Libération des otages contre rançons et échange de prisonniers : Polémique autour de celle L’honorable Soumaila Cissé

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L’opposant malien l’honorable Soumaila Cisse après 198 jours de captivité a été libéré par ses ravisseurs. Rappelons que c’est le 25 mars 2020 qu’il a été enlevé vers Koumaira  pour être libéré le jeudi 8 octobre 2020  en compagnie de Sophie Petronin une humanitaire française qui a passé quatre bonnes années entre les mains des djihadistes dans le Sahara.  Dans la foulée,  deux otages italiens retrouvent  le chemin de la liberté, il s’agit de Nicola Chiacchio un touriste qui malgré toutes les mises en garde voulait savourer les merveilles du désert et le père Luigi Maccalli un humanitaire enlevé en 2018.

Du  côté malien la libération de l’ex-chef de file de l’opposition  a été un ouf de soulagement. La preuve, il a été accueilli à l’aéroport par une explosion de joie. Ensuite, il a été reçu en grande pompe par le président de la transition Bah N’daw, le vice-président HachimiGoita  et le Premier ministre MoctarOuane. Seulement voilà cette libération de l’honorable Soumaila Cisse a fait couler beaucoup d’encre et de salive   dans la capitale malienne et les supputations vont bon train autour de cette libération. Sur les réseaux sociaux, certains n’ont pas hésité à mettre en cause la DGSE française dans l’enlèvement du natif de Niefunke pour pouvoir obtenir la libération de la compatriote Sophie Petronin. D’autres aussi ont avancé la thèse d’un montage  dont l’acteur principal ne serait autre que l’honorable Soumaila Cisse, histoire d’être une victime des terroristes pour avoir la compassion des Maliens ce qui lui permettra de se frayer un chemin vers le palais de Koulouba. Pour les plus pragmatiques le « diamant noir  », a été enlevé par les terroristes dans le souci de se refaire une santé financière et d’obtenir la libération des leurs qui croupissent dans les geôles du Mali.   Quoi qu’on dise cet enlèvement était plus bénéfique pour les terroristes à cause de la personnalité du leader politique malien. D’abord, il était le chef de file de l’opposition donc deuxième  personnalité  après le président de la République. Mieux, l’ex-ministre de l’Économie et des Finances a une audience internationale. La preuve dés son enlèvement, plusieurs chefs d’État et autres leaders politiques ont proposé leurs services pour une libération  rapide  de celui qui au-delà de l’étoffe  d’homme politique a travaillé dans des grandes sociétés comme IBM avant d’atterrir à Bamako dans les années 1980 pour servir son pays au sein de la CMDT. Avant de s’intéresser à la politique pour devenir ministre à plusieurs reprises. Il a ensuite servi comme le haut  commissaire de l’UMOA (Union Monétaire Ouest Africain). Le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara    a même fait part de sa disponibilité à mettre la main à la poche pour payer une éventuelle rançon pour la libération de cette matière grise africaine. Face au mécontentement qui a suivi l’enlèvement du fils de BocarCisse, le président IBK décide    de prendre la situation par les cornes. Il désigne Mamadou IssoufouMaiga dit Pinochet   comme médiateur attitré pour la libération du prestigieux otage du Mali. Les négociations débutent bien, mais sont stoppées suite aux manifestations monstres déclenchées par les sicaires du M5 RFP. Elles reprennent rapidement après la mise en place de la transition pour aboutir à cette libération tant attendue qui était alors lointaine et incertaine.   C’est vrai qu’il ya des centaines d’otages entre les mains des terroristes et que tous les Maliens sont égaux, mais il  faut le dire la libération de Soumaila représentait tout un symbole pour la République. Il faut rappeler que son rapt a été une arme utilisée par les détracteurs du régime pour expliquer l’état de déliquescence de l’État du Mali.   Si les Maliens ont trop parlé, la France et l’Italie n’ont pas fait trop de commentaires autour de la libération de leurs ressortissants. Au-delà de la libération   des prisonniers  comme monnaie d’échange, une rançon a bien été payée, mais par qui point d’interrogation. Pour la vie d’un ressortissant, la France est prête à toutes les options comme     le rappelle les prises d’otages précédents.

Et le  Mali est devenu depuis plus d’une dizaine d’années le centre de libération des terroristes kidnappés  dans le Sahel de la Tunisie au Burkina Faso en passant par le Niger. Souvent certaines tentatives  de libération par la force donnent  lieu à des situations dramatiques. C’est fut par exemple le cas de Michel Maurice Germaneau, un ingénieur français, pris en otage le 20 avril 2010 dans le nord  Niger  par une cellule d’Al- Qaida au Maghreb Islamique  dirigée par l’algérien Abdelhamid Abou Zeid qui a été éliminé depuis  par les forces tchadiennes dans le Tigharghar  entre le 22 et le 27 février 2013. Plusieurs versions ont circulé au sujet de la mort tragique de Michel Germaneau dans l’Adrar des Ifoghas, dans le Tigharghar. La version la plus plausible affirme une exécution suite à un raid éclair des forces spéciales Franco- Mauritaniennes.   Une autre tragédie, l’enlèvement le vendredi 7 janvier 2011 dans le restaurant le « Toulousain » en plein cœur de Niamey de deux expatriés français Vincent Delory et Antoine de Léocour. Malheureusement les deux jeunes hommes trouveront  la mort sur le  sol malien lors de l’opération Archange foudroyant. Si c’est ne le cas des ces différentes tentatives isolées de libération,  tous les enlèvements  de compatriotes occidentaux ont été négociés. En la matière le Mali était même devenu champion  par le truchement du président de l’époque Amadou Toumani Toure. Aussi suite à son implication personnelle 14 touristes (9 Allemands, 4 Suisses et un Néerlandais), sont libérés en territoire malien le 18 août 2003. Dans les jours  qui suivent, des médias révèlent le payement  d’une rançon de 4,6 millions d’euros.  Pour la libération de Pierre Camatte , il a fallu que le régime du président Amadou Toumani Toure fasse des concessions en sortant de prison des terroristes patentés. En son temps la Mauritanie et l’Algérie ont vigoureusement protesté. Malgré ce geste de bonne volonté, le président Toure sera accusé de tous les péchés d’Israël  par ses voisins et les chancelleries occidentales. En 2013 pour la libération d’otages occidentaux c’est le même mode opératoire Wadousene est relâché sur insistance de Paris. La vie de  chaque individu vaut son pesant d’or c’est pourquoi l’État du Mali doit s’impliquer pour la libération de tous les otages qui sont entre les mains des terroristes qui écument le vaste Sahara malien.

Badou S. Koba

Source : Le Carréfour

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