’avoir une masse populaire derrière toi. Et tout est permis. Rien n’est sacré. Rien n’est sauvé. Que la marmite bout et c’est tout. Sur le Boulevard, je suis champion ! Je sais faire mal. Je sais piquer. Je sais blesser. Car je dis tout haut ce que dit le peuple bas. Mais dans l’art de mentir pour l’intérêt de ton pays, l’art de parler sans rien dire et d’éviter la moindre colère entre deux Etats, la DIPLOMATIE, je ne sais rien et j’ai peur de ne pas aller déshonorer Benjamin Franklin dans sa tombe.

Bon cher grand-père ! Dans tout ça je vais tenir mon discours du Boulevard de l’Indépendance devant les Nations unies. Le monde n’a pas de frontière. Je m’adresserais à mon peuple et il m’entendra devant les Nations unies. Je serais devant elle mais je parlerais au peuple malien. Je dirais ce qu’ils voudront entendre. Tout ce qu’ils murmurent dans les marchés de Sougounikoura, au Rail-Da et à la gare de Sogoniko. J’enlèverais juste les injures mais même l’apprenti de Sotrama se sentirait en moi.

Cher grand-père, ne m’en veut pas. Si je sui là où je suis, c’est en tant que bouclier populaire contre la Cédéao, je dois montrer la même chose à Kati. Qui est bête et ne sait pas ce qui se trame à Kati ? Car je dois avoir le peuple avec moi. Je tiendrais mon discours ! Qu’il en déplaise à la France !

Oui grand-père ! Je tiendrais mon discours, Franklin peut se sentir déshonoré car Abraham Lincoln aussi a été vilipendé en France. Là-bas, on dirait que les jeunes ajoutent l’âge  de leur épouse à leur âge pour déshonorer les vieux. Où, on jette des pierres pour condamner des jets de pierre. On ne sait plus qui honore et n’honore point. Si la France se doit à son tour de si grand déshonneur au respect des Etats amis et partenaires depuis la convocation de Pau, la condamnation des coups d’Etat, les réponses aux populaces de ‘’France dégage’’, le retrait de Barkhane, entre autres. L’erreur de prendre pour province un Etat souverain, par la faute seule de la France, les réactions compulsives menacent l’avenir d’une très longue belle histoire entre le Mali, ses Tougaranké et la France ! Hélas ! Hélas !

Je tiendrais mon discours ! Mon cher peuple !  Mon cher peuple ! Attendez ma 119ème lettre. En attendant, je bois un peu de lait pardon, de l’eau. Benjamin Franklin ne buvait que de l’eau, mangeait des fruits et n’a jamais touché à la viande, pour ne pas avoir à blesser de par ses émotions, un autre Etat et compromettre les intérêts de son pays dans le Sahel, pardon dans le monde. Il était américain. A mardi prochain ! Inch’Allah !

Lettre de Koureichy

Source : Mali Tribune

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