Lutte contre la corruption au Mali, réalité ou duperie? Le RMDH lance le débat

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Le Réseau Média et Droits de l’Homme (RMDH) a lancé, ce samedi 28 décembre, la Commission Bonne Gouvernance pour la Justice sociale (CBGJS). Le lancement de l’organisme a été suivi d’une conférence-débat sur le thème: «Justice et lutte contre la corruption au Mali: réelle volonté politique ou duperie ?»

 «On ne peut pas demander à la justice de faire, ce que l’Etat lui-même ne peut pas faire.» Pour le conférencier, Me Cheick Oumar Konaré, le président de la République, en nommant Malick Coulibaly, ministre de la Justice, a voulu rapprocher la justice du peuple. Cependant, explique le conférencier, l’Etat doit être suffisamment fort pour l’administration d’une justice saine au Mali. Jeune avocat, Me Konaré a raconté au public, comment deux de ses dossiers ont été mis «dans tiroirs» par des Procureurs généraux, pour disent-ils «préserver l’ordre public».

Au Mali, les pesanteurs religieuses sont fortes. Plus fort encore, affirme le conférencier, ce sont, les pesanteurs politiques. Le cas du terroristeMohamed Aly Ag Wadoussène, qui a tué un garde pénitencier, et échangé contre un français, est bien révélateur du poids de la politique sur la justice. Pour une bonne justice, indique Me Konaré, il faut éviter le sensationnel, caractérisé par la chasse aux gros poissons. Aux dires du conférencier, la justice ne sera forte que si les juges sont protégés. «Il n’est pas normal qu’un procureur anti-corruption, qui poursuit les délinquants financiers les plus riches, se retrouve, après son mandat, juge d’instruction à Bafoulabé», s’indigne Me Konaré.

«Il faut une Politique nationale de lutte contre la corruption» | Procureur Kassogué

Egalement invité à la conférence-débat, le Procureur en charge du Pôle Economique et Financier de Bamako, le magistrat Mahamadou Kassogué affirme qu’en ce qui le concerne, les limites à la lutte contre la corruption au Mali sont plutôt structurelles. «Lorsque vous vous montrez perméable aux pressions, elles vous atteignent», assure le procureur.Malheureusement, reconnaît le magistrat, les textes notamment la Constitution du Mali protège des personnalités contre les poursuites judiciaires. C’est le cas des ministres, ordonnateurs des dépenses publiques, qui ne sont poursuivies que devant la Haute cour de justice, c’est-à-dire qu’il faut l’accord de l’Assemblée nationale.

Le Procureur Kassogué acquiesce les propos du conférencier lorsque ce dernier assure que le but final de la lutte contre corruption reste à définir au Mali.Ce qu’il faut, explique-t-il, «c’est une Politique nationale de lutte contre la corruption». Cette politique, précise-t-il, doit être assortie, d’une stratégie nationale. L’adoption de cette politique  permettra de savoir si, par la lutte contre la corruption, l’Etat veut retrouver les sommes détournées ou sanctionner les délinquants financiers.

Une société civile active

Une réelle lutte contre la corruption nécessite des institutions fortes. Cependant, explique Cheick Oumar Konaré, «le peuple doit se réveiller».Les conférenciers sont unanimes: la société civile ne peut et ne doit être en marge de la lutte contre la corruption au Mali. D’ailleurs, c’est ce qui justifie, selon Boukary Dao, président du Réseau Média et Droits de l’Homme, la création de la Commission Bonne Gouvernance pour la Justice sociale. Une entité composée de journalistes qui militent pour une «justice crédible et indépendante».

Aux dires de Boukary Dao, la corruption, l’enrichissement illicite, le népotisme et le clientélisme sont des maux à l’origine de toutes les injustices sociales. «C’est parce que les populations sont victimes d’injustices que le terrorisme s’installe et prospère, avec comme effet, le pillage des ressources», a indiqué le président du RMDH, dans son mot de cadrage de la cérémonie présidée par le représentant du ministre de la Communication.

Mamadou TOGOLA

Source : Maliweb

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