Lettre à grand-père

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Cher grand-père

Que dire d’un pays qui fait tout par formalité et qui continue comme s’il avançait. Oui grand-père ! On peut continuer sans jamais avancer. De 1968 à nos jours, nous n’avons fait que continuer sans jamais avancer. Nous avons continué à avoir des présidents, chef de l’Etat, des Premiers ministres, des départements. Nous avons continué à élire des députés. A avoir une Assemblée. Nous avons continué à recruter des magistrats, à avoir une diplomatie, une armée et une administration. La formalité était bien remplie !

Oui cher grand-père ! Nous avons continué à avoir des écoles, des lycées et des universités. Nous avons continué à avoir des élèves et des étudiants en classe. Nous avons continué à avoir des hommes et des femmes debout à la place de « l’ENSEIGNANT », pour enseigner. Nous avons continué à organiser des concours et à recruter. A remplir les bureaux et les salles. Nous avons continué à faire semblant d’avoir un Etat et une politique. Nous avons fait semblant de payer les travailleurs de l’Etat et les travailleurs aussi ont fait semblant de travailler pour l’Etat.

A l’école, nous avons fait semblant d’enseigner et d’éduquer. Les élèves et étudiants ont fait semblant d’avoir compris et nous les avons fait admis ensuite diplômés. Ils font semblant de connaître et nous fermons les yeux et applaudissons. Chaque année, l’Etat recrute. On fait semblant d’organiser des concours et on recrute selon les sous-couverts. La police, l’armée, la fonction, la justice, les collectivités, la fonction publique, les 70 % sauraient à qui dire « Merci ».

Cher grand-père ! Nous avons fait semblant et aujourd’hui, nous avons un Etat dit démocratique et républicain ou les Pères fondateurs de la Démocratie embrassent les souliers des colonels au pouvoir. Nous avons fait semblant et nous avons une Démocratie qui se limite à organiser des élections et par formalité. Une Démocratie, où les partis au lieu d’idéaliser les principes et conceptions, iconisent des hommes sans principe ni conviction. Au sein des partis, nous avons des militants qui fuient les hommes qui pensent pour des hommes qui  dépensent.

Nous avons fait semblant, la politique est devenue une fonction et le secteur d’emploi le plus fructueux. Au lieu d’apprendre, travailler et se regrouper en parti politique pour venir au secours de son pays, chaque chômeur suit un politique avec son Master 2 en calomnie et insulte pour se faire une ombre au soleil. Être chef d’Etat, ministres et directeurs sont plus des rêves pour fuir la pauvreté, l’insécurité et le besoin que de faire avancer son pays.

Les positions politiques sont définies par rapport aux intérêts personnels. On a fait semblant et c’est ici que nous sommes aujourd’hui, cher grand-père. A mardi pour ma 129e lettre.

Lettre de Koureichy

Source : Mali Tribune

 

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