Lutte contre la corruption : Les pressions pour faire libérer Adama Sangaré ne vont-elles pas le desservir ?

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En élevant trop la voix pour plaider en faveur de la libération du maire Adama Sangaré, les soutiens de l’édile courent le risque d’heurter les susceptibilités judiciaires… En défaveur alors de l’inculpé, qui bénéficie de la présomption d’innocence.

L’Inter-collectivités « Grand Bamako » vient d’annoncer une grève à compter de ce lundi pour mettre la pression afin d’obtenir la libération du maire du district, Adama Sangaré et d’autres responsables municipaux. En montant au créneau de cette façon, ces soutiens des maires ne risquent-ils pas de polariser l’opinion contre ces « détenus » particuliers, simplement inculpés, non encore condamnés ? La question mérite d’être posée dans la mesure où, à priori, la lutte contre la corruption et la croisade contre la délinquance financière étaient plus majoritairement vues d’un bon œil surtout à Bamako. En ce sens, tout ce qui apparaîtrait comme un lobbying pour entraver la manifestation de la vérité dans les différentes affaires concernées pourrait être voué aux gémonies.

En effet, lorsque le syndicat mixte de l’inter-collectivité « Grand Bamako » se montre très remonté contre la détention du maire du district, Adama Sangaré ; il est dans son droit. Mais quand il exige la libération de l’édile et annonce une grève à compter de ce lundi pour une semaine, cela glisse, analyse un observateur, vers une certaine « tentative de manipulation d’une procédure judiciaire ».

Les élus communaux membres de ce regroupement ont animé un point de presse le vendredi dernier au Musée national. Occasion pour la vice-présidente, Mme Karembé Rokia Diarra, de souligner que « la privation de la liberté de mouvement imposée au maire central de Bamako et à d’autres édiles comme celui de Baguinéda, de Mountougoula et deux élus de la commune I, présente plus d’inconvénients que d’avantages ».

Elle se référait aux importants projets de développement qui sont à l’arrêt du fait de ces incarcérations. Par exemple le projet de transport collectif par bus, « Boniaba » de la ville de Bamako. Pour donc protester contre « ces détentions préjudiciables aux populations concernées », ces collectivités territoriales seront en arrêt de travail avec un service minimum : pas de signatures d’actes administratifs municipaux. Et Mme Karembé de préciser que d’autres actions seront menées si leur demande n’est pas satisfaite. La démarche est compréhensible parce que preuve d’une solidarité à l’endroit du président de ce syndicat qu’est Adama Sangaré. Surtout que le maire central de Bamako, eu égard à sa notoriété, pouvait bénéficier d’une liberté provisoire ou être placé simplement sous contrôle judiciaire. Ce qui pourrait laisser libre cours aux investigations pour le confondre ou le disculper, le cas échéant. Mais le Procureur du Pôle économique a préféré « appliquer la loi dans toute sa rigueur ». Ce qui choque les soutiens de celui qui administre Bamako et sa périphérie depuis une dizaine d’années.

En revanche, le système judiciaire est par nature hostile à tout ce qui peut avoir l’air d’une agitation ou des pressions pour lui indiquer une attitude ou des décisions à prendre. Les magistrats instructeurs pourraient voir en la chose un geste de défiance et adopter un instinct de survie et de sauvegarde de… ses intérêts répressifs. Si cela s’avérait, alors les manifestations et autres sorties publiques demandant la libération d’Adama Sangaré pourraient produire donc l’effet contraire.

En outre, observer une grève pour cette exigence de liberté de l’édile pourrait sembler excessif aux yeux d’une certaine opinion d’administrés. Le principe de la continuité du service public serait sacrifié par cet arrêt de travail. Ce qui ne doit pas être apprécié par les citoyens ayant besoin de tel ou tels documents municipaux.

L’on se demande, par ailleurs, si exiger la libération d’Adama Sangaré n’équivaut à l’élargissement automatique de ses présumés complices. Quid des autres détenus, dont l’ex-patron de l’APCAM, Bakary Togola ? Ne sera-ci pas alors une demande connexe difficile aux yeux du Procureur et ses collaborateurs.

Signalons qu’on notait au point de presse susmentionné plusieurs maires dont celui de Dialakorodji, Oumar Guindo et des cadres des conseils communaux  de la zone « Grand Bamako » (Bamako, sa périphérie, le Mandé, Kati, une partie de Koulikoro, etc).

Boubou SIDIBE

Source : Maliweb

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