La lutte contre la corruption et la délinquance financière est plus qu’une passion pour le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux. Il est déterminé à rendre gorge à tout suspect dont le dossier est transmis à la justice, dans l’équité et sans acharnement, comme souhaité par le président de la République.
Quelques mois après sa nomination et surtout après avoir lancé sa croisade contre la corruption et la délinquance financière avec l’arrestation de gros poissons, Me Malick Coulibaly avait expliqué aux procureurs de Bamako et des régions du pays, ce qui semble être son carnet de bord.
Le Garde des Sceaux avait fait sa profession de foi, le 3 septembre 2019, devant un parterre de magistrats, à l’occasion de l’ouverture de la conférence des chefs de parquets sur le thème : “le ministère public face au défi du délitement et de l’effondrement de l’autorité publique : perspectives et responsabilités”. Du haut de cette tribune et en présence d’un aréopage de personnalités invitées dont le représentant de l’USAID (qui a financé la conférence), le ministre avait fait le constat suivant : “Les manifestations de l’absence ou de la faiblesse de l’autorité de l’Etat sont quotidiennes ; ainsi, les scènes de lynchage ou d’expéditions punitives pour se rendre justice sont de plus en plus courantes aux côtés de l’incivisme des usagers dans le cadre de la circulation routière, des scandales relayés et distillés de corruption et d’atteintes aux biens publics, des braquages, trafics illicites, attaques terroristes et autres formes de la criminalité organisée…”. Par ailleurs, il avait indiqué que le climat d’injustice, de violation des droits de l’Homme, de conflits et d’affrontements dont nous semblons nous accommoder vont nous mener insidieusement vers un échec collectif dont nul ne peut aujourd’hui présager l’ampleur.
Pour appeler à la conscience des magistrats contre la corruption, et de tous les dangers de déliquescence de l’Etat, le ministre de la Justice a déclaré en face de tous les parquetiers du pays : “ […]. “Affamer les affameurs du peuple en agissant avec promptitude, diligence, rigueur et objectivité face à toute dénonciation de corruption, d’atteinte aux biens publics. […]. Traiter avec diligence, courage, sens élevé du devoir et en priorité les dossiers de massacres de populations qui ont marqué à jamais l’histoire de notre pays, les crimes d’Ogossagou, de Sobanda, de Yero… doivent être rapidement élucidés et les auteurs punis ; mettre hors d’état de nuire et à tout prix, les auteurs de crimes commis avec violence ; assurer proprement la direction de la police judiciaire dans le sens du respect des droits de l’Homme ; user des procédures rapides pour juguler l’engorgement des prisons par des détenus en attente de jugement. […] Notre pays a besoin de signaux visibles et immédiats”.
Pour la veuve et l’orphelin
Même s’il a le triomphe modeste, Me Malick Coulibaly apparaît aujourd’hui comme le Garde des Sceaux qui est en train de redorer le blason de la justice malienne, contre vents et marrées. Depuis sa nomination au gouvernement du Dr. Boubou Cissé en qualité de ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, il n’a jamais donné de répit à sa vocation d’aller en croisade contre les fossoyeurs de l’économie nationale et faire respecter l’autorité de l’Etat. Le jeune ministre, ancien magistrat, qui s’est défait de sa toge pour sa conviction à cheval sur les principes fondamentaux des droits de la personne humaine, avait marqué un temps son passage dans la société civile. Il avait pendant quelques années, présidé aux destinées de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) où il s’est fait entendre sur tous les fronts de violation des droits humains que ce soit au centre, par les présumés terroristes ou même par l’armée nationale.
Me Malick Coulibaly a été mis en mission par le premier magistrat du pays, Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), qui lui a donné carte blanche avec comme seul garde-fou ou conseil “l’équité, une justice non sélective et sans acharnement”. Ce viatique, même s’il relève d’une décision politique de haut niveau, a été aussi suscité par des pays partenaires traditionnels et contributeurs à l’aide au développement.
A l’arrestation de Bakary Togola, président de la Confédération des Sociétés coopératives de coton (C-SCPC) et de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (Apcam), que des bailleurs de fonds se sont plaints auprès du premier magistrat du pays et du ministre de la Justice contre la lenteur avec laquelle bougent les dossiers anti-corruption. Ils ont menacé de couper définitivement les vivres à notre pays si une poignée de personnes continuent à dilapider les maigres ressources qu’ils nous donnent avec les impôts de leurs concitoyens, dans l’impunité parfaite.
Depuis lors, la lutte engagée suit son cours. IBK dit partout qu’il ne va jamais entraver le cours de la justice, il est plus que jamais déterminé. Son ministre de la Justice est de son côté requinqué.
Ceux qui pensent que la machine s’est grippée, doivent se détromper. Les dossiers en souffrance vont être rouverts. Me Malick Coulibaly, invité le vendredi dernier sur le plateau de l’ORTM, l’a confirmé de vive voix. “Nous allons bientôt informer l’opinion publique sur le dossier des avions cloués car le dossier évolue”. Il a ajouté que la justice a rouvert le dossier de l’avion présidentiel, celui des équipements militaires qui avait été classé sans suite. Seul répit, Malick Coulibaly a fait savoir que le procès du général Amadou Haya Sanogo et co-accusés a été reporté par le parquet pour permettre au ministre de la Défense et des Anciens combattant, le général Ibrahima Dahirou Dembélé (partie prenante du procès, qui avait déposé sa lettre de démission en vue de se présenter à l’audience du 13 janvier 2020) de continuer sa mission de rebâtir l’armée, cela pour des raisons d’intérêt et de sécurité nationale.
“La lutte contre la corruption n’est pas un feu de paille, ce n’est pas du spectacle”, a affirmé Me Coulibaly sur le plateau de l’ORTM. Selon lui, ils travaillent dans la durée, avec objectivité, avec rigueur se conformant aux instructions clairement reçues du président de la République IBK et de son Premier ministre Boubou Cissé.
“Au regard de l’état de déliquescence de notre Etat, au regard du mauvais rôle joué par la délinquance financière, dans cet état de déliquescence, ne pas combattre énergiquement la corruption de nos jours n’est pas de l’irresponsabilité, mais c’est de l’ignominie (celui qui a perdu tout honneur après avoir commis une action infamante). Il faut donc, en tant que gouvernement responsable, engager de façon responsable, de façon déterminée, cette lutte implacable contre la corruption, qui n’est engagée contre personne, ni au profit de personne [….], faire en sorte que dans notre pays, on puisse avoir un autre regard sur la justice…”.
Abdrahamane Dicko
Source : Maliweb.net