Plusieurs milliers de Maliens ont répondu oui à l’appel du mouvement du juin-rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) hier, mardi 11 août 2020, au monument de l’indépendance. L’occasion pour les contestataires de réitérer leur demande de démission d’IBK.
Prévu pour 14 h, c’est finalement à 16 h 23 que le premier intervenant de ce meeting, Dr Choguel Kokalla Maïga, prendra la parole. Malgré ce retard de deux heures, la détermination était vive de la part des militants de ce mouvement hétéroclite.
Drapé dans son boubou blanc et portant un bonnet noir, Dr Choguel Kokalla Maiga commence par annoncer la libération très prochaine de leurs militants arrêtés.
Le président du Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR) précise par la suite que cette lutte se poursuivra jusqu’à la démission du président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta.« Ce régime sera chassé par le peuple malien. Il sera renvoyé dans les poubelles de l’histoire », a-t-il laissé entendre.
Pour sa part, le professeur d’université, Ibrahim Ikassa Maïga revient sur les mots auxquels le Mali est confronté. Ces maux sont, entre autres, l’insécurité, la mauvaise gouvernance, la crise scolaire, la corruption, l’impunité. Selon lui, la mauvaise gouvernance est la caractéristique principale de ce régime en place. Le cadre de l’URD va loin en ajoutant que les « actes de répression politique et judiciaire, le bricolage institutionnel », constituent les actes que pose le régime en place. Aussi, estime-t-il que c’est une insulte pour le peuple malien de dire que des leaders du M5, engagés pour l’instauration d’un régime démocratique, souhaitent implanter un régime théocratique au Mali.
La question de la libération du chef de file de l’opposition a été également soulevée. « Bientôt, c’est quand ? » C’est cette question que se posent les leaders du mouvement contestataires impatients de voir Soumaila Cissé parmi eux.
Ce rassemblement a été l’occasion pour les manifestants d’inviter les nouveaux ministres de la Justice et de la Sécurité et de la Protection civile à se racheter de « leurs échecs passés » auprès du peuple malien. Aussi, ont il réitéré leur décision de continuer avec la désobéissance civile.
Se confiant à la presse avant le démarrage des activités de ce meeting du M5, Dr Aboubacar Sidiki Fomba, laisse comprendre : « IBK n’est plus aux commandes de l’État, puisque c’est quelqu’un d’autre qui dirige à sa place ». Il poursuivait en faisant comprendre que l’actuel chef d’État n’est aujourd’hui que le délégué de la France auprès du peuple malien. À ses dires, les Maliens se leurrent. Car si IBK reste au pouvoir, la situation ne fera qu’empirer en 2023 et le départ d’IBK risque de devenir un véritable problème, estime-t-il.
Selon Dr Fomba, cette lutte du M5-RFP vise le changement du système de gouvernance installé au Mali depuis des années. Pour atteindre cet objectif, il indique qu’il ne s’agit nullement d’une « course de vitesse », mais d’aller lentement et sûrement. C’est pourquoi il invite tous ceux qui ne sont pas prêts à éviter de se mêler de ladite lutte. Dr Fomba reste convaincu que la décolonisation véritable de l’Afrique commencera par le Mali.
Notons que le mot d’ordre du mouvement a été suivi dans plusieurs régions du Mali ainsi que des Maliens de la diaspora. Le M5-RFP France a marché de la place de la Bastille à la place de la République pour demander la démission d’IBK et son régime.
Très attendu, l’imam Mahmoud Dicko a été on ne peut plus clair dans ses propos : « Il faut restaurer la Nation malienne. Je suis sûr que nous obtenons cette victoire, ce combat est celui du pays. Même si tout le monde part à la maison, Dieu fera ce combat à notre place. Ils ont tué des jeunes jusque dans ma mosquée parce que ceux-ci ont exprimé leur droit. Ils n’ont ni volé ni agressé quelqu’un. IBK et ses soutiens rendront compte de ce qu’ils ont fait. Ce public doit rester uni, il doit être debout et résistant ». L’imam Dicko n’en décolère pas et ajoute : « Ils veulent nous pousser à la faute.N’acceptez jamais cela. Ce combat est patriotique. Le Mali tangue mais ne chavire jamais ». Dicko demande à IBK d’écouter le peuple qui lui demande de démissionner. « Si IBK ne fait pas ce que lui demande le peuple,il partira de lui-même »,a-t-il prévenu.
F. Guindo, F. Togola et M.Diarra
Source : Le Pays