Lutte contre la corruption : Des hommes cagoulés attaquent le président de l’AMLCDF

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Moussa Ousmane Toure
Moussa Ousmane Toure

Les méthodes illégales de la Sécurité d’État sont-ils encore en vigueur ?

Jeudi 29 octobre 2020, vers 17 H, Moussa Ousmane Touré, président actif de l’Association Malienne de Lutte contre la corruption et la Délinquance Financière, a été interpellé, molesté et blessé par des hommes cagoulés et armés à l’ACI 2000 vers le rond-point appelé Bougiba, à Bamako. Il doit subir des séances de radiologie aux niveaux des reins et de l’abdomen pour connaître l’ampleur des séquelles de cette violence en pleine journée.

Voilà des pratiques d’un temps que l’on croyait révolu avec la fin du règne de Ibrahim Boubacar Keïta.

Ce 29 octobre 2020, Moussa Ousmane Touré se rendait au siège de l’OCLEI (L’OFFICE CENTRAL DE LUTTE CONTRE L’ENRICHISSEMENT ILLICITE) toujours dans le cadre de sa croisade contre les déviances, les magouilles dans des administrations civiles et militaires maliennes. Manifestement il était suivi par les brutes épaisses au service, non pas du peuple malien, mais de milliardaires civils et militaires ou ceux qui souhaitent peut-être secrètement leur succéder.

Depuis 2016, Moussa Ousmane Touré et d’autres ont fait de l’AMLCDF une association empêchant certains de détourner en toute quiétude. Il a toujours dénoncé avec vigueur les détournements des salaires des soldats par des doubles comptabilités et leurs primes d’opération ; les magouilles dont sont victimes des membres de la CENI; les indélicatesses diverses et variées dans de nombreux ministères, directions de services de l’État et privés.

De ce fait, il s’est mis à dos des centaines de personnes ayant mis leur dignité en hibernation. Elles détournent à qui mieux mieux et sont engoncées dans l’arrogance, arborant la mine patibulaire du criminel qui veut faire peur.

Dans un pays si brillamment connu pour la médiocrité de certains dirigeants, l’homme dérangeait.

Empêcheur de “détrousser en paix” il fallait le faire payer, il a eu la chance que n’avait pas eu

Bourema Touré du journal “Le Sphinx”, assassiné dans le cadre de son travail de journaliste.

Et nous étions en droit de penser que l’assassinat de Bourema Touré sonnerait le glas de certaines pratiques. Mais voilà, on se réveille assommé par cette nouvelle tentative d’intimidation ou de meurtre. Il ne nous appartient pas de pointer à priori la responsabilité de la S.E. même si la méthode cavalière lui ressemble en raison de son passé sulfureux et sinistre.

Depuis 1968 certaines personnalités maliennes, enivrées par leur pouvoir du moment, se sont comportées en démiurges. Seuls leur en imposent les maîtres du monde. Surtout pas le peuple.

Quel est ce pays où on apporte l’absolution aux croquemorts du pays tout en pourchassant ses fils qui promeuvent la probité ?

Suivez mon regard!!!

Les données sont simples: soit la CNSP est complice de ce qui vient d’arriver à Moussa Ousmane Touré parce que certains de ses membres se préparent à emboîter le pas au régime défunt dans ses abjections ; soit des individus imitent les habitudes illicites de la sécurité d’État avec le dessein de lui porter le chapeau.

Dans l’un ou l’autre cas, la balle est dans le camp des nouveaux maîtres du Mali qui pourraient se tirer une balle dans les pattes par naïveté puérile ou par volonté de ne pas être en reste dans dépeçage du pays. Oui, la volonté de d’obtenir des parts dans cette curée est si profondément ancrée dans certains esprits que ne pas s’enrichir, alors qu’on a atteint des positions sociales, politiques ou économiques, relève de la pure malédiction.

Dans ce jeu macabre, tout le monde perd et dans les perdants certains ont si amassés qu’ils en deviennent des nababs sous d’autres cieux, tel notre nouveau “gentleman de Cocody”, Karim Keïta qui coule et roucoule des jours heureux à Abidjan.

Cette situation, ces violences, cette tentative d’enlèvement rappellent dangereusement le sort fait à Norbert Zongo par Blaise Compaoré, devenu ivoirien par magie et son frère François “protégé” en France qui rechigne à le livrer à la justice de son pays pour multiples assassinats.

Moussa, continue ton combat parce qu’il est juste, mais évite les chausse-trappes et les faux amis.

Finalement, à quand les trompettes de Jéricho pour tout ce miasme politique ?

Le Mali ne sera jamais pour les ordures intérieures et extérieures qui en sont les forces centrifuges.

Yamadou Traoré

Analyste politique

Source : L’aube

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