Cher grand-père, au Mali, je pense qu’on n’en finira guère. Chaque fois que l’on pense tourner toutes les pages, une autre plus brulante s’ouvre. Voici ma 54ème lettre et 54ème fois en même je n’expose que des problèmes. Les ex-rebelles ne laissent pas. Les jihadistes, n’en parlons pas. Pis encore, les politiques non-démocrates et les religieux politiques sont dans la danse. Chaque fois que l’on se dit “Kan chi” “Bonne nuit”, un autre bruit tout affamé retentit et tout recommence. Cher grand-père, je t’avais dit qu’on avait les élections après nous, nous voilà face au 5 juin. Encore une autre date qui fait peur à la démocratie, à toutes les institutions et à l’avenir démocratique de notre cher Mali.
Oui ! Cher grand-père, on veut faire démissionner le président de la République par une pression populaire. Mais on oublie à quoi notre démocratie s’ouvre. A la violence et à la pression de la rue. On n’aura plus besoin d’attendre la fin des mandats, les gens désormais sortiront de nulle part dans les rues et feront partir qui, ils veulent ou maintiendront qui, les attire. Est-ce pour cela nos martyrs sont morts en 1991 ? Pourquoi la démocratie ? Que pour changer le mauvais chef à la fin de son mandat. Pourquoi la démocratie si ce n’est de donner la chance à quelqu’un d’autre à tous les deux mandants. C’est ça la beauté de la démocratie ! Doit-on confier un pays à celui qui ne sait pas attendre 5 ans ou plutôt 3 ans ? Qui se laisserait tomber si la violence peut désormais porter à Koulouba ? Qui ?
Le Mali a-t-il réellement besoin de ça aujourd’hui ? Un autre push. Sans oublier ce que 2012 nous a fait. Les conséquences d’avoir brisé les commandements militaires. Le fameux repli tactique ! Nos FAMa méritent-elles cela ? Une autre chute des institutions. Non, je pense que non. Et il faut savoir que l’ennemi est proche et très proche. Il ne laissera aucune opportunité de faire sombrer le pays par une scission ou la charia des armes.
Malheureusement, ils auront des jeunes pour conduire ces actes antidémocratiques à cause de l’inculture démocratique et institutionnelles. Comme les jihadistes au Centre et Nord et les miliciens, encore des jeunes pour un autre conflit. Cher grand-père, nul doute tous les Etats africains regretteront d’avoir négligé leurs jeunesses. Car elles serviront toujours de proie et de mobile pour les déstabilisations institutionnelles et étatiques. Triste et écœurant que nous soyons destinés à créer des épines sous nos pieds à chaque fois que l’on décide de faire face à des vrais défis. Rien que des prières ! Que Dieu sauve le Mali ! L’ennemi n’est pas loin. A mardi ! Inch’Allah ! Un après-5 juin, tout heureux ! Amine !
Lettre de Koureichy
Source : Mali tribune