Un sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est annoncé pour le samedi 4 juin 2022 à Accra(Ghana) sur la situation politique au Mali, en Guinée et au Burkina Faso. Faut-il prêter une oreille attentive aux forts bruits politiques, diplomatiques et médiatiques qui évoquent une possibilité de compromis entre les autorités de la Transition et celles de la Cédéao sur le chronogramme des élections de fin de transition ?
Le dimanche 1er mai, le ministère des Affaires étrangères et de l’intégration régionale de la République du Ghana avait, dans une note verbale fuitée sur les réseaux sociaux, annoncé le report du sommet extraordinaire qui devrait se tenir le samedi 21 mai à Accra et promis de communiquer la nouvelle date à temps voulu. Euh bien, c’est chose faite : le sommet extraordinaire prévu sur la situation politique au Mali, en Guinée et au Burkina Faso se tiendra finalement le 4 juin toujours à Accra.
Si le ministre des Affaires étrangères fondant tous ses espoirs sur Faure Gnassimbé auquel il a demandé « d’user de son expérience et de sa sagesse pour aider à faciliter le dialogue » pense qu’on est plus proche d’un accord avec la CEDEAO qu’on n’en a jamais été, les lignes ont-elles fondamentalement bougé pour que les sanctions soient levées ?
Officiellement, si les autorités de la Transition espèrent sur l’entregent diplomatique de Faure Gnassingbé à convaincre les acteurs régionaux, et plus largement, l’ensemble de la communauté internationale pour sortir le Mali de la situation actuelle, et de renforcer la stabilité de la région, autre que le calendrier de 24 mois, aucune nouvelle proposition n’a été faite à l’organisation sous-régionale, selon des sources.
De son côté, Jean-Claude Khasi Brou, président de la Commission de la CEDEAO estimait, ce lundi 23 mai 2022, sur son compte Twitter que « L’appréciation de la durée des transitions dans les pays de la CEDEAO appartient à la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement. Dans une interview récente, j’ai fait une analyse générale sur la durée des transitions au vu de la longue expérience dans notre région, sans citer de pays.»
On peut donc comprendre que la CEDEAO reste arcboutée sur le calendrier de 12 à 16 mois, recommandé pour la prolongation de la période de transition. Toute chose qui ne présage rien de bon pour le Mali quant à l’issue du sommet extraordinaire du samedi 4 juin à Accra.
Quid de la Guinée et du Burkina Faso ? En Guinée, le Conseil national de la Transition (CNT) avait validé un chronogramme de 36 mois pour la transition contre les 39 mois initialement proposés par le comité national du rassemblement pour le développement (CNRD).
Pour ce qui est du Faso, le porte-parole du gouvernement de la transition burkinabè, Lionel Bilgo, avait déclaré que les Burkinabè avaient déjà tranché sur la question de la durée de la transition qui est de trois ans.
Dans la mouvance de la célébration de la journée de l’unité africaine, les questions se posent. Elles restent sans réponses, au pire des réponses honteuses.
Loin des préoccupations qui ont motivé sa création, la Cedeao réduit son rôle d’intégration des peuples à une vile répression dans l’illégalité des pays qui osent élever la voix. La durée des Transitions (des régimes) est une question de souveraineté. La souveraineté des peuples est-elle à l’encan de la conférence des Chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO ?
La conférence des dirigeants de la CEDEAO ne doit pas empiéter sur la souveraineté des peuples des pays membres.
Surtout quand on sait que cette conférence des chefs d’État en déficit de légitimité et de crédibilité a, plusieurs fois, fait voir des signaux qui montrent que ses décisions sont dictées à ailleurs. Toute chose qui rend, la CEDEAO et ses mesures impopulaires auprès des Peuples. Et si l’on s’en tient à l’affirmation du président de la Commission de la CEDEAO, Jean-Claude Khasi Brou, on devrait se demander si l’adhésion à la CEDEAO, à une organisation régionale, sous régionale, etc., entraîne ipso facto le renoncement à la souveraineté nationale ?
Alors, levée d’embargo, A Be Fali Tlo La!
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin