La rumeur faisant état de la proclamation officielle des résultats provisoires de la présidentielle du 29 juillet pour hier mercredi 1er août, avec le président-candidat donné vainqueur dès le premier tour, a ravivé la tension au sein du landerneau politique et suscité des craintes dans tous les segments de la société malienne.
Seize des vingt-trois candidats ayant compétit face à IBK se sont retrouvés, en début de soirée au Radisson Blu de Bamako, pour évaluer la situation et adopter une attitude commune. Elle consistera en ” la non acception des résultats affectés ” par de nombreuses “irrégularités “. Lesquelles se rapportent, selon la déclaration qui a sanctionné la rencontre, à “ l’utilisation abusive des moyens de l’Etat par le président de la république sortant, le retrait abusif de cartes d’électeur par des personnes non titulaires et non habilitées ; la corruption et l’achat du vote des électeurs à ciel ouvert ; le bourrage d’urnes et l’attribution de résultats fantaisistes à des candidats ; l’utilisation frauduleuse de cartes d’électeur non retirées… “. Entre autres.
Les signataires réclament par ailleurs, aux fins de rétablir la transparence du scrutin, la publication de tous les résultats bureau de vote par bureau de vote, la publication du nombre de procurations utilisé par bureau de vote, la publication de la liste détaillée des localités et des bureaux de vote où l’élection n’a pu se tenir.
Ils réclament aussi le démenti de la Cour constitutionnelle de graves accusations (elle aurait reçu du président IBK 900 millions de nos francs à partager entre ses neuf éminents sages). Lequel démenti a été fait par elle depuis hier.
Cette vigoureuse réaction concertée des seize candidats amènera-t-elle le pouvoir à réviser le projet qui lui est prêté de faire élire le candidat de ” Ensemble pour le Mali ” dès le premier tour, y compris par la fraude planifiée, pour lui éviter l’humiliation d’une défaite au second tour jugée inéluctable ?
Ce que l’on peut observer, c’est que la proclamation annoncée pour hier n’a pas eu lieu. Elle a été reprogrammée pour ce jeudi avec, cette fois-ci, la forte probabilité d’un second tour, à en croire un homme clé de la galaxie IBK. Qui reste toutefois confiant en la bonne étoile de son mentor. ” L’écart entre le président sortant et son plus proche suivant est très grand. Il y a peu de chance qu’il puisse le rattraper, a fortiori le dépasser “.
Il évoque, sans le nommer, Soumaïla Cissé, le porte-flambeau de ” Ensemble pour restaurer l’espoir “.
Il est vrai que la dispersion des forces politiques et sociales, qui ambitionnaient au départ de désigner un candidat unique pour ” débarrasser le Mali ” de l’homme accusé de l’avoir conduit au ” désastre ” a amoindri ses chances d’envoyer à la retraite politique son rival de toujours.
La création d’une Convention des bâtisseurs se définissant comme n’étant ni de la majorité ni de l’opposition, en plus de n’avoir pu aider au choix d’un candidat unique face à IBK, a engendré une confusion chez l’électorat, rendant plus hypothétique l’avènement “ du changement et de l’alternance “.
En tout état de cause, un second tour recèle la double promesse de rendre au scrutin la crédibilité en passe de lui manquer et de faire l’économie d’une crise post-électorale aux conséquences incalculables. Notamment aux plans sécuritaire et économique.
Par Saouti Haïdara
Source : L’Indépendant