“Deminsen tεgε ko ɲuman bε cεkᴐrᴐba ka dεgε nᴐni.”
Proverbe malien
Traduction: le/la jeune peut préparer le dεgε (essentiellement, mélange de farine de mil, lait et sucre) du vieillard.
Équivalent français: La valeur n’attend pas le nombre des années
“Ask not what your country can do for you but ask what you can do for your country.”
John F. Kennedy (JFK), 1961
Traduction: Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi mais demande ce que tu peux faire pour ton pays.
“La jeunesse est l’avenir du pays.” Dicton populaire.
Généralement, pour mettre l’accent sur l’importance de la jeunesse dans l’édification d’un pays, on pense et fait appel à ce dicton populaire susmentioné. Indéniablement, elle y a un rôle capital à jouer, surtout au moment où leurs grands-parents et parents, alourdis par le poids du troisième âge, ne peuvent plus continuer à assurer, entre autres, le pain quotidien de la famille. Mais nous pensons plutôt qu’elle est, en même temps, le présent et l’avenir du pays.
Par exemple, lors des manifestations visant à forcer un changement de régime politique, la jeunesse mêne des actions pour amener ce dernier à écouter la voix du peuple, surtout celle des “sans voix”. Souvent, ce sont ces “sans voix” qui ressentent plus vite le désir, voire la nécessité de changement. Capitalisant leurs longues années d’expériences de tout genre, dont la connaissance des textes officiels en leur qualité d’archives ambulantes, parmi ces “sans voix” se trouvent des personnes âgées, hommes et femmes, qui initient les orientations, donnent des idées, sinon des directives, tout en suivant les voies régulières, celles prévues par les textes officiels, donc, en principe, sans violence.
Ainsi nacquit, par exemple, le 25 octobre 1990, l’Alliance pour la démocracie au Mali (ADEMA) dans la cour du domicile de Mamadou Famady Sissoko, anciennement membre de l’Union soudanaise Rassemvlement démocratique africain (US-RDA), du Comité national de défense de la révolution (CNDR) et ancien Secrétaire Général de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) sous le premier régime du pays (1960-1968), celui de Modibo Kéita, (familièrement, Modibo pour les Maliens/nes et leurs Alliés/es). Faul-il le rappeler, ce régime a été renversé, le 19 novembre 1968 par le premier coup d’État militaire au Mali. Cette alliance regroupait, à sa création, des personalités jeunes et moins jeunes, les dernières ayant participé activement aux luttes de libération du pays et assumé des grands postes gouvernementaux ou syndicaux, des anciens membres de l’US-RDA et ceux d’autres partis. Selon Dr. Mamadou El Béchir Gologo, ancien membre du Bureau National de l’USRDA, ancien membre du CNDR et ancien ministre, l’un de ces moins jeunes, en leur qualité d/archives vivantes, se sont souvenu de l’existence d’une loi ayant échappé à la destruction de l’arsenal juridique du premier régime par les nouveaux tenants du pouvoir. Relative au movement associatif, cette loi, alors non révoquée, autorisait la création d’associations.
Rappelons aussi que, en ce jour fatidique pour l’avenir du Mali, Modibo aurait pu, d’un simple signe de la tête et ce à plus de 200kms du lieu choisi par les putchistes pour l’arrêter, faire avorter cette intrusion militaire dans la vie constitutionelle d’un pays en plein essor vers des firmaments à la fois enviés et décriés au delà de ses frontières. En effet, le Mali d’alors était envié par ceux/celles qui auraient bien voulu faire autant en ce court laps de temps et décrié par ceux/celles mécontents/tes, entre autres, de ses orientations politiques et des réalisations fulgurantes qui en découlaient, nous voudrions dire, quotidienement. Entre autres exemples, rappelons l’émerveilleiment constant, en dehors du pays, de certaines gens à l’atterrisage d’un avion piloté par une équipe entièrement africaine, malienne en l’occurrence,. Nous voulons parler de la prestigieuse, mais maintenant défunte, compagnie aérienne, AIR MALI, dans le contexte des années 1960 avec des dizaines de pays africains jouissant des premières lueur de leur indépendance.
De nos jours, le mot danbe (voir notre Lettre ouverte No.10 au Peuple malien et Alliés/es) est très utilisé dans le parler malien, tout âge confondu. À notre humble avis, cette valeur cardinale malienne a joué un grand rôle dans la décision de Modibo de ne rien faire pour écraser ce coup d’État dans l’oeuf. Au contraire, comme il était l’incarnation du danbe, mieux, le danbe fait homme, celui pour qui le dicton malien“Sa ka fusa malo ye” (Plutôt la mort que la honte) a tout son sens, a aussitôt fait désarmer sa garde rapprochée. En outre, il a décidé de ne changer aucun iota du programme annuel de visites pour se mettre à l’écoute directe du peuple malien dans toutes les régions adminstratives et économiques d’alors, comme si de rien n’était dans le pays. Il a fait cela malgré le conseil de certains membres de son entourage recommandant le changement d’itinéraire, voire prendre la tangente vers la Mauritanie relativement proche de Koulikoro, la ville où se terminait le long voyage fluvial, avant de s’embarquer dans le cortège présidentiel en direction de Bamako. Ainsi s’ébranla ce cortèrge présidentiel, le dernier du Président Modibo Kéita, avant d’être arreté, sans surprise pour lui et tout son cortège, à Kayo, village situé entre Koulikoro et Bamako. Pour lui, chaque situation est gérée avec la plus grande hauteur, la plus haute expression du danbe. Au moment où des militaires commençaient à perpétrer un acte trahissant leur devoir de protéger et de servir les intitutions de la répubilque, même désarmée, la garde pésidentielle a voulu s’interposer. C’est, en ce moment fatidique pour l’avenir du Mali, que Modibo a offert, encore, une belle personification du danbe.malien. Avec un calme qui ne peut que s’apparenter au danbe, il leur a interdit en ces mots: “Pas une goutte de sang pour que je reste au pouvoir.”. Quelle grandeur! Quel danbe! “Comparaison n’est pas raison”, dit-on, surtout entre deux personalités différentes à bien d’égards. Tristement, le peuple malien et alliés/es constatent que le second changement de régime a coûté beaucoup de sang avec, à présent, sans un nombre précis de victimes. Selon Mariam C. Diallo dans un reportage daté du 27 mars au 2 avril 2011 publié dans le n° 1580 du 10 au 16 avril et mis à jour le 28/03/2011 à 16h:09 N°2620 de Jeune Afrique :
des dizaines de morts jonchent les couloirs du service des urgences de l’hôpital Gabriel-Touré. Des soldats y ont même poursuivi des manifestants et achevé des blessés sur leur lit d’hôpital. Le lendemain, samedi 23 mars, la tuerie continue.”
Pour les âmes bien nées, l’on est horrifié par des phrases telles que: “On tiraiit même sur les corbillards roulant vers l’hôpital.” Que dire, alors, quand on tire sur des victimes qui sont non seulement à l’intérieur de l’hopital, mais sur leur lit, [ lit de mort], nous voudrions demander?
(à suivre dans LE RÉPUBLICAIN, prochain numéro)
Dr. Abdoul Diallo
Source : Lerepublicainmali