La lutte contre la corruption a prit sa vitesse de croisière avec l’arrivée du ministre de la Justice Malick Coulibaly. Plusieurs personnes sont en détention provisoire en attendant leur jugement. Parmi eux, plusieurs maires. Sans être les seuls qui « bradent » les ressources de l’Etat, des collectivités, les maires sont plus que jamais dans le viseur des enquêteurs du Pole économique.
Au delà de ce qu’on pourrait reprocher aux maires, nous pensons qu’il serait séant d’approfondir la réflexion sur les faiblesses de la décentralisation qui pourraient être les raisons des erreurs commises par les maires.
Mais avant plusieurs interrogations s’imposent. La gestion des Communes a-t-elle un impact réel sur l’économie nationale ? Où alors, les maires sont-t-ils les maillons faibles sur qui il faut s’abattre pour montrer à l’opinion internationale que la machine judiciaire est plus que jamais huilée pour traquer les corrompus ? Dans tous les cas, la cible parait très mal choisie, si l’on sait que le cycle de la décentralisation n’est pas encore à son terme dans notre pays. Les moyens aussi bien qu’humains que matériels ne sont pas entièrement transférés. Dans certains cas pour les Communes rurales, le service d’appui se trouve jusqu’au niveau régional. Or, souvent, on accuse les maires d’avoir procédé à des irrégularités administratives. Sanctionner au stade actuel les maires par rapport à des fautes de procédures sur des domaines comme l’éducation, la santé, ou l’hydraulique…serait méconnaître les réalités de la décentralisation.
C’est là ou devrait intervenir le ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, non moins président de l’association des municipalités du Mali pour édifier les autorités judiciaires sur ces inéquations.
Violation de la procédure
Parmi les maires détenus, certains ont fait la preuve de leur efficacité en matière de développement même s’ils ont été butés parfois à des rigueurs administratives. A partir de là, les interventions devraient plutôt se focaliser sur les cas de détournements avérés. Et même s’ils ne bénéficient pas de l’immunité comme c’est le cas pour les députés ou les ministres, le Code de procédures pénales souligne qu’après après les enquêtes préliminaires et avant la mise sous mandat de dépôt, la Cour Suprême doit au préalable designer une juridiction. Tel n’a pas été le cas des maires incarcérés à la Maison centrale d’Arrêt de Bamako, qui pour certains ont été gardé à vue à la Brigade du Pôle économique et financier avant d’être remis au Procureur de la République pour leur inculpation et confiés à un juge d’instruction, en « violation » des procédures en la matière.
On s’interroge aujourd’hui s’il ne faut pas arrêter avec la décentralisation, si les maires sont tout le temps incarcérés comme des vulgaires voleurs et souvent pour quel motif ?
Je pense que si le Pôle économique orientait ses viseurs vers les services pourvoyeurs de recettes de l’Etat comme la Douane, les impôts, les Domaines de l’Etat, la lutte contre la corruption allait avoir plus d’impact et le pays allait mieux gagner.
Outre les arrestations des maires par la justice, il serait bien qu’on cherche à savoir si elle ne fait pas suite à des cabales ou querelles politiques. Je pense que c’est là également que toute la lumière doit être faite. A l’allure où certains maires ont été cueillis, il me semble opportun que le ministre de la Justice dont je ne doute point de son intégrité, doit songer à mettre en place une inspection pour enquêter sur certains enquêteurs du Pôle économique.
Mamadou Diarra
Source : Arc en ciel